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Centrafrique : Abdou Karim Meckassoua, démolisseur de la République

 

Centrafrique : Abdou Karim Meckassoua, démolisseur de la République

 

 

 

Le President de l'Assemblée Nationale Abdoul Karim MECKASSOUA.
Le President de l’Assemblée Nationale Abdoul Karim MECKASSOUA.

 

Bangui, le 20 juillet 2017

Par : Anselme Mbata,  CNC, 

 

Aujourd’hui 20% de la population centrafricaine, soit un million de personnes sont soit des déplacés internes, soit des réfugiés dans les pays frontaliers. De plus, la moitié de la population dépend de l’aide humanitaire si l’on en croit les agences onusiennes des domaines de la santé, l’alimentation et l’humanitaire (OMS, FAO, OCHA, etc.).

 

Et comme le rappelait tout récemment, le Ministre Théodore Jousso, Porte-Parole du gouvernement : « 14 des 16 provinces du pays sont aujourd’hui sous la coupe de groupes armés », soit 80% du territoire national ayant basculé dans une zone véritablement rouge car aux mains des groupes armés. La faiblesse sans cesse croissante des autorités de l’Etat ont laissé les «mercenaires terroriser les civils à volonté alimentant ainsi un cycle d’attaques provocatrices et de représailles unitile persistant » comme le rappelait Lewis Mudge, chercheur-senior auprès de la division Afrique de Human Rights Watch. Les attaques contre les troupes de l’ONU sont la manifestation du ras le bol de la population dont certains éléments se transforment en auto défense et tentent de répondre farouchement, bien sans égaux moyens surtout aux contingents marocains de la minusca qui confondent toute la population comme porteur d’armes.

 

La conséquence immédiate de cette situation est l’embrigadement de tous les opérateurs économiques du pays d’où une économie nationale en chute libre depuis un an, avec un taux de croissance en baisse de 6% environ par rapport à 2016 à la même période. A la prédation des zones diamantifères, aurifères et autres produits miniers du pays en général, il faut également compter des attaques incessantes et meurtrières contre la grande faune du pays. Une réalité dénoncée vigoureusement par l’ONG Wildlife Conservation Society et le programme Ecofaune de l’Union européenne selon qui « toutes les espèces de grands mammifères ont désormais des populations en fort déclin comparativement à des données collectées en 2005 et 2010 ». Pour ne prendre que le cas des éléphants, aujourd’hui on compte moins de 50 alors qu’en 1977 la RCA dénombrait 35.093 éléphants. Tout ceci pour dire combien ce désastre humain, politique, économique, sécuritaire, social et écologique que traverse aujourd’hui la Centrafrique sonne le glas de l’effondrement total du pays.

 

Malgré ce tableau apocalyptique qui désespère même les plus fidèles soutiens de la RCA, voilà que le peuple constate malgré lui, ici et là, que la scélératesse d’indignes fils du pays, sans scrupules aucunes, cherche à se frayer un chemin pour échafauder des plans afin de déstabiliser davantage un pouvoir centrafricain déjà aux abois et qui est, manifestement, au stade terminal d’une agonie qui ne dit pas son nom. Or déstabiliser ce pouvoir faible, c’est pousser la population centrafricaine dans un abîme de plus béant et sans fin.

 

En effet, depuis quelques jours, les rues de la capitale bruissent de sourdes rumeurs d’une démission annoncée du Président de la République et ce dans l’unique but de céder le poste à l’actuel Président de l’Assemblée Nationale (PAN), le fameux Très Honorable Abdou Karim Méckassoua. Ceux-là qui adhèrent et concourent à cette intrigue contre le peuple centrafricain porteront la lourde responsabilité du devoir de mémoire lorsque la République Centrafricaine sera rayée des nations au monde. On ne blague pas avec un Etat ni une Nation.

 

Le PAN (Président de l’Assemblée Nationale), en plus d’être rejeté et très combattu au sein de la communauté musulmane centrafricaine se présente également comme une pomme de discorde intercommunautaire. Catalyseur du conflit interconfessionnel, tout un chacun sait que l’association de son nom à une telle machination ne présage rien de bon si ce n’est qu’un nouveau boulevard d’explosion des violences qui ne sont pas à caractère inter-religieux mais instrumentalisées par Meckassoua à ses propre fins. Ses relations troubles avec des mercenaires et seigneurs de guerre étrangers inquiètent au plus haut point l’opinion centrafricaine et la presse nationale qui rappelait sous la plume de notre consœur Aline M’Pangba-Yamara que « depuis, dans les milieux concernés, le soutien de Karim Meckassoua à l’UPC de Darrassa était connu comme le loup blanc ». Un personnage aussi clivant, qui a tant contribué à la division de la nation centrafricaine entre d’un côté les chrétiens de l’autre les musulmans, en accédant à la magistrature suprême ne pourra que rajouter de la crise à la crise.

 

A n’en point douter, Abdou Karim Meckassoua, l’ancien cacique du régime Bozizé et allié d’un Ali Darassa, est à la source de la crise institutionnelle qui mine la RCA et paralyse tout l’appareil de l’Etat. Le mal élu du 3ème arrondissement de Bangui sur la base d’un seul bureau de vote, après son accession au Perchoir par le soutien passif de Denis Sassou-Nguessou avec la passivité complice du pouvoir, s’est très vite laissé emporter par l’ivresse du pouvoir et surtout par l’illusion qui s’offre désormais à lui d’accrocher le fauteuil de Président de la République, ce qui relevait lui être posssible par la voie des urnes, mais lamentablement écarté par un vote sanction cinglante de 3,2% aux dernières élections présidentielles 2015-2016.

 

Les moyens utilisés pour parvenir à ses fins au niveau de la présidence de l’Assemblée Nationale n’ont laissé insensibles ni les Centrafricains ni les observateurs étrangers. Ainsi Le Citoyen du 9 mai 2016 titrait « Le perchoir vendu aux enchères, Abdou Karim Meckassoua enlève la marchandise » ; Eve Malonga de LNC se faisant plus explicite sur la corruption ayant présidé à l’élection d’Abdou Karim Meckassoua au Perchoir écrit quant à elle que « Karim Meckassoua a acheté les voix des godillots ».  The Dissident, pour la presse internationale, sous la plume de notre confrère belge Kalvin Soiresse Njall écrivait : « le véreux Abdou Karim Meckassoua [a mis] sur pied et [exécuté] son opération « bienfaisance dans la corruption ». ».

 

Ce panorama sombre pour ne pas dire mafieux, du moins escroc, d’Abdou Karim Meckassoua serait incomplet sans faire référence, ne serait-ce que subrepticement, à des opérations de malversations, de faux et usages de faux ou de détournement des deniers publics auxquelles il est mêlé directement et/ou indirectement. Un peu comme cette lugubre affaire de vente frauduleuse d’une maison impliquant l’architecte Ousman Abdou (frère d’Abdou Karim Meckassoua), l’actuel Président de l’Assemblée Nationale et le justiciable, Monsieur Zimbi, comme révélée par la publication du 6 juin 2017 de Diaspora Magazine sous le titre de : « Affaire Meckassoua contre Zimbi : qui des deux a fait usage de faux ? ».

 

Les terribles agissements d’Abdou Karim Meckassoua qui trouve légal d’utiliser les peulhs et les armes pour arriver au pouvoir que FAT lui a arraché par des urnes. Si seulement si cela peut dissuader Meckassoua de sa funeste entreprise.

 

Le malheur pour la RCA en général et pour le Palais de l’Assemblée Nationale en particulier, c’est qu’une fois parvenu à ses fins, Abdou Karim Meckassoua a délibérément laissé les lieux se dégrader : les toilettes ne fonctionnant plus, des strates de poussières s’accumulant dans tout l’édifice, les odeurs pestilentielles infestant les lieux, le tout faisant du Palais de l’Assemblée Nationale un dépotoir qui rivalise de saleté avec les vide-ordures des quartiers les plus malfamés de Bangui. L’on ne peut que craindre un état de délabrement plus grave si d’aventure l’autre grand palais de la République lui tombait entre les mains. En effet, qui ne peut le moins ne peut le plus.

 

Mal élu et source permanente de tension, diviseur intempestif, entrepreneur militaro-politique aux méthodes dignes de la mafia terroriste, impopulaire jusqu’à la moelle, il ne fait aucun doute qu’une éventuelle accession d’Abdou Karim Meckassoua au pouvoir suprême de l’Etat après une probable démission du Président de la République, le Pr Faustin Archange Touadéra qu’il brandit comme alibi pour une passation douce et constitutionnalisée, conduira à une confiscation à la fois de la légitimité et de la légalité.

 

Vu le passé et le passif de l’individu, il est certain que la limite des trois (3) mois qu’exige la Constitution pour organiser les élections ne sera jamais respectée par lui. Ouvrant ainsi la voie à un césarisme qui risque replonger la RCA dans un abyme de turpitudes. En pareil cas (la démission de l’actuel locataire du Palais de la Renaissance), faire preuve d’hyper-juridisme en pavant la voie d’Abdou Karim Meckassoua pour la Présidence de la République, c’est commettre la même erreur historique que celle qui a conduit légalement pour ne pas dire démocratiquement Adolf Hitler au pouvoir, Bénito Mussolini au pouvoir ou encore Daniel François Malan au pouvoir et, en Afrique le fameux Yaya Djamé de la Gambie, qui finalement a déguerpi comme une sourie devant le chat.

 

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les pratiques mafieuses ayant précédé l’accession au pouvoir de ces tyrans précités sont les mêmes sur lesquelles s’appuient les forces obscures promouvant Abdou Karim Meckassoua pour arracher la Présidence de la République. Les Sturmabteilung (Section d’Assaut) ou SA pour le premier, les Milizia Volontaria per la Sicurezza Nazionale (La milice volontaire pour la sécurité nationale) ou Chemises Noires pour le second, l’Afrikaner Broederbond (Ligue des frères afrikaners) pour le troisième et enfin les groupes de milices mercenaires pour le dernier.

 

Les leçons de l’Histoire, le bon sens et la sagesse voudraient que dans l’éventualité d’une vacance du pouvoir exécutif, la Constitution soit suspendue, une Transition d’un an soit mis en place avec à sa tête une personnalité neutre en la personne de Son Eminence le Cardinal Dieudonné Nzapalainga, un peu comme à l’image de Son Excellence Monseigneur Isidore de Souza au Bénin. Un gouvernement d’Union Nationale dirigée par un Premier Ministre de confession musulmane serait mis en place pour respecter la géopolitique des Institutions. Les membres de cette Transition seraient interdits de se présentés aux élections de retour à l’ordre constitutionnel.

 

C’est seulement à ces prix-là que la RCA pourra, en cas de vacance du pouvoir, éviter de retomber dans les travers d’une crise qui pourrait conduire à sa somalisation, sa libyénisation ou sa yéménisation ?

Aussi il faudrait que la classe politique entière fasse preuve d’une très grande vigilance face à la menace que représenterait une éventuelle accession de Meckassoua au pouvoir suprême de l’Etat. Les Centrafricains à 97% lors des dernières élections présidentielles de 2015-2016 l’ont massivement rejeté, ce n’est donc pas pour le voir là où ils n’ont ni envie ni besoin de lui du fait d’un coupable manque d’attention de la classe politique comme de la communauté internationale. Donc méfiance !

 

 

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