Bangui, République centrafricaine, samedi, 19 juin 2021, 03:24:42 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Au lendemain de la réélection peu contestée du président de la république, la tradition républicaine née des faits constitutionnels impose au premier de déposer sa démission ainsi que celle de son gouvernement. Après deux mois de moult hésitations et tractations incomprises par l’opinion publique, le premier ministre a enfin rendu son tablier. Comme une bouffée d’oxygène, le président de la république a désigné par décret un nouveau premier ministre qualifié par les médias locaux et internationaux de compétent, pragmatique et politiquement modéré. Dès la passation de service, le nouveau premier ministre a marqué son territoire de son empreinte en définissant trois (3) axes prioritaires comme « cheville ouvrière » de sa nouvelle mission.
En effet, le nouveau locataire de la tour Petroca a d’abord évoqué la relance de l’économie, ensuite le renouvellement des relations avec les traditionnels partenaires au développement y compris la France, et enfin la mobilisation des ressources financières au profit du pays.
Dans l’optique d’atteindre promptement ses différents objectifs, le nouveau chef du gouvernement a multiplié des rencontres avec les différents acteurs de la vie politique en vue de s’imprégner des attentes et des réalités de terrain afin de décrisper globalement le climat politique, sécuritaire, diplomatique.
C’est ainsi que le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU auprès de la Minusca, l’ambassadeur de France accrédité en Centrafrique, le représentant du président de la commission de l’Union Africaineen Centrafrique et les membres de la Coalition de l’Opposition Démocratique (COD 2020) ont été reçu chacun à son tour.
Il importe de rappeler à ce stade qu’à la sortie de cette audience, la COD 2020 réclame toujours l’organisation d’un dialogue politique inclusif sous la supervision d’un médiateur international en vue de définir un consensus national à la crise centrafricaine. Conscient de la délicatesse de la mission du nouveau premier ministre qui s’apparente à un gâteau empoisonné pouvant impacté négativement son avenir politique, le citoyen lambda s’interroge :
Le nouveau premier ministre sera t-il à la hauteur de sa charge ?
Par ailleurs, le chef du gouvernement avait-il obtenu des gages et garanties nécessaires avant d’accepter cette mission ?
L’influence du parti au pouvoir qui monopolise les principales institutions de la république à l’instar de la présidence, de l’assemblée nationale et de la primature ne constitue t-elle pas un obstacle à la mission du premier ministre ?
La nomination du nouveau premier ministre rapproche t-elle la Centrafrique des partenaires et pays qui ont pris leur distance ?
De nouvelles négociations sont-elles envisageables pour le dégel de l’aide budgétaire française ?
Le nouveau chef du gouvernement mettra t-il un terme au partenariat tous azimuts avec les mercenaires du groupe Wagner ?
Entend t-il mettre en place un gouvernement dit inclusif ou de large ouverture ?
Dans l’affirmative, que deviendrait alors le dialogue républicain prôné par son « faiseur de roi » ?
Le retard dans l’officialisation du gouvernement est-il du aux difficiles négociations et manœuvres des coulisses ?
En tout état de cause et loin de délivrer un chèque en blanc au nouveau chef du gouvernement, nous attendons des actions concrètes pour apprécier. Rendez-vous est ainsi pris pour les cent (100) premier jours pour juger de l’allure de la courbe géométrique made in Dondra.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.
Paris le 18 juin 2021.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.
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