Crise dans le Secteur Forestier en RCA : Entre Fin de Contrat de la SGS et Menace d’Embargo de la CITES

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Le mois de Juin 2025 sonne comme un ultimatum pour la filière forestière. Entre le départ annoncé de la SGS et les menaces d’embargo international, l’industrie du bois tremble.
Dans les bureaux de la société Timberland, l’atmosphère est lourde. Augustin Agou, directeur général adjoint, ne cache pas son inquiétude : « C’est très, très inquiétant pour nous. » Cette phrase résume l’état d’esprit de toute une filière qui voit son avenir se jouer en quelques semaines.
Le secteur forestier centrafricain, deuxième employeur du pays après l’État, traverse l’une de ses crises les plus sérieuses. Deux épées de Damoclès pendent au-dessus de cette industrie qui fait vivre des milliers de familles : le départ imminent de la Société Générale de Surveillance et la menace d’un embargo de trois ans brandié par la CITES.
Quand le contrôleur quitte le navire
La SGS, cette multinationale suisse fondée en 1878, a décidé de mettre fin à sa mission en République centrafricaine. Son rôle ? Sécuriser les recettes d’exportation forestière et délivrer les documents indispensables au commerce international. Sans ces précieux papiers, impossible d’expédier une seule grume vers l’étranger.
Cette entreprise genevoise spécialisée dans l’inspection et la certification était devenue l’œil vigilant du gouvernement centrafricain sur ses exportations de bois. Son départ, prévu pour la fin de ce mois, laisse un vide béant dans le dispositif de contrôle.
Les conséquences se dessinent déjà. Les sociétés forestières risquent de se retrouver dans l’impossibilité d’exporter leurs produits. Les containers s’accumuleront dans les ports, les contrats internationaux ne pourront être honorés, les revenus s’évaporeront.
L’emploi en première ligne
Derrière ces enjeux techniques se cache une réalité humaine. Quand SGS avait pris ses fonctions, elle avait embauché une partie des techniciens de BIVAC, son prédécesseur. D’autres avaient perdu leur emploi dans la transition. Aujourd’hui, l’histoire risque de se répéter.
Le secteur forestier emploie directement et indirectement des milliers de Centrafricains. Bûcherons, transporteurs, agents de contrôle, personnel administratif : toute une chaîne humaine dépend de cette industrie. La paralysie annoncée menace ces emplois déjà fragiles.
La course contre la montre
Face à l’urgence, le colonel Alfred Sepamio, directeur des forêts, tente de rassurer. Son ministère organise réunion sur réunion pour préparer la transition. Les termes de référence sont revus, les leçons des expériences passées analysées, les faiblesses des anciens contrats identifiées.
Cette agitation administrative masque mal l’improvisation. Pourquoi avoir attendu la dernière minute pour anticiper ce départ ? Les acteurs du secteur dénoncent un manque de transparence dans le processus de sélection du futur prestataire. Les critiques fusent sur la gestion de ce dossier sensible.
L’épée de Damoclès internationale
Comme si cette crise ne suffisait pas, une autre menace surgit de Genève. Le secrétaire général de la CITES, cette convention internationale qui régule le commerce des espèces menacées, a adressé une note glaciale au gouvernement centrafricain.
Le message est clair : normalisez votre exploitation forestière ou subissez un embargo de trois ans. Cette ultimatum révèle des pratiques irrégulières et une gouvernance défaillante qui ternissent l’image du bois centrafricain sur les marchés internationaux.
La diplomatie du rattrapage
Le ministre des Eaux et Forêts, Gervais Mbata, multiplie les initiatives pour éviter la catastrophe. David Wangando, point focal de la CITES en République centrafricaine, évoque les efforts récents du gouvernement. Les contributions en retard depuis 2011 ont enfin été réglées, rouvrant le dialogue avec l’organisation internationale.
Ces paiements tardifs en disent long sur la gestion chaotique du secteur. Quatorze ans de retard dans les cotisations obligatoires révèlent un laisser-aller qui coûte aujourd’hui très cher. La CITES a partagé ses griefs, les autorités analysent les documents, préparent leurs réponses. Mais le temps presse.
Un secteur à la dérive
Cette double crise révèle les maux profonds d’un secteur stratégique livré à l’improvisation. La mauvaise gouvernance, dénoncée depuis des années, rattrape enfin les responsables. Les dysfonctionnements s’accumulent, les solutions se font attendre.
L’industrie forestière centrafricaine se trouve aujourd’hui à un carrefour. Elle peut sombrer dans le chaos si les autorités échouent à gérer cette transition délicate. Ou renaître de ses cendres si cette crise devient l’occasion d’une véritable réforme….
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