Faux Diplômes et Racket dans les Hôpitaux : L’Association Nationale des Infirmiers de Centrafrique Appelle à une Réforme Urgente

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Faux Diplômes et Racket dans les Hôpitaux : L’Association Nationale des Infirmiers de Centrafrique Appelle à une Réforme Urgente

 

Faux Diplômes et Racket dans les Hôpitaux : L’Association Nationale des Infirmiers de Centrafrique Appelle à une Réforme Urgente
Au bloc opératoire de l’hôpital communautaire

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 À l’occasion de la Journée internationale des infirmiers, le 12 mai 2025, l’Association Nationale des Infirmiers de Centrafrique (ANICA) a publié une déclaration pour alerter sur des pratiques qui compromettent gravement le système de santé en Centrafrique. Son président, Jean-Pierre Ténegbia, a mis en avant deux problèmes majeurs : la présence croissante de faux diplômes parmi les soignants et le racket organisé des patients dans les établissements de santé.

 

Selon le Président de ladite association, ces dérives, qui touchent particulièrement les zones rurales, menacent la qualité des soins et la confiance dans la profession infirmière.

 

Une menace croissante : les faux diplômes

 

L’ANICA a dénoncé l’exercice illégal de la profession par des individus détenant des diplômes frauduleux. « Ces personnes, sans formation adéquate, mettent en danger la vie des patients et fragilisent la crédibilité de notre métier », a déclaré Jean-Pierre Ténegbia. Cette situation, qui s’étend pourtant à d’autres secteurs professionnels comme l’enseignement ou le droit, est particulièrement inquiétante dans les villes de province, où les contrôles sont souvent insuffisants. La prolifération de ces faux diplômes compromet non seulement la sécurité des patients, mais aussi la réputation des soignants qualifiés.

 

Le racket des patients : une entrave à l’accès aux soins

 

L’association a également pointé du doigt des pratiques de racket généralisées dans les hôpitaux et centres de santé. Les patients, souvent vulnérables, sont contraints de payer des frais illégaux pour recevoir des soins ou accéder à des médicaments devant être fournis gratuitement. « Cette exploitation est devenue une pratique courante, surtout dans les zones rurales », a déploré le président de l’ANICA. Ces agissements aggravent les inégalités d’accès aux soins, dans un pays où les défis sanitaires, comme des taux élevés de mortalité maternelle et infantile, restent criants.

 

Des dysfonctionnements structurels aggravants

 

Au-delà des faux diplômes et du racket, l’ANICA a recensé d’autres obstacles majeurs : la fermeture fréquente des centres de santé ruraux le week-end, le manque chronique de matériel médical et le non-respect des horaires par certains soignants. Ces problèmes, combinés, privent les populations d’un accès fiable aux soins de base et accentuent la crise du système de santé centrafricain.

 

Les diplômés de l’Université Miskine de Daniel Nzéwé, un danger toléré par l’État

 

Les centrafricains, quant à eux, ont identifié une source majeure de la crise des faux diplômes : l’Université Miskine, fondée par Daniel Nzéwé, un individu notoirement associé à la production de certificats frauduleux. Cette institution, basée dans le quartier Miskine, dans le cinquième arrondissement de Bangui, délivre des diplômes dans divers domaines :  santé, droit, enseignement,  sans respecter les normes académiques ni les exigences de formation professionnelle. Selon certains observateurs centrafricains, « une part importante des faux diplômés qui sévissent dans nos hôpitaux provient de cette université, mettant en péril la sécurité des patients et la confiance dans nos institutions ».

 

Le problème dépasse largement le secteur médical. Les certificats de l’Université Miskine inondent le marché du travail, permettant à des avocats, enseignants et fonctionnaires non qualifiés d’occuper des postes clés. Dans les villes de province, où la vérification des qualifications est quasi inexistante, ces diplômés frauduleux s’intègrent facilement, aggravant la dégradation des services publics. « C’est une menace systémique », a averti Ténegbia, soulignant que l’absence de compétences adéquates dans des secteurs critiques comme la santé et la justice compromet le développement du pays.

 

Ce qui rend la situation particulièrement inquiétante, c’est l’inaction des autorités. Malgré les alertes répétées de l’ANICA et d’autres organisations, l’État centrafricain n’a pris aucune mesure pour fermer l’Université Miskine ou enquêter sur ses pratiques. Pire, des diplômés de cette institution sont régulièrement recrutés dans la fonction publique, y compris dans des hôpitaux et des écoles, sans que leurs qualifications soient sérieusement vérifiées. « Cette tolérance est incompréhensible », a déploré Boris Malkoué. « En fermant les yeux, l’État légitime ces pratiques et met en danger la population ».

 

Face à cette situation, l’ANICA exhorte les autorités centrafricaines à prendre des mesures immédiates. Elle propose plusieurs actions concrètes :

– Une vérification systématique des qualifications des soignants pour éliminer les détenteurs de faux diplômes.

– Des sanctions fermes contre les responsables de pratiques frauduleuses, qu’il s’agisse de racket ou de corruption.

– Une amélioration des dotations en équipements médicaux pour permettre aux établissements de fonctionner efficacement.

 

Jean-Pierre Ténegbia a rappelé que la santé est un droit fondamental pour tous les Centrafricains. Le thème de la Journée internationale des infirmiers 2025, « Nos infirmiers, notre avenir : prendre soin des infirmiers renforce les économies », prend une résonance particulière dans ce contexte. Les infirmiers, confrontés à des conditions de travail difficiles, méritent un environnement professionnel juste et sécurisé.

 

Cette déclaration intervient alors que la Centrafrique fait face à des défis sanitaires parmi les plus graves au monde. La profession infirmière, pilier du système de santé, ne pourra pleinement jouer son rôle que si ces pratiques frauduleuses sont éliminées et si des conditions de travail décentes sont garanties. L’ANICA appelle à une prise de conscience collective, impliquant les autorités, les professionnels et la société civile, pour restaurer la confiance dans le système de santé.

 

En mettant en avant ces enjeux, l’ANICA espère provoquer une réaction au plus haut niveau. Des villes de province à la capitale, l’urgence est évidente : il faut agir pour protéger la santé des Centrafricains et assurer un avenir où les soins sont accessibles, équitables et de qualité….

 

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