Bangui, République centrafricaine, samedi, 30 janvier 2021 (Corbeaunews-Centrafrique). Depuis la réélection du président de la république proclamée par l’Autorité Nationale des Élections (ANE) et confirmée en dernier ressort par la cour constitutionnelle, la situation sécuritaire du pays n’a pas changé entraînant de facto l’enlisement du processus électoral corollaire d’un blocus sans précédent. Le couvre-feu suivi d’un état d’urgence et peut-être d’un éventuel état de siège n’a pas annihiler les velléités guerrières des groupes armés coalisés de la CPC.
En effet, l’opposition démocratique représentative a refusé de reconnaître la légitimité du président réélu, on remarque ainsi une impasse décisionnelle du pouvoir et surtout l’irréversible capacité de nuisance de la coalition des patriotes pour le changement (CPC) qui n’est plus à démontrer nonobstant la puissance de feu des forces alliées composées des forces armées centrafricaines, des forces onusiennes ainsi que des partenaires de la Russie et du Rwanda.
Il apparaît important de rappeler que ce statuquo légendaire entraîne des conséquences néfastes sur l’économie du pays déjà fragilisée, la scolarité saupoudrée, le gel de maigres emplois, la santé etc. Malgré cet immobilisme sécuritaire dérivé d’un quinquennat chaotique, hésitant et indécis qui commence à agacer la communauté internationale, le peuple meurtri, affamé et surtout animé par le nationalisme a défié la peur pour confier au président de la république un deuxième mandat.
Armé de la confiance du peuple, l’élu de la nation doit se débarrasser de son orgueil sans limite et se faire violence soit en optant pour la guerre s’il a les moyens matériels, militaires et financiers soit de convoquer les forces vives de la nation pour un dialogue politique inclusif inter-centrafricains soit d’accepter un arbitrage ou une médiation internationale, régionale ou sous-régionale qui le priverait de certaines de ses prérogatives présidentielles.
Nous sommes conscients que le choix qui s’impose au président de la république sera délicat et difficile mais l’essentiel est de mettre en relief l’intérêt supérieur de la nation pour que le peuple puisse enfin jouir d’une paix durable.
Inquiet de l’issue improbable de la crise, le citoyen lambda s’interroge :
s’agissant de l’option militaire, le pouvoir de Bangui a t-il une idée de la fin de la guerre ? Quelles sont les éventuelles solutions plausibles si l’insécurité perdure ? Qui va payer la lourde facture de cette guerre fratricide ? Pendant combien de temps la communauté internationale va t-elle nous perfuser en assurant la sécurité de notre pays ? En ce qui concerne le dialogue politique inclusif, l’on s’interroge si le dialogue politique conseillé jadis par la cour constitutionnelle et vivement réclamée par l’opposition est-il l’ultime remède efficace et durable ? En outre, pourquoi le pouvoir de Bangui et ses démembrements ont-ils toujours un doigt accusateur sur l’opposition démocratique qui n’a pas d’armes ?
Peut-on envisager valablement une démocratie sans opposition au 21eme siècle ? Si le principe du dialogue politique inclusif est acquis, peut-on imaginer la participation de l’opposition armée représentée par les groupes armés coalisés ? Enfin pour la médiation internationale qui est un mode de règlement diplomatique de la crise, les centrafricains sont-ils encore prêts d’accepter une énième humiliation de nos responsables politiques à l’étranger ? Cette énième médiation n’est-elle pas un autre moyen de nous imposer (contre notre volonté) un plan de sortie de crise qui ne reflète pas nos réalités socio-politiques ?Nous estimons que la solution à la longue crise politique n’est ailleurs qu’en Centrafrique avec des acteurs nationaux.
Pour ce faire, nous invitons les autorités établies de n’écarter aucune piste et surtout de privilégier l’union sacrée des forces vives de la nation pour combattre solidairement les ennemis du peuple.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.
Paris le 29 janvier 2021.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.