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CENTRAFRIQUE : LE FAUTEUIL PRÉSIDENTIEL EST-IL JURIDIQUEMENT VIDE OU INOCCUPÉ ?

Monsieur Bernard Selembi Doudou, Auteur de l'article. Photo de courtoisie.
Bernard Selembi Doudou, auteur de l’article.Photo courtoisie.

 

Bangui (CNC) – Au pire moment de l’histoire politique de notre chère nation, la determination du peuple centrafricain à adhérer au processus électoral initié par la transition en vue de légitimer les institutions de la République était sans pareil.

 

Ce processus démocratique du salut national était la condition sine qua non de retour d’une paix durable et de la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. C’est dans ce contexte tendu et difficile qu’à l’issue des élections groupées de 2015 critiquées pour absence de transparence par tous les acteurs que la Cour constitutionnelle a légitimé le quinquennat de l’actuel Président de la république.

 

Au delà des tumultueuses péripéties électorales d’entre les tours du scrutin présidentiel, le Président de la république élu est désormais et dorénavant le président de tous les centrafricains sans exclusif.

 

Le président de la république a ainsi prêté solennellement serment au nom du peuple centrafricain de remplir sereinement ses missions définies par l’article 33 de la constitution. Après plus de trois ans de gouvernance et malgré la bonne volonté du président de la république, ses choix, méthodes ou stratégies politiques ainsi que ses offensives diplomatiques n’ont pas produit le résultat escomptés au grand désespoir du peuple.

 

En conséquence de ce qui précède, sa popularité d’antan a significativement dégringolé, son capital « confiance » s’est émietté au point d’alimenter la polémique hyper médiatique que « le président de la république n’est pas à sa place ou que le fauteuil présidentiel est vide ». Choqué par l’existence acharnée d’une polémique qui intéresse peu les intérêts du peuple, le citoyen lambda s’interroge :

 

Le fauteuil présidentiel centrafricain est-il juridiquement vide ou inoccupé ? Cette polémique politicienne ou guerre de positionnement à la veille des échéances électorales a t-elle son sens d’existence dès lors que les priorités du peuple sont ailleurs ? Les initiateurs de cette stérile polémique regrette t-ils leur geste démocratique et salutaire d’entre deux tours de scrutin en acceptant leur supposée défaite ? Avoir un Président de la république « incapable » de répondre favorablement aux aspirations du peuple est-il synonyme de la négation de la volonté souveraine du peuple ? N’est-il pas judicieux d’attendre la fin du quinquennat même moribond pour tenter de ravir ce fauteuil présidentiel qui, a votre avis illusoire et utopique est vide ?

 

Nous considérons que cette affirmation fantaisiste provenant des principaux acteurs de la vie politique pour amuser la galerie est un mépris total voire une insulte indélébile à la souveraineté du peuple qui s’est mobilisé massivement malgré les conditions catastrophiques pour se choisir un président de la république.

 

A titre de rappel et conformément aux dispositions de l’article 47 de la constitution du 30 mars 2016, le fauteuil présidentiel centrafricain ne peut être juridiquement vide qu’en cas de décès, de démission, de destitution, de condamnation à de peines de prison et d’empêchement définitif. Nous constatons malheureusement avec amertume que nous ne sommes en présence d’aucun cas évoqué par cette disposition constitutionnelle.

 

En guise de conclusion, il apparaît important de rappeler que l’honnêteté intellectuelle qui caractérise les valeurs démocratiques nous interdit d’admettre cette ignominie qui consiste à mépriser la volonté souveraine du peuple.

 

Lorsque certains animateurs de la vie politique centrafricaine aspirent à gouverner un peuple, ils doivent apprendre voire se faire violence de le respecter. Au nom du respect des principes et valeurs constitutionnels, nous affirmons avec véhémence que le président de la république est bel et bien à sa place…et que le fauteuil présidentiel est bel et bien occupé à la seule différence que les choix et méthodes de gouvernance du Président ne sont pas adaptés et ne répondent aucunement aux attentes du peuple. Laissons donc le choix au peuple d’apprécier et de sanctionner.

 

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

 

 

Paris le 20 septembre 2019.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

 

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