Publié par: Corbeau News Centrafrique.
Un montant d’environ 576,5 milliards de francs CFA (1,153 milliard USD) est prévu d’être mobilisé par les autorités centrafricaines pour la relance de l’ économie nationale, un des piliers principaux du Programme d’ urgence pour le relèvement durable, a révélé à Xinhua la ministre centrafricaine de l’Economie, du Plan et de la Coopération internationale, Florence Limbio.
“Nous avons prévu pour les trois ans un montant de 576,5 milliards(de francs CFA) de besoins de financement. Nous pensons que l’Etat devrait intervenir pour une petite partie, puisque nous n’avons pas beaucoup de ressources propres, mais nous sommes en train de travailler avec les bailleurs de fonds pour pouvoir obtenir le financement de ces projets”, a expliqué la ministre de l’Economie dans une récente interview avec Xinhua à Bangui.
L’utilisation de ces fonds, a-t-elle précisé, porte sur deux priorités : la mise en oeuvre des réformes économiques et financières puis la promotion d’une croissance vigoureuse et durable, un objectif qui implique la réhabilitation de l’outil de production des entreprises du secteur privé touchées par les pillages perpétrés par les groupes armés en conflit dans le pays, à savoir les ex-rebelles de la Séléka et leurs adversaires des milices anti-Balakas.
Les effets de cette crise sont néfastes sur les performances économiques globales. De 4% en 2012 après un rebond par rapport à l’année précédente où elle s’établissait à 3,3%, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a enregistré une contraction de 39,7% en 2013, selon les estimations officielles qui chiffrent à environ 30 milliards de francs CFA (60 millions USD) les pertes subies par les entreprises. Cette détérioration des indicateurs économiques s’est accentuée avec le recul de l’investissement public de 163,5 milliards de francs CFA (327 millions USD) en 2012 à 124,2 milliards (248 millions USD) en 2013, suite à la suspension provisoire des décaissements des principaux projets financés par le Fonds international pour le développement agricole (FIDA), la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). La prise du pouvoir de Michel Djotodia et de son ex-coalition rebelle de la Séléka le 24 mars 2013 à Bangui avait mis un coup d’ arrêt à un retour en grâce de la République centrafricaine (RCA) auprès de ses partenaires au développement à travers un accord conclu par le gouvernement en juin 2012 avec le Fonds monétaire international (FMI) pou un programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC).
RETOUR DES CHANTIERS
“Les bailleurs de fonds ne nous ont pas laissé tomber. Ils étaient à nos côtés depuis l’élection de Madame la présidente de la République, la formation du gouvernement. Nous avons commencé à travailler très rapidement avec tous les bailleurs : l’Agence française de développement, la France à travers son ambassade, l’ Union européenne, la Banque mondiale”, soutient la ministre de l’ Economie.
“Le dernier bailleur avec lequel nous avons commencé à travailler très sérieusement, nous avons d’ailleurs signé beaucoup de conventions, c’est la BAD qui est en train de nous décaisser 11 milliards de francs CFA (22 millions USD) dans le cadre de l’aide budgétaire”, poursuit-elle.
Avec l’aide de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), de la force française Sangaris puis de la force européenne Eufor, le climat sécuritaire s’est considérablement amélioré à Bangui. Dans ce contexte, la capitale centrafricaine connaît en effet peu à peu le retour des chantiers routiers et immobiliers interrompus à cause des violences.
“Il y a pas mal de choses qui se font dans la ville de Bangui. C’est vrai qu’à l’intérieur du pays, compte tenu de l’insécurité, nous n’avons pas encore implémenté un certain nombre de projets. Mais nous pensons qu’avec l’arrivée des forces des Nations Unies, si on commence à avoir un peu de sécurité à l’intérieur du pays, nous allons reprendre nos activités de pôles de développement par exemple”, insiste la ministre.
Avec la Banque mondiale, les autorités de transition centrafricaines comptabilisent une aide de 10 milliards de francs CFA (20 millions USD) pour le paiement de deux mois de salaires des fonctionnaires civils, sur quatre promis. Le même montant a été alloué au profit de la relance agricole.
C’est aussi le volume d’un financement accordé par le FMI en faveur de la balance de paiement dans le cadre de la Facilité de crédit rapide. Pour l’heure, 6 milliards frans CFA de ces fonds ont été décaissés et l’opération a été suspendue en raison, selon la ministre, de quelques incompréhensions.
“C’est vrai qu’il y a eu quelques petits soucis au niveau de l’ utilisation de certains fonds, mais je pense qu’il faut que nous, gouvernement centrafricain, on explique et convainque le Fonds monétaire qu’il n’y a pas eu de problème particulier. De toutes les façons, nous sommes toujours en négociation avec eux. Il y a eu une mission qui est prévue d’arriver en Centrafrique bientôt”, affirme la ministre.
ACCROISSEMENT DES INVESTISSEMENTS
Pour ses trois années d’exécution, le Programme d’urgence pour le relèvement durable est porté à un coût global de 1 500 milliards de francs CFA (3,33 milliards USD), soit en moyenne 500 milliards par an. L’apport propre de l’Etat centrafricain est estimé à 8,73%,soit 131 milliards (291 millions USD), le reste devant provenir des bailleurs de fonds.
Les autorités tablent sur un accroissement des investissements de l’ordre de 3,8% en 2014 et 5% en 2015, synonyme d’une reprise de la croissance à 1,3% et 5,1% au cours des deux années, suivie d’ un bond spectaculaire à 8,2% en 2016.
Cette évolution des indicateurs dépendra cependant de la normalisation de l’activité sur le corridor Douala-Bangui par où transitent les échanges commerciaux de la RCA avec l’extérieur. Car à cause de l’insécurité les opérations se limitent pour le moment à deux convois hebdomadaires sécurisés de marchandises avec le concours des forces internationales.
“Deux fois par semaine, c’est vraiment insuffisant. C’est vrai que la MISCA a des problèmes d’effectifs et qu’on ne peut pas faire plus que ça. Mais je pense qu’avec l’arrivée de la MINUSCA ( Mission de maintien de la paix des Nations Unies) on pourra négocier pour qu’il y ait plus de rotations. Avec l’arrivée des forces des Nations Unies, on aura une demande très forte”, assure Florence Limbio.
Par: XINHUANET