Bangui à tombeau ouvert : Quand l’État, les mototaxis et tous ignorent la sécurité routière

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Bangui à tombeau ouvert : Quand l’État, les mototaxis et tous ignorent la sécurité routière

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Bangui à tombeau ouvert
La victime d’un accident sur l’avenue des martyrs à terre en train de crier de l’amener à l’hôpital. Screenshot

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 À Bangui, chaque trajet devient un pari avec la mort dans une ville où personne ne respecte les règles.

 

Dans les rues de Bangui, le code de la route existe quelque part dans les tiroirs des bureaux mais ne sort jamais sur le terrain. Les limitations de vitesse restent théoriques dans un pays où l’État a disparu depuis longtemps.

 

L’administration publique a abandonné toute prétention à gérer la circulation. Il n’existe pas d’ailleurs des panneaux de signalisation. Les quelques panneaux qui existe encore datent de plus de 15 ans, rouillés et illisibles. L’entretien des routes ? Un concept inconnu. De Bimbo au centre-ville, les trous béants transforment chaque trajet en épreuve de survie.

 

Les mototaxis règnent en maîtres sur cette anarchie. Ils roulent à la vitesse qu’ils veulent, quand ils veulent, sans aucune contrainte. Casques introuvables, conduite sous l’emprise de l’alcool ou de tramadol : les accidents se multiplient jour après jour. Leur formation ? Inexistante. Leur encadrement ? Laissé aux associations qui ne font rien. Ils apprennent sur le tas, au prix de vies humaines.

 

Les piétons naviguent dans ce chaos total. Traverser une rue à Bangui, c’est accepter de jouer avec sa vie. Aucune règle n’est respectée, aucune priorité n’est accordée. Chacun se débrouille comme il peut dans ce monde où la loi du plus fort dicte sa loi. Les conducteurs ne ralentissent jamais, même devant une école ou un hôpital.

 

Les forces de l’ordre ? Leur seule mission consiste à racketter les conducteurs. Installés aux carrefours, ils attendent leur proie quotidienne : 500, 1000, 2000 francs CFA arrachés aux mototaxis et automobilistes. Régler les problèmes de circulation ? Ce n’est pas leur priorité. Ils vivent de cette corruption organisée qui permet à chacun de continuer à rouler n’importe comment moyennant finance.

 

Les routes elles-mêmes racontent l’histoire d’un pays à l’abandon. Pas de bitume sur des kilomètres, des pistes de terre rouge qui deviennent des torrents pendant la saison des pluies. Comment parler de limitation de vitesse quand la voiture avance à 20 km/h sur un chemin de brousse ? Cette réalité pousse tout le monde à improviser, souvent au prix de collisions mortelles.

 

Les conséquences frappent les familles de plein fouet. Un père de famille qui meurt dans un accident de moto laisse sa femme et ses enfants sans ressources. Dans un pays où la sécurité sociale n’existe pas, où l’État ne verse aucune indemnité, ces familles sombrent dans la misère absolue. Les enfants quittent l’école pour chercher de quoi survivre.

 

Ces accidents tuent plus que les maladies dans une ville où personne ne compte les morts. Les blessés affluent dans des hôpitaux qui manquent de tout : médicaments, matériel, personnel qualifié. Beaucoup meurent faute de soins appropriés. D’autres gardent des séquelles à vie, condamnés à mendier pour survivre.

 

La solution ? Dans un pays en décomposition, elle semble utopique. L’État n’a ni les moyens ni la volonté de changer quoi que ce soit. Les routes resteront des pistes, les forces de l’ordre continueront leur racket, les mototaxis rouleront sans formation. Chaque Centrafricain sait qu’il ne peut compter que sur lui-même pour éviter l’accident mortel.

 

Seule une révolution des mentalités pourrait changer la donne. Mais dans un territoire où la survie quotidienne mobilise toutes les énergies, où l’État a disparu, où la loi n’existe plus, cette prise de conscience collective relève du miracle. Bangui continuera de compter ses morts en attendant des jours meilleurs qui ne viendront peut-être jamais….

 

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