Bangui (CNC) – Les élections couplées de décembre 2015 c’est à dire les législatives et présidentielles se sont déroulées dans des conditions de transparence peu crédibles. Un pouvoir malgré tout légitime, salué par l’opinion publique et la communauté internationale en est dérivé ouvrant la voie royale aux attributs d’un État dit démocratique.
Toutes les forces vives de la nation c’est dire les partis, mouvements ou associations politiques, les syndicats, la société civile, les congrégations religieuses et autres corps constitués de l’Etat ont accordé un délai de grâce politique au nouveau pouvoir car tous convergeaient dans la reconquête de la paix, condition sine qua non de tout projet de développement. Ces atouts démocratiques associés à l’héritage de la transition devraient marquer le début d’un processus de véritable reconstruction d’un État en perte de repères et déchiré par une longue guerre civile fratricide.
Il est important de rappeler que c’était la première fois que la destinée de la nation centrafricaine soit confiée à un universitaire qui a servi par le passé comme premier ministre c’est à dire sensé maîtriser les basiques de l’administration synonyme de la bonne gouvernance. Très vite, les vieux démons ont rattrapé le natif de « Damara »qui jurait au nom de tous les « dieux » ne pas vouloir de supports de propagande à son effigie.
L’ethnicisme et le régionalisme coloré par la notion de « Dénassé » avec le slogan oligarchique de « Mouiller le maillot » sont redevenus à la mode au détriment des attentes prioritaires d’un peuple meurtri. La corruption, les détournements de deniers publics, l’escroquerie à grande échelle, l’envie de vite amasser les fortunes, les maisons et les comptes bancaires à l’étranger que les pouvoirs précédents habite nos autorités. Pour réaliser leur projet macabre sans se heurter au veto des élus du peuple, le Président des « pauvres » a solliciter les services de l’ancien Président de l’assemblée nationale qui était encore un allié du pouvoir pour réécrire les termes de l’article 60 de la constitution par la maudite Cour constitutionnelle. C’est ainsi que tous les scandales politico-financiers et les magouilles de tout envergure de la mandature dont les derniers concernant la délivrance sur fond de braderie des permis miniers et d’exploitation forestière au Chinois trouvent leur source.
Toutes ces magouilles organisées par le pouvoir ont la noble particularité de ne jamais connaître une suite judiciaire paradoxalement à la notion « d’impunité zéro » prônée par nos autorités. C’est dans ce contexte qu’une fameuse et budgétivore Cour pénale spéciale est étouffée dans l’œuf sans appeler un accusé à la barre.
En outre, la magouille née du bradage de notre souveraineté nationale ( pourtant à valeur constitutionnelle ) à travers l’octroi de marchés de délivrance de documents d’identité centrafricaine aux entreprises étrangères n’est que l’aboutissement d’un long processus de déconfiture amorcé par un pouvoir moribond, irresponsable, animé par des amateurs et parvenus de tout bord.
Face à l’autosatisfaction euphorique et démagogique de nos autorités, le citoyen lambda s’interroge :
Ce pays agonisant et sous perfusion internationale mérite t-il ce genre de traitement ? A l’état actuel des choses, que reste t-il de l’héritage de la transition ? Quel changement en terme de valeur ajoutée ce pouvoir a t-il apporté à la Centrafrique ? Que diront nos autorités politiques légitimement élues devant le tribunal de l’histoire ? Quelle est la réaction de la fameuse Cour constitutionnelle devant le bradage de notre souveraineté nationale ? Quelle est l’utilité de cette haute et budgétivore autorité de bonne gouvernance qui ne propose rien du tout au pouvoir ?
A ce stade de déconfiture de la gouvernance, le centrafricain peut-il encore espérer et croire à la justice de son pays ?
Au delà de tout ce qui précède, les autorités légitimement élues doivent réparer sans conditions les préjudices et entorses à la constitution, de traduire les criminels de guerre devenus alliés par la force des choses devant les tribunaux nationaux et internationaux. Cette dernière démarche est le corollaire de l’abrogation des décrets portant nomination des criminels au gouvernement ainsi que dans les hautes fonctions politiques, administratives et militaires. L’élu du peuple doit être en phase avec ce dernier avec des réformes légales adaptées aux attentes prioritaires du peuple. La démagogie et le mensonge ont assez duré…place maintenant à la vérité car le peuple n’est pas dupe et sanctionnera au moment opportun. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.
Paris le 26 juillet 2019.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.