Bangui (République Centrafricaine) – Classée parmi les pays les plus pauvres et corrompus au monde, la République Centrafricaine est depuis 2013 secouée par des crises politico-militaires qui ont littéralement détruit tous ses tissus économiques et sociaux. Dans ce contexte d’insécurité chronique, l’appui multiforme des organisations internationales a permis à plus de la moitié des populations centrafricaines d’accéder à l’aide humanitaire de dernier recours. Malheureusement, cette aide d’urgence est de plus en plus menacée à cause des groupes armés, mais également des forces gouvernementales. Comment ?
En Centrafrique, les ONG nationales tant qu’internationales célèbrent la journée des ONG aujourd’hui sur le terrain de football de l’Université de Bangui. Une raison de plus de nous intéresser aux tracasseries auxquelles les acteurs humanitaires font face au quotidien à cause des hommes en armes.
Selon le programme des nations unies pour le développement (PNUD), au moins trois centrafricains sur cinq vivent sous le seuil de pauvreté, et environ 400 000 personnes déplacées par les conflits. Ceci dit, l’insécurité et son impact négatif sur les moyens d’existence continuent de limiter l’accès des ménages vulnérables à la nourriture, aggravant davantage l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. C’est dans ce contexte que les partenaires internationaux de la RCA se sont mobilisés pour intervenir, à travers le mécanisme de réponse d’urgence rapide, afin de secourir les populations vulnérables. Malheureusement, certains compatriotes centrafricains, que ça soit dans les groupes armés ou les forces de défense et de sécurité (FDS), pour des intérêts personnels et égoïstes, ont délibérément choisi de s’enrichir illégalement sur le dos de ce peuple meurtri.
Ce qui est choquant dans cette affaire, c’est l’imposition des diverses et mystérieuses taxes douanières et fito sanitaires sur les produits agricoles et humanitaires à destination des villes de provinces.
Que ça soit du côté des groupes armés ou des forces gouvernementales, tous les produits humanitaires (médicaux, alimentaires ou agricoles), à destination de Bangui où des villes de provinces sont systématiquement soumis à des taxes illégales, et cela est érigé étonnamment à une règle.
À titre d’exemple, la semaine dernière, un camion de FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et Agriculture), transportant des outils et produits agricoles destinés aux bénéficiaires dans les villes de provinces, avait été bloqué au tristement célèbre poste de contrôle des forces de l’ordre au PK26 sur la route de Damara. Les raisons évoquées, le transporteur doit s’acquitter de taxes sur les produits transportés. Après quelques minutes de discussion, une somme de 20 000 FCFA a été versée, aux forces de l’ordre. Malheureusement quelques kilomètres plus loin, le camion est de nouveau bloqué. Cette fois, ce sont des agents des eaux et forêt qu’il faut graisser les pattes avec un pot-de-vin. Le transporteur verse une somme de 15 000 FCFA avant de continuer sa route. A l’entrée et à la sortie, le transporteur fait sortir 35 000 FCFA pour assouvir l’appât de gain sordide des forces de l’ordre.
Cette pratique mafieuse, loin d’être isolée, est malheureusement très répondue sur tout le territoire national sans que le gouvernement ne se prononce.
Pour les observateurs socio-économiques nationaux, le Gouvernement doit agir rapidement pour mettre fin à ce genre de racket des populations dans le pays.
Affaire à suivre….
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