Coups d’État en RCA : Comment les putschs ont détruit les rêves de développement du pays

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Coups d’État en RCA : Comment les putschs ont systématiquement détruit les rêves de développement

 

L’ancien ministre Élie Ouéifio, assis, portant un costume bleu, appuyé sur sa main, en train de réfléchir lors d’une conférence. elie-ouefio Corruption et Désordre : La Descente aux Enfers de l’Armée Centrafricaine”
L’ancien ministre Élie Ouéfio

 

Une spirale infernale qui a transformé la “Suisse d’Afrique” en État fragile

 

Bangui, CNC. Dans son analyse lucide “La RCA doit-elle toujours dépendre des autres ?” (août 2024), Élie OUEIFIO démontre comment chaque Coups d’État en RCA  a non seulement interrompu brutalement les dynamiques de développement mais a également détruit les acquis des régimes précédents, entraînant le pays dans une spirale régressive dont il peine encore à sortir.

 

Un premier coup fatal : la chute de Dacko en 1966

 

À la veille du putsch du 31 décembre 1965, la Centrafrique affichait un semblant de stabilité institutionnelle. Mais les tensions internes, le refus de l’Assemblée nationale d’augmenter le budget militaire et l’incapacité du président David Dacko à tenir tête aux ambitions grandissantes de son chef d’état-major, Jean-Bedel Bokassa, ont abouti à un coup d’État qui a marqué le début d’une militarisation de la vie politique.

 

L’installation de Bokassa au pouvoir a entraîné une centralisation autoritaire, puis une dérive monarchique coûteuse. Si certaines infrastructures ont été modernisées, la mauvaise gestion et la répression ont isolé le pays jusqu’à l’intervention française de 1979.

 

L’opération Barracuda : quand la France renverse son propre allié

 

Le renversement de Bokassa en 1979, sous prétexte de restaurer la démocratie, n’a été qu’un nouvel épisode de manipulation politique. Jean-Bedel Bokassa, qui bénéficiait du soutien de la France pendant une décennie, est brutalement destitué par l’intervention militaire de l’ancienne puissance coloniale. David Dacko, ramené au pouvoir, se retrouve rapidement dépassé, conduisant à un nouveau coup d’État en 1981 orchestré par André Kolingba.

 

Le pays plonge alors dans un cycle de gouvernements militaires, chacun consolidant son pouvoir à travers un clientélisme exacerbé et une répression accrue. Pendant ce temps, les investisseurs étrangers désertent, les infrastructures se détériorent et les institutions sont affaiblies.

 

De 1981 à 2003 : une instabilité chronique

 

Entre 1981 et 2003, la Centrafrique enregistre une multiplication de putschs et de tentatives de coups d’État, chaque régime échouant à instaurer une stabilité durable. Kolingba, puis Patassé, tentent d’asseoir leur autorité sur un État déjà délité. L’absence de politiques économiques cohérentes, combinée à des crises internes et à la défiance croissante des bailleurs de fonds, mène à l’effondrement du tissu économique.

 

L’économie centrafricaine, autrefois en expansion grâce aux ressources naturelles et à une industrie naissante, sombre dans une dépendance aux aides internationales. Les élites politiques privilégient leur maintien au pouvoir au détriment des réformes structurelles.

 

2003 : L’illusion du changement avec François Bozizé

 

Le coup d’État de François Bozizé en 2003, salué comme une alternative prometteuse après la chute de Patassé, suit le même schéma que ses prédécesseurs. Les promesses de réformes et de reconstruction se heurtent rapidement aux réalités du pouvoir : corruption endémique, manque de vision économique, tensions ethniques et conflits avec les groupes armés.

 

Les soutiens internationaux, initialement optimistes, finissent par se détourner face à l’échec du régime à restaurer l’ordre et à relancer l’économie. En l’absence d’une gouvernance efficace, l’État perd le contrôle sur des pans entiers du territoire.

 

2013 : La Séléka et l’effondrement total de l’État

 

Avec la chute de Bozizé et l’arrivée de la Séléka en 2013, la RCA entre dans une nouvelle ère de chaos. Ce coup d’État, marqué par des violences généralisées et des exactions, plonge le pays dans un cycle infernal d’anarchie et de guerres intercommunautaires.

 

Le retrait progressif des forces de l’ordre, la fragmentation du pays entre milices rivales et l’intervention internationale n’empêchent pas la dégradation continue des conditions de vie. La RCA devient un État totalement dépendant des acteurs extérieurs, avec une souveraineté limitée et une économie à l’agonie.

 

Les conséquences économiques et sociales des coups d’État

 

Les effets destructeurs des coups d’État sur le développement de la RCA sont multiples :

  • Interruption systématique des projets de développement Chaque putsch entraîne l’arrêt brutal des réformes engagées, bloquant la mise en place d’une politique économique cohérente.
  • Fuite des capitaux et des investisseurs L’incertitude politique empêche tout investissement à long terme, privant le pays des financements nécessaires à sa croissance.
  • Dégradation des infrastructures

Routes, écoles, hôpitaux et usines sont laissés à l’abandon ou détruits lors des conflits, retardant tout effort de reconstruction.

  • Affaiblissement des institutions et désorganisation de l’administration Les fonctionnaires démotivés, les services publics dysfonctionnels et la corruption généralisée empêchent toute stabilité administrative.

 

La RCA peut-elle briser ce cycle ?

 

Sortir de cette spirale infernale nécessiterait un engagement ferme des élites politiques et de la société civile en faveur d’une alternance pacifique. Les solutions résident dans :

  • Le respect des institutions démocratiques Seule une stabilité institutionnelle peut garantir un environnement propice aux investissements et aux réformes.
  • Un consensus national sur la nécessité de la paix Une réconciliation véritable entre les différentes composantes politiques et ethniques du pays est indispensable.
  • Un engagement des forces de sécurité pour la protection des institutions L’armée et les forces de l’ordre doivent être réformées pour jouer un rôle neutre et protecteur de la Constitution.

 

Si la RCA ne parvient pas à rompre avec la tradition des coups d’État, elle restera enfermée dans un cercle vicieux où chaque putsch anéantira les espoirs de développement et repoussera l’émergence du pays à une date toujours plus lointaine.

 

 

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