Bria (République centrafricaine) — alors que la situation humanitaire se dégrade de jour en jour, et les morts se comptent par dizaines, la tension est toujours palpable entre les deux groupes rivaux, le FPRC et le MLCJ, galvaniser par leurs renforts qui viennent d’arriver. Des pourparlers sont en cours, mais le FPRC pose des préalables avant toutes négociations.
Contrairement à ce qui a été annoncé par le porte-parole de la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique) qui parle d’un mort, et repris comme tel par les médias internationaux sans vérification à la source, il est difficile pour le moment d’établir un bilan définitif des combats qui ont eu lieu ce samedi et dimanche 26 janvier à Bria. Toutefois, notre journaliste, qui s’est rendu sur place aux quartiers généraux des deux groupes rivaux, parle d’une vingtaine des morts. Selon lui, ce lundi matin, au quartier général du MLCJ, douze corps des combattants ont été inhumés, alors que le FPRC avait fait de même la veille, avec 16 corps de ses hommes. Ce lundi matin, un autre blessé du MLCJ, déposé aux urgences de l’hôpital la veille, a rendu son âme.
Sans compter d’autres corps, ce bilan provisoire (des images des corps prises par CNC) indique qu’une vingtaine des morts sont à déplorer dans ces combats qualifiés de mineurs par le Préfet de Haute-Kotto, Monsieur Thierry Évariste Biguinindji, et le porte-parole de la Minusca, Monsieur Vladimir Monteiro, contrairement aux déclarations du député de Bria 1, l’honorable Arsène Kongbo, et l’ancien Premier ministre de transition, Monsieur Mahamat Kamoun, Président de plateforme Centrafrique pour nous tous, qui parlent d’une situation grave et préoccupante.
Joint au téléphone, ce dimanche, le Préfet de Haute-Kotto, Monsieur Thierry Évariste Biguinindji avait lui-même confirmé préalablement l’impact violent de ces affrontements. Selon lui, en allant de son bureau vers le siège local de la Minusca, il aurait compté au moins 9 corps sans vie des combattants qui jonchaient le sol. Alors, le bilan annoncé par la Minusca vient de quel combat ? Rappelez-vous, ce qui a mis la poudre au feu, c’est l’assassinat du garde du corps du commandant de la gendarmerie du FPRC, le 26 janvier, aux environs de 17 heures, par les MLCJ alors qu’ils étaient sur leur moto. Sur place, on compte déjà un mort. Et après ?
Le FPRC, qui a aussi perdu beaucoup de ses hommes dans ces affrontements, vient de renforcer ses positions avec des renforts venus de Zacko, mais aussi d’autres communes environnantes.
Le commandant du FPRC à Bria, qui a refusé toutes négociations avec le MLCJ, vient de lancer un ultimatum aux MLCJ de regagner leur position initiale. Faute de quoi, une contre-offensive sera lancée dans les prochains jours. C’est exactement ce qui a été prévu, un embrasement de la situation.
Cependant, dans les camps des déplacés du PK3 et de l’église CEBi, à l’hôpital universitaire régional de Bria, au domicile du préfet, au quartier Gobolo sécurisé par la Minusca, on compte par centaine des civils qui y trouvent refuge.
Le MSF, de son côté, dit avoir admis dans sa clinique une vingtaine des blessés depuis le début des combats.
« Le service des urgences de l’hôpital de Bria, soutenu par Médecins sans Frontières, a reçu une vingtaine de blessés depuis samedi. Deux sont malheureusement décédés peu de temps après leur hospitalisation. La situation reste tendue, les civils ont fui le centre-ville pour se réfugier à l’hôpital ou dans des quartiers périphériques », a annoncé le MSF dans son communiqué.
Sur le terrain, il ne fait aucun doute, les forces de la Minusca, en dépit de la situation chaotique, font de travail remarquable, mais leur manque de réactivité et de clarté dans leur communication ne font qu’irriter plus d’un dans le pays.
À Bria comme à Birao, les interventions des ONG humanitaires sont aussi saluées par les populations civiles, victimes innocentes des groupes armés.
Moïse Banafio
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