Abdoulaye Hissen, une fin de parcours d’un combattant extrêmement aguerri
Bangui, 07 septembre 2023 (CNC) – Le nom Abdoulaye Hissen Ramadan a résonné à travers les contrées tumultueuses de la République centrafricaine pendant des années, évoquant à la fois le chef rebelle redouté, ministre de la Jeunesse et des Sports et le partenaire énigmatique du gouvernement durant les conflits qui ont ensanglanté la Centrafrique. Cependant, après deux jours de son arrestation par les forces de l’ordre, Abdoulaye Hissen semble avoir atteint l’apogée, la fin de son parcours tumultueux, marquant ainsi la clôture d’un chapitre fascinant et complexe de l’histoire de la nation centrafricaine.
Les rues poussiéreuses de Bangui ont retenti des murmures sur l’arrestation d’Abdoulaye Hissen, qui a été cueilli comme une simple feuille de manguier par les policiers de la CNS, mettant fin à une carrière militaire forcée, marquée par la violence et l’intrigue politique. L’ancien chef rebelle, surnommé le sultan des sultans et le chef de terre d’Akroussoulback, a toujours su que sa vie était en sursis, déclarant en 2016 à Bria : “Je ne suis qu’un mort vivant en ce moment. Ma vie peut s’arrêter à tout moment.”
Pourtant, malgré son retour à la vie civile et ses liens avec des figures influentes du gouvernement en vue de sauver sa peau et ses nourritures du jour, Abdoulaye Hissen a été arrêté sans préavis, mettant fin à sa période de grâce. Son arrestation, orchestrée par le directeur général de la police, Bienvenu Zokoué et mise en œuvre par ses agents de la Compagnie Nationale de Sécurité, CNS, a marqué la fin d’une ère pour ce personnage énigmatique de la politique guerrière en Centrafricaine.
Abdoulaye Hissen, dont la réputation de chef de guerre motivé par l’argent a fait le tour du monde, avait étonnamment trouvé un terrain d’entente avec le gouvernement centrafricain. En dépit de son placement sous mandat d’arrêt par la justice centrafricaine en 2018 et des sanctions de l’ONU et des États-Unis en 2017, il était devenu un partenaire de confiance des gouvernements dirigés par Firmin Ngrebada et Félix Moloua .
Au cours du dernier mois précédant son arrestation, Abdoulaye Hissen avait multiplié les points de presse dans la capitale, critiquant ouvertement l’ONU et la communauté internationale pour leur rôle présumé dans l’aggravation du conflit en République centrafricaine. Selon le rapport de la fondation américaine d’investigation The Sentry, il était considéré comme l’un des “profiteurs de guerre les plus influents” du pays en conflit, ayant amassé une fortune considérable grâce à la violence et au commerce illicite de ressources.
À 58 ans, Abdoulaye Hissen Ramadan avait réussi à s’imposer comme une figure de proue dans le paysage politique et militaire de la République centrafricaine. Sa carrière tumultueuse était marquée par la manipulation des rivalités ethniques et religieuses, ravivant la haine entre chrétiens et musulmans. Ses actions ont laissé des cicatrices profondes dans le tissu social de la nation.
Cependant, avec son arrestation, Abdoulaye Hissen entre désormais dans une nouvelle phase de sa vie, une phase où il doit répondre de ses actes, comme il en s’attendait un jour, devant la justice de son pays et potentiellement devant celle de la communauté internationale, la CPI.
Sa chute, si jamais son ami le putschiste président Faustin Archange Touadera ne s’en mêle pas pour sa libération, marque également un tournant dans la politique centrafricaine, suscitant des questions sur les motivations et les intentions du président Faustin Archange Touadera, qui semble désormais s’attaquer à ses anciens partenaires rebelles.
En fin de compte, l’histoire d’Abdoulaye Hissen Ramadan restera gravée dans les annales de la République centrafricaine, si jamais son ami le putschiste président Faustin Archange Touadera ne s’en mêle pas, en tant que récit captivant d’un homme qui a navigué habilement entre les eaux troubles de la guerre, de la politique et de la fortune, pour finalement connaître une fin abrupte et inattendue. Ou alors, si son complice le putschiste président Touadera s’en même, lui et son frère Hassan Bouba, deviendront des héros de la lutte contre l’impunité au monde.
Par Alain Nzilo
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