En Centrafrique, l’attaque contre l’évêché de Bambari a donc fait au moins 22 morts. Elle survient alors que le groupe de contact sur la RCA réuni lundi à Addis Abeba confirme la tenue du 21 au 23 juillet prochain d’un forum sur la crise centrafricaine. La médiation congolaise peut-elle vraiment aboutir à un cessez-le-feu ? Bienvenu Okiémy est le ministre de la Communication du Congo-Brazzaville. Il est l’invité de RFI.
RFI : Croyez-vous que la conclusion d’un cessez-le-feu soit possible d’ici la fin du mois, à l’occasion de la réunion du forum de Brazzaville ?
Bienvenu Okyemi : Une possibilité existe, une fenêtre existe. Les chefs d’Etat de la sous-région veulent encourager la réconciliation nationale en RCA. C’est de faire en sorte qu’il y ait un dialogue politique inclusif inter-centrafricain sur un terrain neutre, donc Brazzaville. Il n’y a pas de possibilité d’avenir en RCA sans dialogue entre les enfants de ce pays. Et il n’y a pas de possibilité d’avenir pour l’espace sous-régional s’il n’y a pas de paix en RCA.
Comment précisément compte s’y prendre la médiation congolaise pour ramener toutes les parties à la table des négociations, quand on voit le degré des violences constatées, par exemple, à Bambari ?
En faisant en sorte que tous les acteurs politiques aient des possibilités d’avenir. A Addis-Abeba, le 7 juillet, on a décidé qu’à côté de ce forum de Brazzaville il y aurait une médiation internationale sous l’autorité du président de la République du Congo, avec la présence de l’Union africaine, avec la présence des Nations unies, avec la présence de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale. Autant dire une implication de la communauté internationale, la RCA ne peut pas aller encore plus au fond que là où elle est aujourd’hui. Elle est obligée d’aller de l’avant.
Depuis le mois de mai, l’état-major de la Seleka a été unifié. Mais il n’y a pas, on le sait, d’unité politique du mouvement. Qui devra représenter la Seleka à Brazzaville ?
Je pense que la décision n’appartient pas aux acteurs politiques extérieurs qui veulent ramener la paix. La décision appartient en interne à la Seleka. C’est à cette organisation de trouver la personne la plus indiquée pour les représenter à Brazzaville.
Le procès de l’ancien numéro 2 des renseignements congolais, Marcel Ntsourou, entre ce mercredi dans sa deuxième semaine. Que répondez-vous à ceux qui qualifient ce procès, de procès politique ?
A toutes ces personnes, je voudrais simplement dire que le juge congolais n’est pas à la botte des hommes politiques. Chaque procès dans ce pays est un procès juste, un procès équitable. Et ce procès existe simplement parce que le 16 décembre 2013 le colonel Marcel Ntsourou et ses hommes ont fait le feu , si je puis me permettre, sur la force publique. Ils se sont organisés en bande armée.
Quand Marcel Ntsourou a menacé de dévoiler les secrets du Beach de Brazzaville, la disparition en 1999 de 350 opposants, cela n’a pas été considéré comme une menace pour le pouvoir ?
Le procès du Beach a eu lieu en 2005 et Marcel Ntsourou faisait partie des inculpés. Il n’a jamais, à aucun moment, avancé un quelconque argument visant à dire : voilà, la République du Congo est responsable de quelque chose. Si telle était sa volonté qu’il le fasse !
Il y a dans ce procès 113 autres prévenus que Marcel Ntsourou, certains sont des civils, chauffeurs, employés… arrêtés le 16 décembre comme l’ancien numéro 2 des renseignements, ou dans les semaines qui ont suivi. Que leur est-il reproché précisément ?
Ils faisaient partie d’une organisation appelant à la rébellion. Ils ont opposé une résistance à l’autorité publique ! Ils ont désobéi à l’autorité publique !
Donc ils ne sont pas là pour faire diversion, pour détourner les regards du principal prévenu ?
Le juge ne cherche pas à faire diversion.
Il y a quelques semaines, l’expulsion de Brazzaville de près de 140 000 personnes originaires de RDC a provoqué une grave crise avec votre voisin. Où en est-on aujourd’hui ?
Il n’y a pas de problèmes entre les deux Congo. Les voyageurs résidant dans les zones frontalières peuvent aller et venir avec un simple laissez-passer. Ceux qui sont au-delà de ce rayon de 50 kilomètres sont obligés d’avoir un visa. Cet accord devra être affiché par les deux Parlements. Je pense que les choses iront assez vite.
Il y a quelques mois sur cette même antenne vous nous disiez que la révision de la Constitution au Congo ne devait pas être un sujet tabou. Où en est là-dessus la réflexion du président de la République ?
La population congolaise sur l’ensemble du territoire, appelle à la révision ou au changement. La Constitution de 2002 a quinze ans.
Donc il y aura une révision ?
C’est le peuple qui commandera la révision ou le changement ! Et les autorités politiques devraient en tenir compte si telle était la volonté du peuple congolais !
Et si le peuple estime que le président doit passer la main en 2016, il le fera ?
C’est un démocrate qui est là pour tenir compte des règles de droit.
Par: RFI