Centrafrique : école nationale de la police, quand les élèves policiers crèvent de la faim.
En formation à l’école nationale de la police depuis plus de cinq mois, des dizaines des élèves policiers, très mal nourris, souffrent sévèrement de la faim depuis près de deux mois.
« Ici, on souffre énormément de la faim, mais on ne peut rien dire pour éviter d’être chassé de l’école », a expliqué à CNC un élève policier encore en formation au centre du PK10.
Même si les élèves, dans leur majorité, ne demandent pas à leurs chefs d’être logés comme dans une résidence hôtelière, ils demandent néanmoins d’être bien nourris.
D’après notre enquête, le problème de la malnutrition sévère qu’on a pu constater sur place ne vient pas de problème du budget, mais du détournement abusif des fonds ou de la nourriture de l’équipe administrative de l’école.
Imaginons un seul instant, pour une journée par exemple, on donne des œufs bouillis avec de l’huile, accompagnée de la boule de manioc aux élèves pour leur déjeuner, suivi des pommes de terre cuites avec de l’eau dans lesquelles, chaque élève a droit à deux pièces dans sa gamelle pour le soir.
Alors qu’auparavant, c’est l’hôtel Azumut qui livre quotidiennement de la nourriture aux élèves, mais le contrat est résilié pour la simple raison que les plats livrés n’ont pas été bien cuits.
Dorénavant, c’est l’école qui prépare elle-même pour ses élèves, avec tout un tas de désordre et du détournement de l’équipe dirigeante.
Pour chaque livraison, de la viande, du poisson ou des œufs, etc., l’équipe dirigeante, commençant par le Directeur, a droit chacun à sa part qu’on doit remplir dans un sac pour déposer chez eux à la maison.
Cependant, les élèves, mal nourris et qui n’ont plus assez des forces, sont contraints de sortir pour le sport le lendemain.
Comment peut-on former une équipe dynamique pour le maintien de l’ordre dans un pays avec tout ce bricolage ?
« Ventre affamé n’a plus d’oreilles », dit-on. Comment les élèves peuvent-ils bien comprendre leur cours s’ils sont déjà affamés ?
Ici, on forme les gardiens de la paix ou des racketteurs ?
Affaire à suivre…
Gisèle Moloma pour CNC.