Bangui, République centrafricaine, 14 janv. 21 ( Corbeaunews-Centrafrique). Pendant que tous les radars sont braqués sur la célèbre cour constitutionnelle en vue des délibérations sur la validation ou non du scrutin groupé du 27 décembre 2020, les groupes armés non conventionnels ont lancé sur deux fronts stratégiques des offensives militaires surprenantes à la porte de la capitale centrafricaine. Cette énième attaque qui ébranle sérieusement le pouvoir de Bangui inquiète et interroge sur la capacité de nuisance des bandits armés malgré la présence des forces armées centrafricaines soutenues par les forces alliées russes, rwandaises et surtout de la force onusienne créditée de plus de douze milles hommes. Par ailleurs, on nous annonce l’arrivée prochaine d’autres troupes alliées pour étoffer l’effectif des alliés du pouvoir. De ce constat, nous estimons nécessaire que pour être militairement efficace, la classe politique centrafricaine doit se serrer les coudes derrière le président de la république dans une union sacrée pour définir une stratégie commune de défense du territoire national… au besoin reporté la proclamation des élections et décrété un état d’urgence en vue de traquer solidairement les ennemis de la nation.
L’état d’urgence étant par définition un régime d’exception, restrictif des libertés publiques, limité dans le temps et surtout caractérisé par l’extension des pouvoirs de police. Vu que le cœur du pouvoir centrafricain est déjà infiltré par les ennemis de la paix, cette mesure exceptionnelle permettra d’assigner à domicile certaines personnalités politiques et militaires jugées dangereuses pour l’ordre public, de perquisitionner sans passer par les juges en évitant les abus et les règlements de compte, de fermer certains établissements publics ou privés, de dissoudre certains partis et associations politiques jugés dangereux pour la sécurité nationale et enfin le tout couronné d’une interdiction de circuler.
Le couvre-feu actuellement en vigueur qui a montré ses limites n’est notoirement pas adapté à la guérilla urbaine proposée par les groupes armés. En outre, la posture d’attentisme du pouvoir qui consiste à attendre une attaque de l’ennemi pour riposter est contre productive…
le mieux serait d’aller les chercher dans leur dernier retranchement et de les éradiquer. Ne pas associer la classe politique centrafricaine à cette démarche c’est à dire l’absence de l’union sacrée serait suicidaire et fragiliserait toute initiative politique et militaire. Préoccupé par l’avenir proche de notre chère nation, le citoyen lambda s’interroge :
Conformément aux forces en présence, comment expliquer et justifier l’invincibilité des groupes armés non conventionnels qui narguent même les forces onusiennes ? Les forces onusiennes n’avaient-elle pas un « mandat robuste » pour défendre la population civile ? Comment les groupes armés ont réussi à atteindre militairement la capitale alors que des forteresses apparemment infranchissables sont érigées à une centaine de kilomètres de la capitale ? Pensez-vous que la solution de cette longue crise est-elle exclusivement militaire avec des conséquences néfastes sur la paisible population civile ? La solution politique qui aboutit souvent à des trocs, concessions n’est-elle pas une option à explorer ? Ne doit-on pas être ensemble politiquement pour combattre l’ennemi ? Pendant que nous y sommes, l’accord de Khartoum qui excluait la classe politique centrafricaine est-elle toujours d’actualité ?
Nous avons encore en mémoire que pendant l’occupation de la France qui relevait de la sécurité nationale, la classe politique française a fait l’économie de ses clivages, égoïsmes politiques au profit de l’union sacrée pour s’accorder sur une stratégie commune pour faire appel aux alliés et les troupes africaines pour anéantir définitivement l’ennemi. Cet appel à l’union sacrée ne doit être entendu comme un appel à la concertation nationale tant réclamée par l’opposition démocratique, redoutée par le pouvoir car nous n’avons pas le temps actuellement, le temps presse et l’ennemi est à la porte de la capitale, au risque de s’emparer du pouvoir à tout moment…conséquence du rapport de force diplomatique résultant des intérêts respectifs des forces occidentales en présence.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.
Paris le 15 janvier 2021.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.