Une perfusion de 58 millions de dollars : le FMI met la RCA sous assistance respiratoire

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Loin du discours de victoire du gouvernement à travers son porte-parole, cette aide du FMI est un acte de survie pour une économie qui, sans ce geste, cesserait de respirer. Il s’agit moins d’un plan de relance que du strict minimum pour empêcher l’effondrement d’un État dont les fonctions vitales sont déjà profondément atteintes.
Pour saisir la gravité de la situation, il suffit de comparer. Un rapide coup d’œil aux récents programmes du FMI sur le continent révèle un écart abyssal. Pendant que la RCA reçoit une perfusion de 58 millions de dollars du FMI, d’autres pays bénéficient d’accords massifs : 3 milliards de dollars pour le Ghana, 3,5 milliards pour la Côte d’Ivoire ou encore 4,43 milliards pour le Kenya.
Cet écart vertigineux se passe de commentaire et explique l’isolement centrafricain. Pourtant, ce serait une erreur de juger ce montant insignifiant. Rapporté à la très faible économie du pays, dont le PIB peine à atteindre 2,8 milliards de dollars, il représente en réalité plus de 2 % du produit intérieur brut. C’est une proportion considérable qui ne sera pas allouée au développement, mais à la survie pure et simple : payer les salaires , acheter les médicaments qui manquent, construire les belles villas des dignitaires du régime, le tout pour éviter la paralysie totale du pays.
La rhétorique officielle, qui salue des “réformes qui portent leurs fruits”, sonne creux face à la réalité géopolitique. Le régime de Bangui, par son pivot stratégique et son discours hostile aux partenaires traditionnels, s’est lui-même isolé, asséchant les canaux de financement qui lui sont pourtant indispensables. Alors, pourquoi le FMI, où l’influence occidentale demeure prépondérante, intervient-il ?
Parce qu’il ne peut se permettre de laisser un “État-failli” s’installer durablement au cœur du continent. Un abandon total de la RCA créerait un vide sécuritaire et une crise humanitaire qui déstabiliseraient l’ensemble de la sous-région. Ce financement minimaliste du FMI est donc un acte de realpolitik comme l’a dit le ministre de l’économie, le cleptomane Filakota : un moyen de “garder un pied dans la porte”. Par ce geste, le FMI maintient un canal de dialogue, impose une surveillance minimale de la gouvernance et, surtout, empêche le chaos total.
En réalité, loin d’être une “embellie financière”, ce décaissement du FMI est le baromètre le plus fiable de la crise centrafricaine. Il mesure la profondeur de son isolement et la précarité de son État. Le fait que le régime soit contraint de présenter comme une victoire une somme qui ne représente qu’une fraction de ce que reçoivent ses voisins est l’aveu le plus humiliant de sa propre vulnérabilité. Le véritable enjeu pour la République centrafricaine n’est pas la prochaine table ronde des bailleurs, mais sa capacité à rebâtir la confiance et à restaurer une gouvernance crédible. Sans cela, le pays restera ce qu’il est aujourd’hui : un malade sous perfusion, dont la survie dépendra, au goutte-à-goutte, du bon vouloir d’une communauté internationale qui cherche avant tout à éviter le pire….
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