Centrafrique : le DG des mines somme les collecteurs de diamants à se conformer à la loi
Par Eric NGABA
Le ministère des mines de l’énergie et de l’hydraulique mène une lutte contre la fraude et la contrebande transfrontalières des diamants bruts de la République Centrafricaine. Dans cette lancée, le Directeur Général des Mines et Géologie, Sylvain Marius N’Gbatouka a réveillé la conscience des collecteurs sur la nécessité de se conformer à la loi régissant le commerce de ces pierres précieuses. Cet appel est lancé au cours d’une réunion tenue le 6 Août 2016 à Carnot lors d’une mission de revue avec les Experts du Processus de Kimberley.
En effet, les communautés artisanales en République Centrafricaine sont confrontées à des intermédiaires négociants véreux, qui n’hésitent pas à contourner les lois établies et règlementations en vue d’augmenter leurs bénéfices, à travers des réseaux d’activités illicites et de trafics transfrontaliers. La décision administrative du Processus de Kimberley de juillet 2014 a été prise pour appeler à une vigilance accrue les pays voisins en vue de lutter contre l’infiltration dans le commerce mondial des diamants bruts en provenance de la République Centrafricaine. La réunion convoquée par le Directeur Général des Mines et Géologie lors de cette mission d’évaluation à Carnot permet de rappeler les acteurs de la filière de diamant à l’ordre. L’occasion pour Sylvain Marius N’Gbatouka d’interpeller les collecteurs miniers de cesser avec les ventes frauduleuses de diamants centrafricains aux pays voisins.
« Je vous dis que nous avons reçu des informations sur ceux qui se livrent aux trafic illicite de diamants bruts vers le Cameroun. On nous a cité des noms avec des preuves à l’appui. Certains collecteurs trafiquent illicitement les diamants à la frontière Centrafricano-camerounaise et les avions quittent depuis les pays du Golf pour venir à leur rencontre afin de payer ces diamants. Mais je vous dis que nous allons sanctionner ceux-là qui veulent contourner la loi, les règlementations d’exploitation de diamants bruts », a martelé le Directeur Général des Mines et Géologie avant d’ajouter : « Il faut cesser ces pratiques dès maintenant car nous sommes en train de nous battre pour que la sanction qui pèse sur le diamant de notre pays puisse être levée ».
La République Centrafricaine a été suspendue temporairement, par la décision administrative du Processus de Kimberley au mois de mai 2013, parce que les groupes armés ont envahi le pays et exploitent les ressources minières pour se ravitailler en armes de guerre. Cette suspension a entrainé le trafic illicite de diamants bruts dans le pays si bien que la chaine d’exploitation de diamants bruts n’est pas respectée.
A défaut des Bureaux d’Achat qui ont cessé leurs activités en raison de cette suspension, les collecteurs de diamants ont opté pour la vente illégale vers les pays voisins. Pour faire face à ces pratiques, le ministère des mines de l’énergie et de l’hydraulique a décidé d’instaurer des stratégies de vigilance en vue de lutter contre les trafics illicites de diamants centrafricains. A l’issue d’une conférence des ministres en charge des mines de la sous-région d’Afrique centrale qui s’est tenue du 3 au 4 août 2016 à l’hôtel Ledger à Bangui, les gouvernements des Etats de la sous-région de l’Afrique centrale à savoir le Cameroun, la République centrafricaine et la République démocratique du Congo se sont engagés à lutter contre la fraude et la contrebande transfrontalières des diamants bruts dans la sous-région d’Afrique centrale. À cet effet, ils ont mis en place une plateforme transfrontalière avec des recommandations fortes.
Le Directeur Général des mines Sylvain Marius N’Gbatouka n’y était pas allé par le dos de la cuillère pour fustiger les trafiquants illicites de diamants centrafricains. Il leur a rappelé les recommandations de cette conférence des ministres en charge des mines de la sous-région d’Afrique centrale qui ont été formulées demandant de sanctionner ces pratiques. L’une de ces recommandations est celle qui interpelle les pays de la sous-région de partager les informations sur les individus et organisations impliqués dans les activités illicites, la contrebande, les saisies et la possession de faux documents en rapport avec le Secrétariat Permanent du Processus de Kimberley et l’élaboration d’une liste noire des coupables et suspects.