Centrafrique : L’Association des victimes crie son ras-le-bol
Bangui, le 17 mai 2017.
Par : Fred Krock, CNC.
C’est à travers une marche pacifique qui a débuté, ce mardi 16 mai 2017, à la Place de la Réconciliation avec comme point de chute la Primature sur l’Avenue des Martyrs à Bangui que les victimes de Centrafrique ont exprimé leur ras-le-bol. Il s’agit de manifester leur mécontentement et leur désolation de voir que le sang continue jusqu’aujourd’hui de couler dans le pays, malgré qu’il y a déjà eu plusieurs victimes depuis les dernières crises. A la chute de cette marche à la Primature, les manifestants ont remis un mémorandum au Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji, avec des revendications claires à l’intention du gouvernement et de la Minusca.
Rien de bon sur le plan sociopolitique en Centrafrique, à en croire les éléments de l’actualité. Concomitamment aux défections en cascade des forces politiques jadis alliées à la majorité présidentielle pour regagner le camp de l’opposition, la situation sécuritaire à l’intérieur du pays s’embrase. Une centaine de morts sont déplorées, d’innombrables blessés ainsi que les déplacés et les réfugiés souffrent encore dans les derrières violences de Bangassou, Alindao et Niem-Yéléwa.
Face à cette situation qui se dégrade au jour le jour, l’Association des victimes de Centrafrique, sous l’impulsion de leur coordonnateur national, Hervé Lindamon n’en peuvent plus de rester bras croisés, surtout qu’en tant que victimes, ils croient déjà payer le prix avec le sang martyr qui a coulé par le passé. Autrement dit, toute crise soit-elle une guerre, a toujours une fin et ; après, le temps doit revenir à la restauration d’un climat de paix. Alors pourquoi en Centrafrique, la crise ne s’arrête pas ? C’est du moins le sens de ras-le-bol exprimé par les victimes à travers leur marche pacifique.
Devant le Premier ministre, Simplice Mathieu Sarandji, obligé de sortir de son bureau pour écouter et calmer les manifestants, les victimes ont présenté des revendications claires, contenues dans le mémorandum dont lui-même, la Minusca et beaucoup d’autres institutions de défense des droits de l’homme ont été destinataires d’une copie. Dans le mémorandum lu par le Président des victimes de Kaga Bandoro, Basile Djam-Ndo, les victimes demandent :
Au gouvernement de : privilégier le droit des victimes à la justice et aux réparations ; renforcer la sécurité à Bangui et dans l’arrière-pays ; déployer d’urgence une mission conjointe Faca-Minusca dans la Basse-Kotto et la Haute-Kotto ; identifier et traduire devant la justice les acteurs et complices des actes de violences perpétrés sur le territoire centrafricain ; lancer un mandat d’arrêt international à l’endroit des chefs de guerre et leurs complices qui sèment la désolation au sein des paisibles citoyens centrafricains ; assainir les localités sinistrées par de vastes opérations de nettoyage, de désinfections, de canalisation et d’ouverture des voies de communication ; impliquer les associations des victimes officiellement reconnues dans les initiatives en faveur des victimes.
A la communauté internationale de : appuyer sans relâche les efforts du gouvernement pour le retour de la paix et de la sécurité sur toute l’étendue du territoire ; appuyer les efforts du gouvernement et veiller au processus de la justice transitionnelle en ce qui concerne ses piliers que sont la ‘’justice’’, la ‘’réparation’’ et la réconciliation ; mobiliser les ressources nécessaires pour la prise en charge des victimes.
Aux hommes politiques de : s’unir avec le gouvernement pour la recherche des solutions durables pour la paix en Centrafrique ; cesser toute initiative machiavélique pouvant entrainer de nouvelles victimes en Centrafrique.
Aux victimes et parents des victimes de : se mobiliser et défendre leurs droits.
Notons qu’en réceptionnant le mémorandum des victimes, Simplice Mathieu Sarandji les a rassurés d ce que la « justice sera faite ». Comme à ses habitudes, le Premier ministre n’a pas loupé ceux des leaders politiques affichés dans l’opposition. D’ailleurs, il les pointe d’un doigt accusateur, ceux des leaders politiques ayant soutenu le régime de la coalition Séléka avec Michel Djotodia d’être les têtes pensantes de toutes les situations malheureuses que le pays a connues et que les Centrafricains continuent de vivre les effets néfastes ce jour.
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