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Centrafrique : prévention de l’incitation à la haine, les requins sont-ils protégés ?

Le chef de l’État Faustin Archange Touadera lors de la cérémonie de lancement officiel du plan national pour la prévention à l’incitation à la haine. Bangui 19 juillet 2019. CopyrightPrésidenceRCA.

 

Bangui (CNC) —le 19 juillet dernier, à l’occasion de la cérémonie de lancement officiel du plan national pour la prévention à l’incitation à la haine et à la violence en République centrafricaine, le chef de l’État Faustin Archange TOUADERA, dans son discours de circonstance, avait accusé à tort ou à raison certains journalistes centrafricains d’être les premiers à véhiculer, à travers des médias numériques et réseaux sociaux, des messages de haines pouvant inciter la population à la violence dans le pays.

Cette accusation, d’autant plus grave, pousse les Centrafricains à se demander si le chef de l’État est-il sourd de ne pas entendre tout ce qui se passe autour de lui ? Ou cherche-t-il tout simplement à épargner son propre clan, y compris les « Requins », son bras armé, qui sont par ailleurs les premiers et champions des discours de la haine et des violences dans le pays ?

 

« Les Médias dont le rôle traditionnel est celui d’informer et d’éduquer sont devenus les canaux par excellence de propagation et de diffusion de haine et de Violence, surtout à l’ère de l’évolution fulgurante des nouveaux médias, tels que l’Internet et les réseaux sociaux », déclare le chef de l’État.

 

Des médias, la cible principale.

Devant les multitudes des médias, certains rédacteurs se demandent si de quel média le président Touadera parle-t-il ?

Évidemment, il n’y a pas plus de 10 médias numériques dignes de ce nom en République centrafricaine. Les prétendus médias numériques ciblés par le président Touadera sont bien connus des Centrafricains. Plusieurs journalistes et blogueurs ont été approchés par le clan présidentiel, et ceux qui refusent un tel approche sont accusés de tout. Et sur ce point, il n’est pas ici question des messages de haine ou de la violence, selon un rédacteur, mais par ce qu’ils échappent encore au contrôle du pouvoir.

 

Qu’en est-il des miliciens et des groupes de soutien du chef de l’État  ?

Justement, les groupes de soutien et les milices armées proche de la présidence, notamment les « Touaderateurs » du sulfureux Didatien Kossimatchi, le « Mouvement Centrafrique débout » de Javon Zama Papa, les « Requins » coordonnés par plusieurs militants du MCU et des militaires, enfin les « Talitha-Koum », dernier né du clan Touadera, sont malheureusement très connus   dans le pays pour avoir ouvert depuis plus de deux ans, une guerre aux cailloux avec certains médias  qui échappent encore au contrôle du pouvoir, et certains leaders politiques de l’opposition démocratique qu’ils n’hésitent plus à agresser physiquement et verbalement.

Ces miliciens sont très connus de l’opinion nationale et internationale d’être à l’origine de plusieurs messages des violences et de la haine entre les Centrafricains et sont hautement protégés par le président Touadera. Ils ont accès en sus aux médias publics et privés sous contrôle du pouvoir. Des locaux équipés sont mis à leur disposition et utilisent de faux comptes, avatars, pour inonder les réseaux sociaux.

Pour finir, le chef de l’État, toujours dans ce même discours, explique que : « …, le gouvernement est instruit de tout mettre en œuvre pour réduire le seuil de tolérance vis-à-vis du discours de haine et de violence. Il doit donc repérer les discours haineux et violents et mettre au point des outils efficaces permettant d’y réagir de manière constructive ».

 

De quoi s’agit-il exactement ? 

Selon les professionnels de la presse nationale, il s’agit bel et bien d’un langage diplomatique utilisé par le chef de l’État pour tromper l’opinion internationale sur l’origine des messages de haine dans le pays d’une part, et d’autre part pour redonner pouvoir à ses miliciens de tracter ceux qui attaqueront à son régime et à ses militants

Ce que le président Touadera aurait oublié, le 10 mai dernier, son parti MCU avait promis un « vendredi noir » au ministre de la Communication Maxime kazagui alors qu’il avait tout simplement expliqué aux directeurs de la radio et de la télévision lors du conseil de son cabinet qu’il ne veut plus entendre des messages de haines diffusés par certains éternels applaudisseurs du pouvoir dans les médias d’État. Ce souhait était retourné contre lui en menace de mort et tout le monde avait redouté en ce moment qu’il pourrait y avoir une atteinte physique directe sur lui que les partisans du chef de l’État considèrent comme un adversaire politique à anéantir.

Alors, si le chef de l’État parle aujourd’hui que son gouvernement est instruit de tout mettre en œuvre pour réduire le seuil de tolérance vis-à-vis du discours de haine, les Centrafricains se demandent de quel gouvernement parle-t-il. Du gouvernement où Maxime Kazagui fait partie et qui a eu des menaces de mort quand il tentait de fermer la bouche de ses griots ?  Ou de quel gouvernent ?

 

Copyright2019CNC.

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