Bangui, République centrafricaine, samedi 08 août 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique). Dans la théorie primitive des démocraties modernes, un pouvoir n’est légitime que lorsqu’il est confié souverainement par le peuple à travers les urnes. Le peuple incontournable et devenu le centre de gravité de toutes initiatives est ainsi le dépositaire du pouvoir et rien ne peut se faire que dans l’intérêt supérieur du peuple. C’est dans cette logique que la maxime du seizième président américain Abraham Lincoln (1860-1868) sur la démocratie prend sa source : le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Les préambules de toutes les constitutions du monde et les contenus des prestations de serment font référence aux intérêts du peuple même si dans la pratique il en est autrement. En conséquence de ce qui précède, un président de la république même issu des urnes qui méprise et piétine de façon flagrante les intérêts supérieurs du peuple viole systématiquement les dispositions constitutionnelles et surtout son serment qui est répertorié comme crime de « haute trahison » par les dispositions de l’article 124 de la constitution et confirmé par les dispositions de l’article 23 de la constitution qui énonce : « toute personne habitant le territoire national à le devoir de respecter, en toutes circonstances la constitution, les lois et règlements de la république ».
Il est évident de rappeler que la « haute trahison » est un concept ambigu qui n’a pas de définition pénale mais doit s’analyser en un manquement très grave du président de la république aux devoirs de sa charge. Animé par le sentiment de peur et du manque de courage politique, ce pouvoir moribond a signé un accord politique avec les groupes armés sans consulter le peuple sachant qu’aucune disposition constitutionnelle ne fait référence à un quelconque accord politique.
Toujours dans la logique du manque de courage teinté de peur, ce pouvoir s’est mis en danger tout seul au retour clandestin du Général déserteur. Par peur de faire appliquer le mandat d’arrêt, le pouvoir a voulu par extravagance le bloquer à l’étranger mais aujourd’hui la peur a changé de camp. Le mépris du peuple coloré d’un projet électoraliste vous a poussé à ramener encore pour la énième fois le groupe terroriste de l’UPC dans la région de la Ouaka comme si les meurtres précédents n’étaient pas suffisants.
La haute trahison fait également référence à l’entretien d’une milice politique qui terrorise impunément le peuple et les forces vives de la nation à travers les chaînes nationales qui s’apparentent à la propagande rwandaise sur la radio « mille collines ». Surpris par votre manque d’humanisme, le citoyen lambda s’interroge :
Avez-vous demandé l’avis de la population de la Ouaka pour délocaliser la machine criminelle de l’UPC à Bambari ? N’avez-vous pas déclaré par le passé la ville de Bambari une ville sans armes ? Quel est le statut juridique des groupes armés dans la hiérarchie ou la pyramide des institutions républicaines telles que définies par la constitution pour mériter autant votre partenariat et/ou votre attention ? Ce pouvoir a t-il conscience que le chef de guerre de l’UPC est un étranger et par conséquent un mercenaire ? Qu’est-ce qui justifie cet autisme au point de mépriser durablement le peuple qui vous a fait roi ? Faisant l’économie de la notion de fraude, savez-vous que votre pouvoir sollicitera d’ici peu le suffrage du peuple tant martyriser ? A défaut d’anticiper sur l’avenir électoral,
votre trajectoire est suicidaire à l’image de votre incompétence, et votre incapacité à pacifier le territoire national ne fusse qu’anéantir un groupe armé voire arrêter un chef rebelle. N’oublions pas que si les échéances électorales à venir se passent à bonne date et dans des conditions transparentes, la sentence du peuple tant méprisé sera sans équivoque et sans appel.
Mais au delà de toutes surprises, renoncer à se représenter faute de bilan crédible demeurera l’ultime sortie honorable pour un pouvoir prolétaire devenu oligarchique.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.
Paris le 07 août 2020.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.