Bangui, République centrafricaine, samedi, 26 juin 2021 (Corbeaunews-Centrafrique). Après les tractations palpables des coulisses, le nouveau gouvernement « made in DONDRA » a été validé par le président de la république. En effet, le décret N*21.146 du 23 juin 2021 portant nomination ou confirmation des membres du gouvernement est entaché de nullité selon l’alinéa 2 de l’article 49 de la constitution pour absence de contreseing du premier ministre…peut être que ceci explique cela.
Le décret susvisé met en place une équipe hétéroclite avec des compétences diverses et variées. Selon le décret, l’on compte trois (3) ministres d’état, vingt huit (28) ministres dont un (01) ministre délégué…au total treize (13) anciens et dix neuf (19) nouveaux faisant une somme de trente deux (32) membres du gouvernement contre trente huit (38) précédemment. Au final, on se retrouve quand même avec un gouvernement pléthorique et budgétivore dans le contexte où les aides budgétaires sont suspendues.
Par ailleurs, les femmes sont sous représentées car on en compte que sept (7) soit moins 1/4 et cela en violation de la loi sur la parité qui a du mal à s’intégrer dans l’ordonnancement juridique de notre pays. L’on remarque également l’absence de l’opposition démocratique, l’absence de la vraie société civile ainsi que le mépris pour la jeunesse car on a l’impression que nos autorités ne maîtrisent pas la définition étymologique de la notion de « jeunesse ».
En outre, l’on relève que tous les ministres qui ont un lien étroit et direct avec les russes sont éjectés à l’instar des ministres de La defense, de l’intérieur etc…cela envoie peut-être un message à décrypter. La désignation du nouveau premier ministre qui semblait émettre des signaux et des ondes à tonalité positive c’est à dire l’ouverture, la réconciliation ainsi que le changement de style de gouvernance…hélas, nous avons finalement compris à travers les faits et gestes que l’ancien ministre des finances a été promu exclusivement pour rabattre les aides budgétaires ainsi que des financements.
Déçu, car l’opinion publique n’attendait pas cette équipe de la rigueur exemplaire du nouveau premier ministre, le citoyen lambda s’interroge :
Au delà de la compétence, d’intégrité et de bonne moralité, quels sont les autres critères de recrutement de ces membres du gouvernement ?
Ce gouvernement reflète t-il l’inclusivité ou l’ouverture évoquée par le premier ministre dans ses premiers discours ?
Quels sont les défis et les chantiers prioritaires de ce gouvernement ?
En d’autres termes, les priorités de ce nouveau gouvernement sont-elles compatibles aux attentes de la population ?
Au regard des pommes pourries réunies dans le même panier, s’agit-il d’un remaniement gouvernemental ou d’un nouveau gouvernement ? Étant donné qu’il ne s’agit pas de rupture, ce gouvernement va t-il entamer des négociations en vue de la levée de la suspension de l’aide budgétaire ? Suffit-il d’être un candidat malheureux aux présidentielles et d’animer une plateforme politique en faveur du président de la république pour occuper un poste stratégique au gouvernement ? Qu’en est-il de la promotion « canapé » qui se pérennise au risque de s’institutionnaliser ? Suffit-il d’animer une association politique sur fond public pour faire la promotion du président de la république pour siéger au conseil des ministres ?
Étant donné que le gouvernement est rempli à majorité de parents, amis et soutiens aux dernières présidentielles, peut-on parler d’un remerciement ?
Pourquoi nommer des députés au gouvernement alors que des compétences sont à la traîne ? Pourquoi désigner un médecin à la communication, un douanier à la defense et tant d’autres cas alors que la banque de compétence dans ces domaines très techniques est suffisamment garnie ?
Dans la même logique d’idée, comment comprendre le choix d’un vieux ministre qui a servi sous l’ère KOLINGBA il y’a de cela quarante (40) ans ?
Comment peut-on comprendre le choix de confier les sceaux de la république à un potentiel accusé devant la Cour Pénale Spéciale (CPS) de Bangui où la Cour Pénale Internationale (CPI) ?
Fort de ce qui précède, nous restons dubitatifs et révoltés car les gouvernements successifs ne tirent jamais les leçons du passé sachant que les mêmes causes produisent les mêmes effets. En conséquence, ni ce gouvernement, ni le dialogue non inclusif en gestation n’apportera de solutions durables à la crise politique centrafricaine…retour à la case départ.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande m, ne dites surtout pas que c’est moi.
Paris le 26 juin 2021.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.