Rédigé par LHRD
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mardi 9 août 2022
Bangui (République centrafricaine) – Les pourfendeurs de la démocratie ont encore marché ce samedi. Cette fois, pour dire « oui au projet du référendum constitutionnel », nonobstant les vrais défis auxquels ils sont confrontés chaque jour en tant que citoyens. Difficultés d’accès à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation, aux soins de qualité, aux nouvelles technologies d’information et de communication, bref au minimum vital.
Marche de la honte
Ils ont oublié de manifester contre la misère, l’extrême pauvreté qui frappe de plein fouet plus de 2.5 millions de centrafricains. Ils ont surtout oublié de manifester contre la dilapidation des ressources publiques, le bradage historique des biens du sol, du sous-sol et de la nationalité centrafricaine ; ce qui, inévitablement, les rendra esclaves sur leur propre terre. Ils sont formidables, ces marcheurs ! Et tout ça, pour deux dollars comptant…
Pourquoi ne pas être d’accord avec feu Me Zarambaud Assingambi, qui disait de la Centrafrique : « pays de paradoxe et des records négatifs » ?
Oui, les records du samedi 05 Aout ont dépassé l’entendement humain. Cela restera à jamais gravé dans l’histoire de la démocratie de ce pays.
Depuis soixante douze heures, les démocrates sont dévastés. Ils sont atteints au plus profond de leur âme. Voilà la démocratie chèrement acquise, au prix du sang de nos martyrs régresser de mille pas. Comment en sommes-nous venus à cette théâtralisation de la vie politique en Centrafrique ? Une jeunesse soudoyée pour défendre la liquidation de la démocratie ?
Les détails de la mascarade du samedi dernier sont tous aussi nombreux.
Il nous souviendra que le ministre de l’intérieur avait pris un arrêté interdisant les marches publiques en Centrafrique. De toute évidence, il parait que cette mesure ne s’applique pas aux soutiens du pouvoir. Inquiétant « deux poids, deux mesures » pour un pays dont le caractère démocratique ne s’exprime désormais que par l’existence des institutions fantoches. Jamais dans l’histoire de ce pays, les institutions de la République n’ont été aussi instrumentalisées.
Pour un gouvernement qui se veut responsable, on n’avait pas aussi besoin de cette danse de singes. Que le pouvoir trouve « caduque » l’actuelle Constitution, il devrait mieux faire en convoquant un vrai débat citoyen (avec toutes les sensibilités politiques et sociales), sur l’opportunité de changer la Constitution. Dommage que la marque de fabrique de ceux qui sont à la manette, est la fuite en avant, les raccourcis politiques et intellectuels. Dommage surtout qu’une question aussi capitale que celle de changement de la Constitution est depuis confiée à des mains peu expertes.
Rien de plus curieux que la démarche de changement de la constitution ourdie au sommet de l’Etat, ne cesse d’exposer ses incohérences.
Comment vouloir la tenue d’un référendum lorsqu’on sait que toute la machine de l’Etat est désormais acquise à la cause du régime ?
Ce qui se passe, sous notre regard impuissant, n’est rien d’autre qu’un coup de force démocratique, une tentative périlleuse de confiscation du pouvoir de l’Etat. Au demeurant, toutes les grandes voix du pays s’accordent à dire que du changement de la Constitution, ce n’est ni la forme, ni le moment.
Il parait surtout que les artisans du changement de la Constitution ont 11 milliards pour financer le référendum, mais pas 4 milliards pour construire de nouvelles écoles, préparer l’avenir de ces « générations sacrifiées » sur l’autel des intérêts catégoriels.
Il n’est pas tard pour le régime de se rendre compte de ses dérives totalitaires et de finir le reste des quatre années pour lesquelles il a été reconduit avant de vouloir se maintenir coute que coute au pouvoir quitte à marcher sur les cadavres des centrafricains.
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