CENTRAFRIQUE : LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN QUESTION
Bangui, le 15 mai 2017.
Par : JOSEPH AKOUISSONNE
PLAIDOYER POUR UNE PRESSE LIBRE
Attaques contre les médias. Intimidations et incarcérations de journalistes. Pire : assassinats. En 2016, 8 journalistes ont été tués en Centrafrique.
La répression contre eux n’est jamais bon signe pour la démocratie. Car les journalistes en sont « les chiens de garde ». Ils sont le relais entre le peuple et ceux qui détiennent le pouvoir. Ils sont les anges gardiens de la liberté d’expression. C’est pourquoi ils doivent être protégés par les autorités. Rien ne doit entraver leur liberté d’expression. On ne doit en aucune manière les forcer à révéler leurs sources. Leur liberté de mouvement ne doit subir aucune restriction.
Quand on s’attaque à la liberté des journalistes, c’est la liberté des citoyens qu’on agresse. La chasse aux journalistes est le signe avant- coureur d’un pouvoir autoritaire qui mène à la dictature. Tenter de les museler, de confisquer leurs plumes, de couper leurs micros, d’éteindre leurs caméras pour les rendre aphones, c’est souvent le signe d’un pouvoir faible qui a des malversations à cacher au peuple. Ce n’est jamais bon.
On peut craindre que, dans l’entourage du président Touadera et de certains de ses ministres, des pressions se fassent sentir pour empêcher que l’information circule librement. Un pays comme le Centrafrique ne peut pas se payer le luxe de s’attaquer à la liberté d’expression : il doit, au contraire, la promouvoir. Car les journalistes sont des acteurs incontournables dans l’essor d’un pays.
C’est pourquoi il faut absolument donner au Haut Conseil de la Communication (H.C.C.) les moyens dont il a besoin. Ce n’est pas la peine d’instituer un organisme si on ne lui accorde pas les ressources suffisantes pour fonctionner. Un budget conséquent devrait être dégagé pour subventionner la presse, rétribuer correctement et régulièrement les journalistes, afin d’éviter qu’ils ne deviennent des parias, des proies pour toutes sortes de manipulateurs.
LES DEVOIRS DES JOURNALISTES
Il va de soi que les journalistes doivent observer les lois qui s’imposent à tous les citoyens centrafricains. Un journaliste digne de ce nom doit s’abstenir de toute diffamation. Il doit respecter la dignité des personnes et la présomption d’innocence. Son travail consiste essentiellement à rechercher, à vérifier, à hiérarchiser, à commenter et à publier des informations de qualité. Il doit faire preuve d’esprit critique, rechercher la véracité, l’exactitude, l’équité, l’intégrité et l’impartialité. Le détournement des images, le mensonge, la déformation des faits, les censures et l’autocensure, sont des dérives professionnelles que le journaliste doit éviter.
Le journaliste doit respecter scrupuleusement la charte de l’éthique et de la déontologie.
Le peuple centrafricain doit avoir le droit à une information libre, divulguée par des journalistes libres.
JOSEPH AKOUISSONNE