Bangui trahit Kinshasa : quand le Rwanda tire les ficelles
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Pendant que la République Démocratique du Congo (RDC) saigne sous les assauts du M23, soutenu par le Rwanda, la République centrafricaine (RCA) regarde ailleurs. Nos « oncles » congolais, ces voisins historiques liés par des décennies de fraternité, appellent à l’aide face à une guerre qui ravage l’Est de leur pays. Mais à Bangui, Faustin-Archange Touadéra préfère le silence. Ou plutôt, il écoute une autre voix : celle de Paul Kagame, le président rwandais qui tient les ficelles d’un jeu diplomatique où la RCA joue les pions dociles. Une trahison qui ne dit pas son nom, mais qui crève les yeux.
Une rupture qui ne trompe pas
Il fut un temps où la RCA et la RDC partageaient plus qu’une frontière. « N’eût été les lignes tracées par les colons, nous serions un seul peuple », écrit L’Hirondelle (p. 2), rappelant une filiation presque biologique entre Centrafricains et Congolais. Sous Mobutu, les relations étaient stratégiques, parfois tendues, mais jamais rompues. Aujourd’hui, sous Touadéra, c’est une autre histoire. Depuis que le M23, appuyé par Kigali, a repris Goma le 27 janvier et Bukavu le 16 février (L’Hirondelle, p. 4), la RCA n’a pas bougé un cil. Pas un mot de soutien, pas une médiation proposée, rien. Pendant ce temps, le Tchad, le Mali et le Burkina Faso se rangent aux côtés de Félix Tshisekedi, qui cherche des alliés jusqu’au Sahel (Médias Plus, p. 8).
Et l’accord militaire signé entre Bangui et Kinshasa, alors, ça sert à quoi au juste ? En 2022, Touadéra s’est précipité pour parapher cet engagement avec la RDC, censé garantir une solidarité en cas d’attaque. L’idée, sur le papier, c’était clair : Kinshasa vient au secours de Bangui si le feu prend ici, et Bangui protège Kinshasa si le danger frappe là-bas. Mais aujourd’hui, alors que les Congolais se font massacrer par le M23, où est Touadéra ? Pas un soldat, pas un geste. Cet accord, il est où ? C’est quoi cette histoire ? Bangui a juré de défendre ses « oncles », mais quand Kinshasa brûle, Touadéra tourne la tête. Pourquoi ce silence ? La réponse est simple : Bangui est sous la coupe de Kagame. « C’est Paul Kagame, le maître de Bangui, qui décide si Touadéra reste au pouvoir », assène L’Hirondelle (p. 2). Une partie de l’armée rwandaise stationne en RCA, officiellement pour la sécurité, mais hors du mandat de l’ONU. Une « alliance militaire » qui pèse lourd (L’Hirondelle, p. 4). En échange, Touadéra ferme les yeux sur les exactions du M23 et abandonne ses voisins congolais à leur sort.
Kinshasa cherche ailleurs, Bangui s’enfonce
Félix Tshisekedi, lui, ne reste pas les bras croisés. Face à l’avancée spectaculaire du M23, il contourne Bangui et frappe à d’autres portes : Niamey, Ouagadougou, Conakry (L’Hirondelle, p. 4). « Tshisekedi sait que le danger peut venir de Bangui, ville sous protectorat rwandais », note le journal. À Kinshasa, la population ne fait plus confiance au régime congolais pour inverser la tendance, encore moins à ses voisins muets. Le 28 janvier, des Kinois ont saccagé des ambassades occidentales, désespérés par l’inaction internationale (L’Hirondelle, p. 8). Mais de Bangui, pas un souffle de solidarité.
Et pourtant, la RCA aurait pu jouer un rôle. Membre de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), elle aurait pu proposer une médiation ou au moins condamner l’agression rwandaise. Au lieu de ça, Touadéra se terre dans son palais délabré, entouré de conseillers qui préfèrent les intérêts de Kigali à ceux de la sous-région. « Bangui n’est plus le transit diplomatique des pro-Russes en Afrique », ironise L’Hirondelle (p. 2). Le leadership centrafricain s’est évaporé, laissant la place à une soumission qui fait honte.
Le prix de la « beau-frérie » avec Kagame
Cette alliance avec le Rwanda a un coût, et ce n’est pas seulement diplomatique. En RCA, les Wagner russes et les forces rwandaises se partagent le terrain, exploitant l’or de Ndassima(L’Expansion, p. 5) et imposant leur loi. À Ippy, un soldat FACA a été tué par Wagner le 23 février (*Le Démocrate*, p. 3), preuve que les alliés de Touadéra se sentent chez eux, au point de piétiner la souveraineté nationale. Pendant ce temps, le coltan congolais pillé par le Rwanda alimente les circuits illicites, et Kinshasa crie à l’aide (Médias Plus, p. 8). Mais Bangui détourne le regard, trop occupée à préserver son trône.
Les Centrafricains eux-mêmes en paient le prix. 77 % vivent sous le seuil de pauvreté, et la misère s’aggrave avec l’inflation (L’Expansion, p. 5). Les routes, infestées de barrages, étouffent le commerce (L’Expansion, p. 6). Et Touadéra ? Il mise sur ses « beaux-frères » rwandais pour 2025, quand il briguera un troisième mandat malgré une Constitution trafiquée (Le Démocrate, p. 5). Quitte à sacrifier nos « oncles » congolais sur l’autel de son pouvoir.
Une trahison qui restera dans l’histoire
« Si la guerre se généralise dans la sous-région, nos oncles devront être sacrifiés au nom de la beau-frérie », prophétise L’Hirondelle (p. 2). Mais qui pardonnera à Touadéra cet abandon ? Pas les Congolais, qui luttent seuls contre un ennemi soutenu par leur voisin. Pas les Centrafricains, qui voient leur pays devenir une marionnette entre les mains de Kigali et de Moscou. Pendant que Tshisekedi appelle à l’unité africaine, Touadéra choisit le camp de ceux qui divisent.
L’histoire retiendra cette trahison. Bangui, jadis carrefour de solidarité régionale, est aujourd’hui une capitale silencieuse, où les ficelles sont tirées par un Rwanda qui n’a cure des souffrances congolaises. Touadéra a fait son choix : Kagame plutôt que Kinshasa. Mais à force de jouer les valets, il risque de perdre plus qu’un cousin – il perdra l’honneur d’un peuple.
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