Bambouti, une ville centrafricaine abandonnée et sur le point de disparaître
Bangui, 06 novembre 2023 (CNC) – Au cœur de la RCA, la ville de Bambouti, située à plus de 1100 kilomètres au sud-est de la capitale Bangui, est sur le point de disparaître de la carte de la République centrafricaine. Cette ville, autrefois animée et pleine de vie, a été abandonnée à son triste sort depuis de nombreuses années, laissant sa population vivre dans des conditions rappelant une époque préhistorique. L’autorité de l’État n’existe plus à Bambouti, et les habitants se débattent sans accès à l’éducation, aux soins de santé, à des routes praticables, ou même à de l’eau potable. Cette situation déplorable se déroule dans un silence total, bien loin de la capitale.
L’une des questions qui hante les esprits des habitants de Bambouti est leur identité nationale. Se demandent-ils s’ils sont vraiment des Centrafricains ou des Sud-Soudanais ? Cette question complexe est en partie liée à l’isolement géographique de la ville et à son manque de connexion avec le reste du pays.
Prenons d’abord le cas des routes, un élément essentiel pour le développement et la connectivité d’une région. Malheureusement, depuis l’indépendance, la seule route censée relier Bambouti à d’autres localités existe uniquement de nom. Aucun entretien routier n’a été effectué, rendant le voyage vers Bambouti une épreuve comparable à un voyage en enfer. Le manque d’infrastructures routières a isolé la ville du reste du pays, contribuant à son abandon.
L’éducation est un autre domaine où Bambouti souffre cruellement. Le pouvoir centré à Bangui n’a jamais construit une chambre d’école à Bambouti depuis l’indépendance. Les seuls efforts notables en la matière ont été accomplis par les députés locaux, qui ont érigé un modeste bâtiment en paille pour offrir une éducation aux enfants de la ville. Il a fallu attendre 2022 pour qu’une ONG internationale, COOPI, construise un bâtiment en tôle pour servir d’école. Malheureusement, trouver des enseignants qualifiés formés par l’État reste une tâche ardue, laissant de nombreux enfants avec une éducation limitée.
Suzanne, une mère habitante de Bambouti, témoigne du désespoir de la ville : “Depuis plus de 60 ans, Bambouti n’a pas eu un enseignant affecté par l’État. Ce sont des maîtres parents qui enseignent ici. Parfois, certains parents envoient leurs enfants étudier au Sud-Soudan avant de revenir, mais là-bas, ils apprennent l’anglais et l’arabe, ce qui les éloigne de leur culture centrafricaine.”
Le Sud-Soudan est devenu la principale source de ravitaillement pour Bambouti, avec une utilisation croissante de la monnaie sud-soudanaise, laissant de côté le franc CFA.
En ce qui concerne les soins de santé, la situation est désastreuse. Bambouti ne dispose même pas d’un dispensaire de santé de base. Les habitants ont recours à la médecine traditionnelle, sauf pour les vaccinations, pour lesquelles les agents d’une ONG internationale se rendent de loin pour vacciner la population, puis repartent. L’ONG ALIMA a tenté de s’installer dans la ville, mais a dû partir en raison de l’insécurité.
Même les fonctionnaires de l’État sont rares à Bambouti. La présence des forces de l’ordre, y compris les douaniers et les agents des eaux et forêts, est presque inexistante dans une ville frontalière où leur rôle est crucial. Les bâtiments de la gendarmerie et de la police construits dans les années 50 ont été détruits par les rebelles de la LRA, laissant la ville sans commissariat ni gendarmerie.
L’un des problèmes les plus graves de Bambouti est le manque cruel d’eau potable. Cette grande ville ne dispose pas d’un point d’eau potable, sauf une source locale qui devient insuffisante pendant la saison sèche, forçant les habitants à faire face à des conditions de vie de plus en plus difficiles.
En fin de compte, les habitants de Bambouti sont laissés à la merci de la nature, car aucune force de l’État ne se trouve dans la ville. La triste réalité est que cette ville est en train de disparaître de la carte de la République centrafricaine, oubliée et abandonnée à son sort. La question de l’identité nationale des habitants de Bambouti reste sans réponse, alors que la ville continue de se languir dans l’obscurité, à l’écart du progrès et du développement de la nation centrafricaine.
Par Fidèle ZEGUINO
Correspondant du CNC dans le grand sud-est
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