Centrafrique : Cour Pénale Spéciale : Les choses sérieuses commencent, la vérité bientôt
Bangui, le 03 juillet 17
Par : Herman THEMONA CNC,
Vendredi, 30 juin 2017, Faustin Archange Touadera a présidé au Tribunal de Grande instance de Bangui, la cérémonie de prestation de serment des magistrats de la Cour Pénale Spéciale de Bangui. Une journée mémorable pour tous les centrafricains avides de justice et qui réclament la cessation de l’impunité institutionnalisée.
Le gouvernement centrafricain dirigé par Simplice Mathieu Sarandji franchit une étape importante dans la mise en œuvre de la politique de l’impunité zéro prônée par Son Excellence, le Professeur Faustin Archange Touadera. Six magistrats dont un congolais ont prêté serment pour juger les crimes de guerre commis en RCA depuis des décennies.
Le forum de Bangui qui a réuni tous les antagonistes de la crise centrafricaine et la communauté internationale avait abouti à des recommandations fortes dont l’une réclamait la mise en place d’une cour de justice qui puisse investiguer et traduire en justice tous ceux-là qui ont conspiré pour mettre à feu et à sang le pays.
Cette recommandation parmi tant d’autres, trouve sa justification aujourd’hui car, malgré les multiples accords de paix et de cessation des hostilités, les choses vont de pire en pire au point que le Centrafricain lambda s’interroge pour savoir où sont passés les accords de Libreville, de Brazzaville, de Bangui (forum) et récemment de Rome (Sant’Egédio). Pourquoi ces violences inouïes à Alindao, Bangassou, Bria, Zangba, Mobaye pour ne citer que celles-ci qui ont entrainé des pertes énormes et irrécupérables en termes de vie humaine, incendies de maisons, destructions de biens tant publics que privés et d’autres séquelles tels que le déplacement massifs de populations qui dorment à la merci de la nature ?
Juste ce bref rappel pour dire que le démarrage des activités de la Cour Pénale Spéciale en Centrafrique est la meilleure chose tant attendue par le peuple centrafricain. Bien en entendu, et compte tenu de l’expérience centrafricaine qui a démontré que le pays est en mesure de juger ses criminels sans avoir besoin de main tendue, le cas Bokassa l’illustre à merveille. Mais mondialisation oblige. C’est pourquoi, la communauté internationale s’accapare de ce que des centrafricains pourraient bien résoudre.
Ce qui fait foi, et à la fois, la faiblesse du pays, c’est qu’il est dépossédé de ses forces : pas d’armée nationale à cause de cet imbroglio d’embargo que personne ne peut justifier véritablement si ce n’est que les Nations Unies qui, au nom de quoi, installent un peu des énergumènes de casques bleus qui excellent dans leur insuffisance notoire à défendre la population civile sans défense et qu’ils étaient censés défendre.
De toutes les manières, le mal est introduit dans le pays fort longtemps. Même les Nations-Unies le savent. Elles ont sorti un rapport d’enquête pour orienter les travaux du juge d’instruction de la CPS. C’est vrai que des vérités ont été révélées dans ce rapport, mais aux 30% de ce véritable cauchemar centrafricain, d’où nécessité que les juges de l’instruction fassent à nouveau un travail fouillé de fond.
Le peuple se réjouit qu’au tour du Procureur général, Toussaint MUNTAZINI, on notera la présence de 5 magistrats centrafricains il s’agit de : Alain Ouaby Bekaï OUABY BEKAÏ Alain Tolmon TOLMON Jacob SANNY DAMILY Patience GUERENGBO Michel NGOKPOU A noter que la Cour Pénale spéciale a été créée par décret lors du Forum de Brazzaville. Elle a une durée de 5 ans renouvelable et son siège se trouve à Bangui. La CPS est instituée pour juger les crimes de guerre, perpétrés en RCA depuis le 1er janvier 2003, ces crimes sont imprescriptibles et insusceptibles d’être amnistiés. Cette cour est une aubaine pour les victimes des crises répétitives qui continuent de frapper la RCA. Ces dernières pourraient désormais porter plainte pour obtenir des réparations pour les préjudices subies.
Faille-t-il rappeler que l’aboutissement à mi-parcours de ce processus de mise en place de la CPS est l’œuvre du garde des sceaux, Flavien Mbata, ministre de la justice et des droits de l’homme ?
Nul n’est prêt à ignorer le dévouement de certains membres du gouvernement SMS qui s’emploient à relever le pays alors que d’autres, soit disant diaspora, ayant fui le pays en temps de crise, et qui reviennent rançonner les pauvres contribuables centrafricains, qui se saigne pour les payer afin qu’ils fassent survivre leurs batards d’enfants laissés en Europe. On écoute ce qui se passe en Afrique de l’ouest et un peu partout dans le monde où les diaspo sont le levier du développement d’abord de leur région d’origine et de leurs pays. Le Mali, la Côte d’Ivoire, Le Burkina-Faso, le Sénégal pour ne citer que ceux-là sont de bels exemples.
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