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CENTRAFRIQUE : QUEL EST LE CONTENU DES ACCORDS DE PAIX DE BOUAR ET DE KHARTOUM ?

 

 

CENTRAFRIQUE : QUEL EST LE CONTENU DES ACCORDS DE PAIX DE BOUAR ET DE KHARTOUM ?

 

 

 

LES GROUPES POLITICO-MILITAIRES ONT-ILS RENONCE

 

A LEURS « 12 REVENDICATIONS NON NÉGOCIABLES ? »

 

BOUAR, KHARTOUM : L’IMBROGLIO

          Les Centrafricains ne s’attendaient sûrement pas à ce genre de communiqué de la part du Panel des facilitateurs de l’Union Africaine. Le 30 août, après la réunion de Bouar, le vice-président, Bodein Hamuli Badaroussa, a déclaré : « nous avons atteint notre objectif… » Et de conclure : « mais ce n’est pas maintenant que nous pouvons rendre publiques les revendications. »

          Y aurait-il anguille sous roche ? Étant  donné la longue attente du peuple centrafricain pour que la saignée de son pays par les groupes politico-militaires cesse au plus vite, le citoyen centrafricain ne peut pas et, surtout, ne veut pas se contenter d’un communiqué alambiqué, qui n’est rien d’autre qu’une coquille vide. Il n’est pas possible d’organiser deux réunions parallèles, l’une à Bouar, l’autre à Khartoum, sur le même sujet et de les terminer par ce genre de communiqué.

          Si c’est un échec, il faut le dire ouvertement. Les Centrafricains ne sont pas naïfs. Ce sont des citoyens désormais politiquement mûrs. Ils savent très bien que les séditieux ne signeront aucun accord de paix sans obtenir l’impunité et l’amnistie totale – exigences irrecevables aussi bien pour le gouvernement centrafricain que pour la population.

          Les groupes rebelles, et particulièrement leurs chefs, ne seront désarmés que par la force.

 

PEUT-ON OUBLIER LES VICTIMES DES GROUPES ARMES ?

          Les séditieux vont chercher, par tous les moyens, une porte de sortie pour éviter de rendre compte de leurs méfaits devant les tribunaux. S’ils veulent la paix, comme ils le claironnent dans les communiqués, qu’ils commencent par se désarmer et libérer les régions qu’ils occupent illégalement.

         Ils réclament aussi le partage du pouvoir. On a vu ce qu’ils étaient capables de faire sous la courte présidence de leur chef, Michel Djotodia. Les Banguissois, terrorisés, étaient sommés de se convertir à l’islam. Des lieux de cultes chrétiens étaient vandalisés et pillés. Bangui-la-coquette était devenue Bangui-la-terreur. C’était « peur sur la ville. » 

         On ne peut pas, au nom d’une paix injuste, oublier les victimes innocentes des groupes armés. Ils ont massacré des milliers de Centrafricains et jeté près d’un million de personnes sur les routes de l’exil.

          Une paix, habillée de compromis brumeux, sera vouée à l’échec. Les Centrafricains sont las des atrocités dont ils ont été victimes. Bien sûr qu’ils veulent la paix. Mais elle ne doit pas être le résultat de concertations bicéphales confuses. Les choses doivent être clairement énoncées et acceptées par les Centrafricains eux-mêmes.

          Or, le contenu des communiqués des groupes politico-militaires à l’issue des concertations de Bouar et de Khartoum laisse prévoir de fortes dissensions dans les négociations à venir. On ne voit pas comment le gouvernement légitime de la Centrafrique pourrait accepter en l’état les revendications des rebelles sans se discréditer et mettre en danger son pouvoir et la République.

 

IL FAUT DES CONCERTATIONS SANS COUP FOURRE POUR UNE PAIX JUSTE

          Ce n’est pas pratiquer du centra-pessimisme que de dénoncer les signes d’un accord de paix inconsistant. Il faut se rappeler les nombreux accords qui ont déjà été signés et qui n’ont tenu que quelques mois. Il faut se souvenir qu’ils ont souvent été violés à cause de la cupidité, l’égocentrisme, le manque du sens de l’État et de patriotisme d’un certain nombre de ceux qui les ont paraphés.

Le président Faustin Archange Touadera et son gouvernement doivent être extrêmement vigilants.  Ne pas signer un accord de paix Russe ou Union Africaine boiteux, qui ne tiendrait pas compte des souhaits du peuple qui refuse toute impunité.

          Il faut éviter les pièges du passé. Les Centrafricains et la communauté internationale attendent un accord solide et respecté, pour qu’enfin surgissent, en République Centrafricaine, la réconciliation et la paix tant attendues.

                                                                                     

Par : JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI 

(7septembre 2018)

      

 

 

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