Enquête exclusive : Kwa Ti Kodro, deux ans après sa création en 2023, sur 10 milliards FCFA débloqués, 3 milliards disparaît. Qui est coupable ?

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Enquête exclusive : Kwa Ti Kodro, deux ans après sa création en 2023, sur 10 milliards FCFA débloqués, 3 milliards disparaît. Qui est coupable ?

 

Enquête exclusive : Kwa Ti Kodro, deux ans après sa création en 2023, sur 10 milliards FCFA débloqués, 3 milliards disparaît. Qui est coupable ?
Bruno Yapande, ministre de l’administration du territoire

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Lancée en 2023, l’Opération Kwa Ti Kodro promettait propreté et emplois. Deux ans plus tard, c’est un fiasco : détournements, mensonges et désordre règnent. En 2023-2024, Kwa Ti Kodro a dépensé 10 milliards FCFA, mais 3 milliards ont disparu sans laisser des traces. Qui est coupable ?

 

 

Un projet présidentiel en perdition**

 

L’Opération Kwa Ti Kodro, lancée en 2023 par le président de la République Baba Kongoboro, devait être, selon ses initiateurs,  une révolution pour l’assainissement des villes et l’emploi des jeunes. Avec un budget de 5 milliards de FCFA par an, financé à 60 % par l’État et 40 % par la Banque mondiale et l’Union européenne, le programme promettait de nettoyer les rues de Bangui, Bambari, Berbérati et d’autres villes, tout en offrant des emplois temporaires à des dizaines des milliers des jeunes. Curage des caniveaux, réduction des inondations, sensibilisation à la propreté : les objectifs étaient ambitieux. Mais deux ans après, le constat est sans appel : Kwa Ti Kodro est un échec cuisant, avec des détournements massifs, une gestion chaotique et des résultats inexistants.

 

Des promesses trahies par la réalité

 

Les autorités ont tenté de vendre Kwa Ti Kodro comme un succès. Elles citent des chiffres ronflants : 70 % des caniveaux de Bangui curés en 2024, 50 % de déchets en moins dans les rues, ou encore 20 000 jeunes mobilisés en deux ans. Mais ces affirmations ne résistent pas à l’épreuve des faits. Sur le terrain, le désordre est total. À Bangui, une opération de nettoyage peut mobiliser des dizaines de jeunes le matin, mais dès 13 heures, les lieux sont aussi sales qu’avant, voire pire. « C’est comme s’ils n’avaient rien fait », déplore un habitant du 8e arrondissement. Les ordures s’amoncellent, les caniveaux restent bouchés, et les prétendues améliorations vantées par les officiels sont introuvables.

 

Les témoignages des travailleurs sont aussi incriminant. Aïcha, 22 ans, à KM5, raconte : « On travaille sous le soleil, sans gants ni bottes, et l’argent arrive avec des mois de retard ». Marcellin, chef d’équipe à Bégoua, renchérit : « On nous promet des équipements, mais on ramasse les déchets à mains nues ». Loin des 12 000 FCFA par jour promis, beaucoup attendent leurs salaires pendant des mois, quand ils sont payés. Ces conditions indignes, couplées à l’absence de suivi, laissent 80 % des jeunes sans emploi après leur contrat, selon un rapport de l’OCDH (2025). Les chiffres officiels de 20 000 jeunes mobilisés sont eux-mêmes douteux. Des sources locales affirment que les chiffres sont gonflés pour impressionner les bailleurs, tandis que les vrais bénéficiaires se comptent sur les doigts d’une main.

 

Un pillage organisé sous couvert de bonne gouvernance

 

Le scandale financier est au cœur du fiasco. Sur les 5 milliards de FCFA alloués chaque année, 30 % des fonds sont « non traçables », selon un rapport de la Cour des comptes (mars 2025). Où va cet argent ? Les soupçons pointent vers un détournement organisé par les proches du pouvoir. Des témoignages incriminants dévoile que les contrats et les salaires profitent principalement aux membres du parti au pouvoir, aux organisations affiliées comme l’équipe du président ou à des groupes comme les TTN (Tourougou ti téné ndjoni ) de l’église baptiste de Ngoubagara de Fouh, fréquentée par le Président Baba Kongoboro. « Ils prennent cinq parts pour eux et laissent des miettes aux vrais travailleurs », confie un jeune de Bimbo, sous couvert d’anonymat. Cette pratique, loin d’être anecdotique, est devenue le modus operandi de Kwa Ti Kodro.

 

Les bailleurs internationaux, comme la Banque mondiale et l’Union européenne, qui financent 40 % du programme, sont eux-mêmes floués. Leurs fonds, censés soutenir une cause noble, alimentent un gaspillage éhonté. Avec 5 milliards de FCFA par an, les mairies auraient pu investir dans des camions-bennes, des systèmes de collecte efficaces ou des usines de recyclage. Au lieu de cela, l’argent disparaît dans des poches bien connectées, tandis que les villes restent engluées dans l’insalubrité. « C’est un vol pur et simple », martèle un commerçant de Bambari. « Avec ce budget, on aurait pu transformer Bangui, mais ils préfèrent s’enrichir. »

 

Des mensonges officiels à peine voilés

 

Face aux critiques, les autorités adoptent une posture défensive, alternant entre déni et promesses pathétique. Le ministre de l’Administration du territoire, monsieur Bruno Yapendé,  parle d’un audit prévu pour juillet 2025, d’une extension à dix nouvelles villes en 2026, et d’un « volet insertion professionnelle » avec des partenariats flous. Mais ces annonces sentent la poudre aux yeux. Les officiels reconnaissent à demi-mot des « défis » ou des « tourments de fond », mais persistent à vanter des succès imaginaires. « Kwa Ti Kodro a changé l’image de nos villes », ose un communiqué, alors que les rues de Bangui croulent sous les ordures quelques heures après chaque opération.

 

Ces déclarations sont d’autant plus choquantes qu’elles ignorent la réalité vécue par les citoyens. Les prétendues réductions des inondations ou des épidémies de choléra ne sont étayées par aucune étude indépendante. Les chiffres avancés, comme les 70 % de caniveaux curés, semblent sortis de la petite tête du ministre Thierry Kamach. Et quand bien même un quartier serait nettoyé, l’absence de suivi garantit un retour immédiat du désordre. « Ils viennent, ils ramassent deux sacs, ils prennent des photos pour la presse, et ils partent », ironise Sylvain, un habitant du quartier Fouh. Cette mise en scène médiatique, répétée depuis deux ans, ne trompe plus personne.

 

Une désorganisation chronique

 

Le fiasco de Kwa Ti Kodro est aussi le fruit d’une gestion chaotique. La centralisation excessive, pilotée par le ministère de l’Administration du territoire, marginalise les mairies, qui devraient être au cœur de la lutte contre l’insalubrité. Résultat : les initiatives sont inexistantes, et les opérations nationales s’effondrent sous le poids de la bureaucratie. Le chevauchement avec d’autres programmes d’assainissement crée une confusion totale, avec des équipes qui se marchent dessus sans coordination.

 

Un gâchis qui aurait pu être évité

 

L’idée derrière Kwa Ti Kodro n’était pas mauvaise. Mobiliser les jeunes pour améliorer leur cadre de vie et leur offrir un revenu temporaire aurait pu fonctionner. Mais l’exécution a tout gâché. Avec un budget aussi colossal, les autorités auraient pu équiper correctement les travailleurs, former des équipes permanentes, ou investir dans des infrastructures durables. Au lieu de cela, elles ont laissé le programme devenir une machine à enrichir les proches du pouvoir, au détriment des citoyens et des bailleurs….

 

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