Dans la Septième République de Touadéra, l’Assemblée Nationale Protège les Voleurs : Le Cas Emblématique d’Héritier Doneng

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Dans la Septième République instaurée par le président Faustin-Archange Touadéra, surnommé Baba Kongoboro, l’Assemblée nationale semble avoir abdiqué son rôle de sanction des responsables corrompus. Le scandale impliquant Héritier Doneng, ministre de la Jeunesse et des Sports, illustre cette dérive.
En effet, cette année 2025, une enquête parlementaire au ministère de la jeunesse et des sports a révélé des détournements massifs, mais l’Assemblée, paralysée par des influences politiques, s’est contentée de proposer son limogeage plutôt que d’exercer son pouvoir constitutionnel de censure. Ce choix alimente les moqueries des Centrafricains, qui ironisent sur une prétendue « septième république des Voleurs Protégés » – une expression satirique dénonçant l’impunité des élites.
Une Constitution Ambiguë : Pouvoirs de Censure Affaiblis
Adoptée par référendum le 30 juillet 2023 et entrée en vigueur le 30 août 2023, la nouvelle Constitution de la République centrafricaine marque l’avènement de la Septième République. Ce texte, dénoncé par l’opposition comme un « coup d’État constitutionnel » visant à pérenniser le pouvoir de Touadéra, redéfinit les mécanismes de responsabilité des dirigeants. L’article 86 de la Constitution stipule explicitement que l’Assemblée nationale peut voter une motion de censure contre le gouvernement ou un ministre, entraînant leur démission si adoptée à la majorité des deux tiers des députés. Le texte précise :
« Il est mis fin aux fonctions du Premier Ministre par le Président de la République, à la suite d’une motion de censure adoptée à la majorité des deux tiers (2/3) des Députés composant l’Assemblée Nationale ».
De plus, l’article 87 permet au Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, d’engager la responsabilité du gouvernement sur un texte, avec une motion de censure comme seule contre-mesure dans les 24 heures. Ces dispositions confèrent à l’Assemblée un pouvoir théorique de sanction contre les abus, y compris les détournements de fonds publics par des ministres comme Héritier Doneng.
Toutefois, dans le cas d’Héritier Doneng, l’Assemblée a choisi de ne pas recourir à ce mécanisme. Cette inaction, perçue comme une protection des « voleurs » au sein du gouvernement, contraste avec les attentes des citoyens, qui raillent l’idée d’une « république des voleurs » où les corrompus seraient non pas punis, mais protégés. Cette expression, absente de la Constitution, semble être une critique populaire relayée sur les réseaux sociaux, symbolisant l’impunité sous la Septième République.
Héritier Doneng : Un Ministre au Cœur du Scandale
Nommé ministre de la Jeunesse et des Sports le 4 janvier 2024, Héritier Doneng, ancien chef milicien, est rapidement devenu un symbole de corruption. Une commission d’enquête parlementaire, initiée en novembre 2024, a dévoilé des détournements massifs dans son ministère. Les fonds publics destinés à des projets pour la jeunesse et le sport, notamment la réhabilitation du stade 20 000 places à Bangui, ont été siphonnés pour financer un train de vie ostentatoire : voitures de luxe, un duplex, et un immeuble en construction. Avant son entrée au gouvernement, Doneng ne possédait aucune richesse notable, rendant ses explications – selon lesquelles ces acquisitions proviendraient de ses « propres moyens » – peu crédibles.
Le 13 novembre 2024, lors de son audition devant l’Assemblée nationale, Héritier Doneng a aggravé son cas. Ses déclarations, décousues et marquées par un français approximatif, ont scandalisé les parlementaires. Le président de l’Assemblée, Simplice Mathieu Sarandji, a comparé son attitude à celle d’un « élève qui n’ayant pas appris sa leçon, cherche à rejeter la faute de ses échecs sur ses enseignants ». Doneng a stupéfié l’hémicycle en prétendant avoir financé de sa poche la réhabilitation de trois stades : municipal, Toungoufara, et Omnisport, en plus du stade 20 000 places. Ces affirmations, jugées absurdes, ont renforcé les soupçons de détournement des 400 millions de FCFA alloués à ce dernier projet.
Le Fiasco du Stade 20 000 Places
Le projet de réhabilitation du stade de 20 000 places, financé à hauteur de 400 millions de FCFA, est un échec retentissant. Malgré les fonds débloqués, les travaux, confiés à des entreprises opaques sous la supervision de Doneng, n’ont pas permis au stade de répondre aux normes de la FIFA et de la CAF. La Centrafrique reste interdite d’accueillir des matchs internationaux, obligeant l’équipe nationale à jouer à l’étranger, à Douala, Yaoundé, ou au Maroc, au prix de dépenses supplémentaires. Une visite éclair du président Touadéra le 12 novembre 2024, accompagnée du gouvernement, n’a fait qu’amplifier les interrogations sur la gestion de ce chantier.
La commission d’enquête a également pointé la fermeture inexpliquée en 2024 du complexe sportif Barthélemy Boganda, officiellement pour une inspection de la CAF, mais qui pénalise les professionnels locataires du site. Par ailleurs, Doneng a instauré un parking payant au complexe, dont les recettes disparaissent dans des circuits opaques, alimentant les soupçons de détournement.
Une Assemblée Ridiculisée : « Proposer au lieu de Sanctionner »
Malgré les preuves accablantes, l’Assemblée nationale s’est contentée de proposer le limogeage de Héritier Doneng au Premier ministre et au président Touadéra, renonçant à voter une motion de censure prévue par l’article 86 de la Constitution. Cette décision, perçue comme un aveu d’impuissance, a déclenché une vague de moqueries parmi les Centrafricains. Sur les réseaux sociaux, l’expression « septième république des voleurs » circule, dénonçant une Assemblée qui, loin de sanctionner, semble couvrir les abus des puissants. Le précédent du maire de Bangui, accusé de détournements mais maintenu en poste, renforce cette impression d’impunité généralisée.
Cette passivité contraste avec le rôle assigné à l’Assemblée par la Constitution. L’article 86 confère aux députés le pouvoir de renverser un ministre ou l’ensemble du gouvernement en cas de faute grave, comme le détournement de fonds publics. En optant pour une simple recommandation, l’Assemblée trahit les attentes des citoyens et renforce l’idée que la Septième République protège les « voleurs » au détriment de la justice.[](https://mjp.univ-perp.fr/constit/cf2023.htm)
Une Constitution Contestée : Un Bouclier pour les Élites ?
La Constitution de 2023, adoptée dans un climat de controverses, est accusée de consolider le pouvoir de Touadéra tout en affaiblissant les mécanismes de contrôle. Outre l’allongement du mandat présidentiel de cinq à sept ans et la suppression de la limite des mandats, le texte redéfinit la nationalité centrafricaine de manière restrictive, suscitant des critiques pour son caractère discriminatoire. L’article 10, qui stipule que « la nationalité centrafricaine est une et exclusive » et définit un Centrafricain d’origine comme « toute personne dont les parents sont eux-mêmes centrafricain d’origine », a été amendé sous la pression pour atténuer son exclusionnisme.
Cependant, ce sont les dispositions sur la responsabilité des dirigeants qui cristallisent les critiques dans le cas Doneng. Bien que la Constitution dote l’Assemblée de pouvoirs de censure, l’influence de Touadéra sur les institutions, y compris la mise à la retraite forcée de la présidente de la Cour constitutionnelle Danièle Darlan en 2023, suggère une mainmise exécutive qui paralyse les contre-pouvoirs. Cette centralisation du pouvoir alimente l’idée que la Septième République est conçue pour protéger les fidèles du régime, même lorsqu’ils sont impliqués dans des scandales de corruption.
Vers une Redéfinition de la Gouvernance ?
Le scandale Doneng dévoile les failles de la gouvernance sous la Septième République. L’échec de l’Assemblée à utiliser ses prérogatives constitutionnelles pousse à s’interroger sur l’indépendance du législatif face à l’exécutif. Les Centrafricains, lassés par l’impunité, continuent de dénoncer une classe dirigeante qui, sous couvert d’une nouvelle Constitution, perpétue la prédation des ressources publiques. La « Semaine Nationale des Voleurs Protégés », bien qu’ironique, reflète un ras-le-bol généralisé….
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