Au cœur de la vie des pêcheurs sur la rivière Oubangui
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
À quatre heures du matin sur les rives de la capitale Bangui, les premières pirogues commencent à s’éloigner déjà des berges de l’Oubangui. Dans la pénombre, Joseph et sa famille chargent leurs filets et provisions pour deux semaines de pêche sur le fleuve. “Nous vivons au rythme de l’eau. Notre pirogue, c’est notre deuxième maison”, explique ce pêcheur de 45 ans qui pratique ce métier depuis son enfance.
À bord de son embarcation de 12 mètres, capable de transporter jusqu’à 500 kg de matériel et de poissons, la famille de Joseph s’installe pour une longue campagne de pêche sur l’Oubangui. “Nous dormons sur l’eau, nous mangeons sur l’eau. Les enfants nous aident à tirer les filets et à préparer le poisson”, raconte Marie, son épouse, qui s’occupe du fumage des prises directement sur la pirogue.
Plus en aval de l’Oubangui , vers Mobaye, à 611 km de Bangui, d’autres familles pratiquent une pêche plus industrielle. “Nous utilisons des filets plus grands et des pirogues motorisées. En une semaine, nous pouvons capturer jusqu’à 300 kg de poissons”, indique Yogoté, qui dirige une équipe de six pêcheurs expérimentés.
La journée s’organise selon des rituels précis. Les filets sont relevés à l’aube et au crépuscule, moments où les poissons sont les plus actifs. Entre-temps, les femmes fument ou sèchent les prises sur des claies improvisées. “Le fumage permet de conserver le poisson plus longtemps. C’est aussi ce qui donne ce goût particulier que les centrafricains apprécient au marché”, explique Antoinette, qui pratique cette technique depuis 20 ans.
Les pêcheurs plus modestes, comme papa Nzilo, optent pour des sorties plus courtes. “Je pars trois jours avec mon fils Alain. Nous pêchons surtout la nuit, quand les gros poissons remontent. Avec nos lampes, nous les attirons puis nous lançons les éperviers”, décrit-il, en montrant ses prises de la nuit : des capitaines et des carpes.
Cette vie sur l’eau forge des liens particuliers entre les familles de pêcheurs. “Nous nous entraidons beaucoup. Si une pirogue a des problèmes, tout le monde vient aider. C’est la loi du fleuve Oubangui “, souligne Michel, doyen des pêcheurs qui habite au quartier Pétévo à Bangui.
La transmission des savoirs reste au cœur de cette activité. “Chaque famille a ses secrets de pêche, ses coins préférés sur le fleuve. Nous apprenons aux enfants à lire les courants, à reconnaître les zones poissonneuses”, explique Kongbo, qui pêche avec ses trois fils.
Au retour de leur campagne, les pêcheurs vendent leurs prises aux marchés ngou état, notamment dans le sixième arrondissement de Bangui. Les revenus, bien que variables, permettent de faire vivre toute une famille. “Une bonne campagne peut rapporter entre 150 000 et 200 000 francs CFA”, précise Joseph Yakété.
Cette activité traditionnelle, indispensable pour l’économie de ces familles, fait cependant face à des défis croissants. La pollution du fleuve et la surpêche inquiètent les communautés riveraines. “Il faut protéger notre fleuve pour que nos enfants puissent continuer à vivre de la pêche”, conclut Michel, le regard tourné vers l’horizon où d’autres pirogues commencent déjà à rentrer.
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