Centrafrique : Le désarmement, une caisse à outils de maintenance de la crise.

Publié le 24 octobre 2018 , 7:15
Mis à jour le: 24 octobre 2018 7:15 pm
Monsieur Robert Enza. Photo de courtoisie.

 

 

Centrafrique : Le désarmement, une caisse à outils de maintenance de la crise.

 

 

 

Alors que l’on pensait s’acheminer vers la paix, le désarmement est devenu la caisse à outils de maintenance de la crise, il permet d’entretenir la crise, le ferry-boat, un enjeu stratégique et géopolitique. Par le désarmement, on recherche toujours à opposer l’État aux groupes armés.

 

Et Parfait ONANGA disait déjà si bien aux centrafricains : « vous avez 40 ans pour sortir de cette crise ». Ce message n’est pas tombé dans les oreilles d’un sourd mais dans les oreilles d’un père de singe. La parole de Parfait ONANGA est une vérité qui en dit long sur ce que les centrafricains doivent entreprendre pour sortir de cette crise. Il faut prendre ce message au sérieux.

 

La parole de Parfait ONANGA est analogique à cette fiction que m’a racontée mon père géniteur dont l’intérêt est surtout de bien savoir écouter son interlocuteur. La pensée ou l’idée principale de votre interlocuteur se trouve soit à la fin soit au début de votre entretien:

« C’est un père de singe qui envoie son fils chez le lion, lui annonçant leur voisinage prochain avec ce dernier. Le fils de singe de retour raconte à son père que le lion a dit tu es son cousin qu’il ne voit aucun problème. Mais le père de singe non rassuré de ce qu’il venait d’écouter, demande avec insistance à son fils, quelle est la « première phrase que le lion a prononcée »; et le fils révéla: le lion a dit puisqu’on lui amène de la viande, il ne peut pas refuser. Voilà pourquoi depuis ce jour, les singes sont restés dans les arbres »…alors devrions nous y rester 40 ans ?

 

 

Donc de la cotonnade à la pantalonnade de l’accord, le désarmement s’oblige aux groupes armés de déposer les armes et à l’État d’offrir des contreparties mirobolantes et libératoires aux mépris de la justice, une justice que les centrafricains réclament avec véhémence. Et le gouvernement est ainsi pris en tenailles entre lire la justice ou dire l’injustice.

 

La paix est identifiée comme l’objectif principal du gouvernement. Mais à ce qu’est la paix, est à l’image d’un arbre qui se dresse sur des racines solidement enfoncées dans le sol et ses branches aux feuillages verts qui lui fournissent de l’oxygène. C’est pour ainsi dire que la paix repose sur beaucoup d’apports.

 

Si d’un côté le gouvernement se bat pour ramener la paix et que de l’autre côté, dans la conduite des affaires de l’État, on dénonce des pratiques de trafics, de détournements de l’argent public, d’expropriation des biens de l’État, de l’odeur de l’argent qui circule et infeste le système et ajouter à cela les embrouillaminis institutionnels, tout cela ne peut pas conduire à la paix.

 

La paix en RCA, a une double lecture. D’un côté il y a les groupes armés et les mafieux et de l’autre côté il y a les prédateurs de l’administration publique connus pour leurs actes de prévarications et qui ne sont nullement inquiétés. Ils affaiblissent l’État, ils mettent celui-ci en état d’insécurité de ses moyens pour assurer ses missions.

Ces indélicats doivent être traités comme des criminels au même titre que les groupes armés ; ils exercent la même fonction de prévarications. Les uns pillent le sous-sol et les autres le Trésor public.

 

Il faut pratiquer une gestion qui assure à l’Etat la sécurité des actifs publics. La bonne conduite des affaires de l’État est un objectif impératif et gage de sécurité.

Par exemple, développer des initiatives pratiques et institutionnelles, développer la société civile et renforcer la bonne gouvernance avec de nouveaux outils sont autant de voies des plus efficaces à explorer et le peuple y trouvera une forte raison de soutenir l’action du gouvernement par le temps qu’il prévaut. Le gouvernement doit faire émerger une révolution de la mentalité dans la fonction publique qui rompt avec le passé glorieux de l’affairisme pour une prise de conscience responsable des devoirs de l’État.

Bien que toute l’administration soit concentrée à Bangui, l’État n’a subi aucune transformation dans son fonctionnement. Et les vieilles pratiques et comportements des agents dans les services publics sont restés intacts et sans changement.

En effet, le fait de disposer des unités bureaucratiques dans des bâtiments ne signifie nullement être organisé. Encore faut-il élaborer des manuels de procédures administratives et financières qui définissent les responsabilités et les contrôles, les missions et les tâches à accomplir pour être efficace.

 

Comme le dit le père de l’organisation française FAYOL: « on ne contrôle que ce qui est organisé ». Et RENARD ajoute : « toute tâche qui n’est pas supervisée se dégrade ». La pensée de ces deux (2) auteurs résume l’état de la gestion publique centrafricaine.

La gestion de l’État ne suit pas un axe orthogonal et cela ne date pas d’aujourd’hui. L’État n’est pas organisé, il ne contrôle rien, il ne supervise rien. Il faut qu’il arrive à légitimer au sein de ses structures un contrôle interne systémique et efficace, qu’il ré-instruise et rende de façon ancrée les missions de la Cour des comptes. La Cour des comptes n’est qu’une image.

 

La mise en œuvre d’un contrôle interne permanent, permettra de prévenir non seulement toute action subreptice qui pourrait impacter la capacité de l’État à réaliser ses objectifs supposés fixés mais également à protéger le peu d’actifs publics qu’il met à la disposition de ses agents d’exécution.

Le contrôle interne n’arrive pas après que l’action soit terminée, le contrôle interne dote les entités d’un référentiel, indique les procédures à suivre pour accomplir les tâches et les contrôles intermédiaires nécessaires. Le contrôle interne favorise la mission de la Cour des comptes ayant un spectre d’action très large qui touche à la pertinence des politiques publiques.

 

L’administration est un outil au service des pouvoirs publics dans la mise en oeuvre des politiques publiques. Seulement la nôtre a évolué au gré des options et des valeurs privilégiées par les différents régimes. Somme toute faite, notre administration est restée dans un état de fébrilité effronté qui pénalise le développement de l’état. La bonne administration de la chose publique est un objectif impératif, un engagement présidentiel déjà pris dès au départ.

 

Par : Robert ENZA, entrepreneuriat politique.

 

 

 

 

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