Touadéra vers une présidence à vie sous l’égide de Wagner

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Dans une interview à Radio France Internationale, Fidèle Gouandjika, ministre-conseiller du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, a dévoilé la stratégie cynique du régime pour pérenniser son pouvoir.
En enterrant la Constitution de 2016 via un référendum chaotique, en excluant des opposants de poids comme Anicet Georges Dologuélé, et en glorifiant le groupe Wagner, accusé de piller les richesses nationales, Gouandjika expose un projet de présidence à vie sous influence russe. Cette dérive autoritaire, masquée par une rhétorique de « souveraineté populaire », menace la démocratie centrafricaine et appelle une réponse internationale urgente.
Une Constitution manipulée pour un pouvoir illimité
Au cœur de la stratégie du régime se trouve la nouvelle Constitution de 2023, adoptée par un référendum que Gouandjika présente comme l’expression du « peuple souverain ». « La constitution du 30 mars 2016 est déjà enterrée », proclame-t-il, affirmant que la « Septième République » permet à Touadéra de briguer un « premier mandat » plutôt qu’un troisième. Ce tour de passe-passe sémantique est une insulte à l’intelligence des Centrafricains. La Constitution de 2016, qui limitait le président à deux mandats, a été balayée malgré les objections de la Cour constitutionnelle, comme le dénoncent des opposants tels que Martin Ziguélé.
Gouandjika rejette ces critiques comme « utopiques », accusant le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) d’être une « coquille vide ». Mais son arrogance ne peut masquer la vérité : le référendum de juillet 2023, organisé en violation des principes légaux, est un coup d’État constitutionnel. En supprimant la limite des mandats, Touadéra s’ouvre la voie à une présidence à vie, digne des pires autocraties. Cette manipulation, justifiée par un prétendu appel au « peuple », bafoue les fondements de la démocratie centrafricaine.
L’exclusion des binationaux : Une manœuvre anti-démocratique
Pour garantir la réélection de Touadéra en décembre 2025, le régime a recours à des tactiques éhontées, notamment l’article 67 de la nouvelle Constitution, qui interdit aux binationaux de se présenter à la présidentielle. Cette mesure vise directement des figures comme Anicet Georges Dologuélé, ancien Premier ministre qui avait mis Touadéra en ballottage en 2015. Gouandjika minimise l’influence de Dologuélé, affirmant que « personne ne pourra battre M. Touadéra » et que ce dernier n’est « pas un homme dangereux ». Pourtant, l’exclusion d’un adversaire aussi redoutable trahit la peur du régime face à une véritable concurrence.
Gouandjika tente de légitimer cette mesure en invoquant des précédents historiques, rappelant que Dologuélé lui-même avait appliqué des règles similaires en 1999. « La loi, c’est la loi », martèle-t-il, suggérant que les binationaux comme Dologuélé n’ont qu’à renoncer à leur seconde nationalité. Mais cet argument est hypocrite. En 2015, Dologuélé a prouvé sa popularité en arrivant en tête au premier tour ; l’exclure aujourd’hui n’a rien à voir avec la légalité, mais tout à voir avec l’élimination d’un rival. Cette manœuvre, qui touche aussi d’autres opposants comme Crépin Mboli-Goumba et Dominique Yandocka, vide les élections de toute inclusivité, transformant le scrutin en une formalité pour Touadéra.
Wagner : Un allié toxique au service du régime
L’interview de Gouandjika révèle une dépendance inquiétante envers le groupe Wagner, qu’il glorifie comme un « sauveur de la démocratie ». « Les Wagner ont sauvé la République centrafricaine en évitant un coup d’État qui pourrait engendrer un génocide », affirme-t-il, créditant la milice russe d’avoir repoussé la coalition CPC en 2020. Cette réécriture de l’histoire est scandaleuse. Wagner n’a pas agi par altruisme, mais pour sécuriser son emprise sur les ressources minières, notamment les mines d’or d’Assima près de Bambari, exploitées par des sociétés comme Lobaye Invest.
Gouandjika va jusqu’à défendre l’érection d’une statue d’Evgeny Prigozhin à Bangui, déclarant : « Prigozhin est pour nous un héros national. » Cette idolâtrie d’un chef mercenaire, dont le groupe est accusé de pillage et d’abus à travers l’Afrique, est une insulte au peuple centrafricain. Pire, Gouandjika justifie l’exploitation des mines par les Russes, même en cas de « pillage », en affirmant : « C’est avec notre accord. Parce que ça nous appartient. » Cet aveu cynique révèle une cession de souveraineté : loin d’être un partenaire, Wagner est un prédateur qui profite de la faiblesse du régime pour s’enrichir, avec la complicité des autorités.
Une façade de dialogue et des élections opaques
Face aux critiques, Gouandjika annonce un dialogue politique avec le BRDC, mais ses propos trahissent une condescendance méprisante. « Le président de la République ne va pas s’asseoir avec les leaders de l’opposition démocratique autour d’une même table parce que ces opposants-là ne sont pas à son niveau », déclare-t-il, reléguant le dialogue à une formalité confiée au gouvernement. Cette attitude montre que le régime n’a aucune intention de négocier sérieusement avec une opposition qu’il qualifie d’« utopique » et de « coquille vide ».
De même, Gouandjika rejette les demandes de réforme de l’Autorité nationale des élections (ANE) et du Conseil constitutionnel, indispensables pour garantir la transparence du scrutin de décembre 2025. « Il y a une loi qui les a mis en place, on doit respecter cette loi », se contente-t-il de répondre, ignorant les préoccupations sur l’indépendance de ces institutions. Avec des observateurs internationaux limités et un processus électoral sous contrôle, le régime prépare un scrutin taillé sur mesure pour Touadéra, loin des standards démocratiques.
Une dérive autoritaire sous influence russe
Les propos de Gouandjika s’inscrivent dans un contexte plus large de dérive autoritaire. En s’appuyant sur Wagner pour sa sécurité, en manipulant la Constitution pour prolonger son pouvoir, et en éliminant ses adversaires, Touadéra suit le manuel des autocrates africains. Gouandjika tente de parer ces abus d’un vernis nationaliste, accusant la France d’avoir maintenu la RCA sous tutelle via des « 11 accords secrets » de 1960. Mais remplacer l’influence française par une dépendance russe n’est pas une libération ; c’est une nouvelle servitude, où les richesses centrafricaines sont pillées sous le regard complice du régime.
Le parallèle avec l’ère Bokassa, que Gouandjika rejette comme une « insulte », est pourtant pertinent. Comme Bokassa, Touadéra centralise le pouvoir, marginalise l’opposition, et s’appuie sur des alliés étrangers pour se maintenir. La statue de Prigozhin, l’exclusion des binationaux, et la rhétorique anti-opposition forment un tableau inquiétant : celui d’un pays glissant vers une dictature déguisée en démocratie.
La mobilisation internationale
La Centrafrique ne peut rester otage de cette dérive. Les Centrafricains méritent un leadership qui protège leurs richesses, garantisse des élections libres, et respecte les principes démocratiques. La société civile, l’opposition, et les citoyens doivent s’unir pour exiger la transparence des contrats miniers, la réforme des institutions électorales, et l’arrêt de l’influence toxique de Wagner. Le BRDC, malgré les intimidations, doit continuer à défendre la Constitution de 2016 comme rempart contre l’autocratie.
La communauté internationale, trop souvent silencieuse, doit agir. Les Nations Unies, l’Union africaine, et les partenaires régionaux doivent faire pression pour des élections inclusives et transparentes, et enquêter sur les activités de Wagner en RCA. Les sanctions ciblées contre les responsables du pillage des ressources et de la manipulation constitutionnelle sont nécessaires pour envoyer un signal clair : la démocratie centrafricaine ne peut être sacrifiée sur l’autel des ambitions de Touadéra.
Fidèle Gouandjika peut bien vanter Wagner et présenter Touadéra comme un champion de la souveraineté. Mais ses mots trahissent une vérité amère : le régime vend l’avenir de la RCA pour prolonger son emprise, avec le soutien de mercenaires russes. Le peuple centrafricain, seul véritable souverain, doit se lever pour reprendre son destin en main….
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