Bangui ( République centrafricaine ) – Le 2 avril dernier, l’Assemblée générale de l’ONU a approuvé par consensus une résolution appelant à la « coopération internationale » et « au multilatéralisme » pour combattre la pandémie de Covid-19.
Cette résolution met en avant « la nécessité de respecter pleinement les droits humains » et dénonce « toute forme de discrimination, de racisme et de xénophobie dans la réponse à la pandémie ». Le texte, intitulé « Solidarité mondiale pour lutter contre la maladie de coronavirus 2019 », insiste sur le rôle central de l’ONU dans la crise sanitaire et économique qui est devenue mondiale. C’est avec une grande préoccupation que l’Assemblée générale reconnait « la menace pour la santé, la sécurité et le bien-être des êtres humains » provoquée par le coronavirus et se dit consciente « des effets sans précédent de la pandémie ». Elle ajoute que « les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus durement touchés ». L’Assemblée générale estime en effet que la lutte contre le Covid-19 « nécessite une réponse mondiale fondée sur l’unité, la solidarité et une coopération multilatérale renouvelée ».
Le texte insiste aussi sur le rôle du secrétaire général de l’ONU, approuvant ainsi ses appels répétés pour travailler avec tous les acteurs concernés afin de mobiliser une réponse mondiale coordonnée à la pandémie et à ses effets collatéraux. António Guterres appelle les autorités nationales à travailler avec l’ONU sur le terrain.
Initiée par six pays (la Suisse, l’Indonésie, Singapour, la Norvège, le Liechtenstein et le Ghana), cette résolution a été parrainée par 188 Etats sur les 193 que comptent les Nations unies. Cinq (5) pays ne l’ont pas voté : la Russie, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua et la République Centrafricaine. Ces pays ont, quant à eux, coparrainé une proposition de Moscou qui se voulait concurrente de la résolution adoptée. La principale différence porte sur une demande de levée générale des sanctions internationales. L’adoption de cette demande a été bloquée par l’Union européenne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Ukraine compte tenu du fait qu’elle accentuerait l’instabilité sécuritaire mondiale.
L’absence du vote de Moscou à la résolution commune traduit un amalgame entre, d’un côté, le besoin de solidarité contre la pandémie et, de l’autre côté, des questions diplomatiques partisanes. En adoptant la même position, la diplomatie centrafricaine tend à montrer qu’elle s’aligne de plus en plus sur celle de la Russie. A l’été 2019 déjà, la Centrafrique a révoqué sa reconnaissance de la République autoproclamée du Kosovo, ce qui correspond à un cheval de bataille de la Russie sur la scène internationale.
Dès lors, les Centrafricains sont en droit de s’interroger sur le prix de l’aide que fournit la Russie au pays : en plus des concessions minières, la Russie exigerait-elle de la Centrafrique de s’engager à ses côtés sur le plan diplomatique ?
En tout cas, à l’heure de cette crise sanitaire et économique mondiale, les diplomaties partisanes doivent être mises de côté. Centrafricains, faisons bloc derrière une réponse concertée et coordonnée qui seule donnera priorité à une entraide internationale solidaire. Les plus durement touchés risquent d’être une fois de plus les plus pauvres et les plus vulnérables, alors veillons à les préserver autant que possible par l’unité et l’entraide.
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