CENTRAFRIQUE : QUE PRÉPARENT FRANÇAIS, RUSSES ET AMÉRICAINS EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE ?
LES AMÉRICAINS
Depuis leur traque de Joseph Koly, le gourou ougandais de la secte LRA (Armée de Résistance du Seigneur), qui a d’ailleurs échoué, les Américains ont toujours une petite unité dans l’est de la Centrafrique.
On évoque rarement les actions qu’ils mènent dans l’ombre pour apporter une solution au conflit qui déchire le pays. Ils sont néanmoins très actifs dans l’aide apportée au gouvernement centrafricain pour combattre les rebelles, abusivement appelés groupes politico-militaires : fourniture de matériel militaire, livraison de camions de transports et d’uniformes de combat etc… Ils surveillent de près les activités prolifiques des Russes dans le pays. Les interventions de leur ambassadeur auprès du président Touadera sont fréquentes. Dans l’ombre, Washington ne cesse de s’activer dans les pourparlers destinés à la recherche de la paix.
LES RUSSES
Les Russes, eux, sont partout. Ils sont les véritables maîtres de l’horloge centrafricaine : protection rapprochée du président de la République ; mise à disposition d’un conseiller spécial de Vladimir Poutine pour les problèmes de sécurité auprès de Touadera ; actions humanitaires multiples (distribution de médicaments, installation d’unités de soin dans les provinces en détresse, (ce qui est très apprécié des Centrafricains ) ; formation et restructuration des forces armées nationales. Aujourd’hui, si les FACAs sont opérationnelles, c’est surtout grâce aux Russes et à l’Europe. Mais il faut se rappeler que les actions d’assistance entreprises aujourd’hui par les Russes, étaient, jadis, du ressort des Français.
Ils ne se gênent même pas pour faire preuve de duplicité en Centrafrique. Leur initiative de paix de Khartoum (Soudan) est en train de phagocyter celle qu’a prise l’Union Africaine. Omar Hassan Ahmed El Bachir, président du Soudan et homme lige des Russes en Afrique, a annoncé la tenue prochaine d’une réunion de paix dans la capitale de son pays. Elle réunirait le gouvernement centrafricain et les rebelles. Visiblement, les Russes sont en passe d’imposer leur propre conception de la paix.
Les Centrafricains doivent se méfier d’une paix qui serait russe, occidentale ou soudanaise. La seule qui vaudra la peine sera celle qu’ils institueront eux-mêmes.
LES FRANÇAIS
La France n’a pas su anticiper et adopter une politique fiable dans la résolution du conflit centrafricain. Pourquoi a-t-elle retiré sa force Sangaris alors que les massacres étaient devenus quotidiens ? Comment a-t-elle pu laisser les séditieux procéder à un véritable démembrement du territoire ? Comment tolère-t-elle qu’aujourd’hui, ils administrent à leur guise les 80% du territoire qu’ils occupent ?
Elle a dépêché en Centrafrique un ministre des Affaires Etrangères qui a singulièrement manqué de doigté dans son approche des problèmes. Le choix de ses amis en Afrique centrale a toujours été calamiteux : pour résoudre le conflit, Idriss Déby Itno, président du Tchad, est sûrement la dernière personne à qui les Centrafricains songeraient. A leurs yeux, c’est l’un des responsables du chaos qui s’est abattu sur leur pays !
Le comportement arrogant du président Emmanuel Macron et de son ministre des Affaires Étrangères envers le président Touadera frise la condescendance. Ajoutez à tout cela une attitude néocoloniale et impérialiste proprement détestable.
Quel gâchis ! Voilà que la France, l’amie de près de cent ans, est huée dans les rues de Bangui ! Les Russes tisonnent le foyer à coups de corruption de certains médias centrafricains, qui en arrivent à diaboliser la France et ses dirigeants qu’ils clouent allègrement au pilori.
Est-ce que ce n’est pas excessif et un peu injuste à la fois ? La France n’est certes pas exempte de critiques en Centrafrique. Mais la tournure que prennent dorénavant les critiques est préjudiciable à des relations apaisées entre les deux pays. On ne peut pas rayer d’un coup de crayon hasardeux une aussi longue et vieille amitié.
UNE PARTITION EN MARCHE ?
On constate ainsi que les puissances étrangères sont en train d’instrumentaliser des dirigeant centrafricains affaiblis et cupides. C’est comme si elles avaient acté en catimini avec les rebelles la partition du territoire centrafricain.
D’après le journal centrafricain en ligne Corbeau News, le pouvoir centrafricain s’apprêterait à se rendre à Khartoum pour discuter du projet de paix initié par les Russes.
Or, celui-ci est calqué sur la base de celui du chef de guerre Noureddine Adam ! Le rebelle qui milite depuis toujours pour la reconstitution du royaume de Dar-El Kouti ! Un Califat quoi ! Car, d’après lui, c’est une condition «nécessaire pour un retour de paix durable dans le pays. » Le Kremlin est plus que jamais à la manœuvre. Les Français semblent hors- jeu. Les Américains et les Chinois sont en embuscade.
Le président Touadera va-t-il se rendre à Khartoum pour cautionner ce qui s’apparente au dépeçage de son pays ? Cette réunion de Khartoum rappelle furieusement la conférence de Berlin de 1884, où l’Europe se partagea l’Afrique découpée en tranches comme un gâteau d’anniversaire. Morceler un pays comme le Centrafrique en plusieurs États ? C’est un véritable suicide ! Cest une hérésie ! Il fera, certes, l’affaire des Russes et des occidentaux qui pourront ainsi contrôler les fragments d’une nation bantoue sacrifiée.
Mais aucun Centrafricain n’acceptera la partition de son pays ! Le président Touadera ne doit donc pas se rendre à Khartoum. Il faut, au contraire, qu’il convoque une conférence de la paix à Bangui avec des propositions de paix fortes. Se rendre à Khartoum serait une abdication intolérable devant des terroristes qui ont tué des milliers de Centrafricains. La nation des Bantous ne doit pas plier devant ces rebelles. Elle doit prendre son destin en main.
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