Centrafrique : l’assassinat des trois journalistes russes, le doute persiste
Bangui, 2 août 2018 (CNC) –
Impossible d’imaginer ce qui se passe dans ce pays en ce moment. Avec les Russes, tout est possible. Depuis l’assassinat des 3 journalistes russes dans la nuit de lundi à mercredi 1er août proche de la ville de Sibut, les Centrafricains commencent à découvrir tout doucement la réalité des choses qui se cachent dans ce pays d’Afrique centrale.
Pour la première fois en République centrafricaine, même si on n’ose pas le dire, on assassine trois journalistes, étrangers ou nationaux, même au temps fort de la crise qui touche le pays. Ce qui a provoqué d’énormes inquiétudes et des interrogations sur les circonstances réelles de cet assassinat.
Que s’est-il passé ?
Selon plusieurs sources recoupées, les trois journalistes russes assassinés ont manifesté un intérêt depuis la semaine dernière de visiter la ville centrafricaine de Kaga-Bandoro cette semaine après leur réportage à Bérongo la semaine dernière. Des contacts ont été pris avec certains chefs rebelles de la Séléka à cet effet.
Entre temps avant leur départ pour Kaga-Bandoro, les trois journalistes auraient pris le soin de solliciter le conseil de leurs compatriotes soldats russes à Bangui.
À leur arriver dans la ville de Sibut le lundi dernier, ils ont rencontré les soldats de l’armée nationale (FACA) à 5 kilomètres de la sortie de la ville. Connaissant le terrain, les FACA leur auraient déconseillé ce déplacement nocturne, mais dans le doute, ils ont préféré appeler un de leurs compatriotes russes pour demander son avis. Puis ils ont dit aux FACA par la suite qu’ils peuvent partir, il n’y a pas de danger réel sur la route. Devant leur insistance, les FACA les ont laissé partir entre 23h27 et minuits.
Chose étonnante, les trois journalistes russes avec leur chauffeur centrafricain ont été arrêtés par un groupe des hommes armés à seulement 18 kilomètres de la barrière des FACA. Aussitôt arrêtés, les trois journalistes ont été assassinés et leur chauffeur centrafricain, lui, est épargné.
Alors, selon le chauffeur des trois journalistes présentement en garde à vue à Bangui, il explique pour sa part que les auteurs de ce crime parlent une langue autre que le sango (langue nationale) ou le français. Bizarrement, les trois journalistes semblent bien comprendre ce que leur disent les assaillants. Ils ont mis la cagoule sur leur tête pour cacher leur visage comme des commandos.
Mais qui sont réellement ces mystérieux assassins ?
Pour beaucoup des centrafricains, y compris les habitants de Sibut, l’acte criminel posé ressemble difficilement à ceux des groupes armés dans le pays car, les assassins semblent chercher d’autres choses que de l’argent. Ils ont ciblé en priorité l’un des trois journalistes qui est de grande taille et musclés. Il voudrait fouiller ses poches, mais le journaliste refuse et résiste. En conséquence, il était le premier à être abattu devant ses collègues journalistes.
Ce qui est probable, les assassins de ces trois journalistes russes se trouvent ailleurs que parmi les groupes armés. Une source indépendante contactée par CNC parle d’un assassinat programmé et ciblé. Même certains journalistes russes, Ukrainiens,Suèdois et Biélorusses qui sont nombreux à contacter la rédaction du CNC doutent sérieusement de la version dans laquelle on tente d’indexer les groupes armés d’être derrière cet assassinat.
Le gouvernement, qui ne contrôle rien dans ce pays, est loin d’être impliqué dans ce genre de chose.
À Moscou, l’Ambassade de la RCA est restée fermer depuis hier sur ordre de l’ambassadeur en personne qui justifie sa décision par la présence des nombreux journalistes russes devant la chancellerie. Le diplomate centrafricain s’inquiète d’un acte de représailles sur son personnel, selon notre source depuis Moscou..
Affaire à suivre… Seul Dieu qui détient la vérité sur cette affaire.
Bangui, Gisèle Moloma pour CNC.
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