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Magistrature centrafricaine : La nuit des longs couteaux où sept magistrats décapitée Par Touadera

Magistrature centrafricaine : La nuit des longs couteaux où sept magistrats décapitée Par Touadera

 

Le ministre d'État en charge de la justice Arnaud Djoubaye Abazene copyright CNC, illustrant l'article sur Magistrature centrafricaine : La nuit des longs couteaux où sept magistrats décapitée Par Touadera
Le ministre d’État en charge de la justice Arnaud Djoubaye Abazene copyright CNC

 

Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.

La République centrafricaine vit des heures sombres. Par une série de décrets datés du 15 novembre 2024, le pouvoir exécutif vient de porter un coup fatal à l’indépendance de la Magistrature centrafricaine, révoquant brutalement quatre magistrats et sanctionnant trois autres pour de prétendus “manquements aux devoirs de leur état”. Cette purge judiciaire, d’une violence inédite, marque un tournant dans l’histoire de notre pays.

 

Une épuration judiciaire minutieusement instrumentée

 

Les décrets présidentiels n°24.279, 24.280, 24.281 et 24.282 ont frappé comme un couperet dans le monde de la Magistrature centrafricaine. Quatre magistrats chevronnés ,  Fédanga Mokoué Jean-Paul, Badonga Léonel Jospin, Touré Fleury Modeste et Angalaka Zapato Thierry Blaise ,  ont été purement et simplement révoqués de la magistrature. Trois autres magistrats ont subi des sanctions disciplinaires particulièrement sévères : Sire Wanambom a été rétrogradé de deux échelons, passant du 6e au 4e échelon du 2e grade, tandis que Kuzu Claude Gérard-Pacifique et Gonidane Maturin ont été abaissés d’un échelon chacun.

 

Les motifs invoqués, formulés de manière quasi identique dans tous les décrets, relèvent d’une troublante généralité : “Manquement grave aux devoirs de leur état, à l’honneur, à la délicatesse, à la dignité ou à l’obligation de réserve”. Aucun fait précis n’est mentionné, aucune procédure contradictoire n’est évoquée, laissant planer le doute sur la réalité des griefs reprochés à ces magistrats.

Magistrature centrafricaine : La nuit des longs couteaux où sept magistrats décapitée Par Touadera
Les magistrats de la Cour d’appel de Bambari en tenue d’audience, marquant la reprise des activités judiciaires après une décennie d’interruption

 

Une offensive préméditée contre l’indépendance judiciaire

 

Cette purge intervient dans un contexte politique particulièrement tendu. La révision constitutionnelle du 30 août 2023, imposée dans une illégalité absolue et sans véritable débat démocratique, avait déjà considérablement renforcé les pouvoirs présidentiels, notamment sur l’appareil judiciaire. Le pouvoir exécutif, désormais libéré des contre-pouvoirs traditionnels, s’arroge le droit de remodeler la Magistrature centrafricaine  à sa convenance.

 

La chronologie des événements est révélatrice : les sanctions prennent effet rétroactivement au 4 septembre 2024, soit deux mois avant la signature des décrets présidentiels. Cette concordance temporelle trahit une stratégie mûrement réfléchie visant à mettre au pas la Magistrature centrafricaine.

 

Un message d’intimidation à l’ensemble de la Magistrature centrafricaine

 

Ces sanctions d’une sévérité exceptionnelle constituent un avertissement sans équivoque à l’ensemble du corps judiciaire centrafricain. La brutalité de la méthode et l’absence de justification détaillée des sanctions témoignent d’une volonté manifeste d’installer un climat de peur au sein de la Magistrature centrafricaine.

 

Les conséquences sont prévisibles : quel magistrat osera désormais rendre une décision qui pourrait déplaire au pouvoir ? Comment garantir une justice équitable quand les juges doivent travailler sous la menace permanente de sanctions arbitraires ? L’indépendance de la justice, pilier fondamental de l’État de droit, se trouve ainsi réduite à néant.

 

Des conséquences dévastatrices pour l’avenir du pays

 

Cette mainmise sur la Magistrature centrafricaine  fait planer une menace existentielle sur la démocratie centrafricaine. Un pays où les juges ne peuvent plus exercer leur mission en toute indépendance est condamné à sombrer dans l’arbitraire et le chaos institutionnel.

 

Les répercussions dépasseront largement le cadre judiciaire. Sur le plan économique, cette instabilité institutionnelle dissuadera les investisseurs potentiels, déjà échaudés par les crises successives qu’a connues le pays. Les partenaires internationaux, garants de l’aide au développement, ne manqueront pas de s’inquiéter de ce recul démocratique majeur.

 

Plus grave encore, cette dérive autoritaire risque d’ébranler durablement la confiance des citoyens dans leurs institutions. Comment croire encore en la justice quand celle-ci devient un instrument au service du pouvoir exécutif ? Comment maintenir la paix sociale quand les arbitrages judiciaires sont suspectés de partialité ?

 

Un tournant historique aux conséquences imprévisibles

 

L’histoire de la République centrafricaine est jalonnée de crises politiques et institutionnelles. Mais la destruction méthodique de l’indépendance de la justice marque un tournant particulièrement sombre. En s’attaquant ainsi aux fondements mêmes de l’État de droit, le régime ouvre la voie à toutes les dérives.

 

L’heure est plus que grave pour notre République. Cette purge judiciaire n’est pas qu’une simple mesure administrative : elle constitue une attaque frontale contre les principes démocratiques les plus élémentaires. Le silence complice de certaines chancelleries occidentales et l’absence de réaction forte de la communauté internationale ne font qu’encourager ces dérives autoritaires.

 

Seule une prise de conscience collective et une mobilisation générale de toutes les forces vives de la nation pourront encore sauver ce qui reste de notre État de droit. L’Histoire jugera sévèrement ceux qui, aujourd’hui, par leurs actes ou leur silence, participent au démantèlement des fondements de notre République. Le combat pour l’indépendance de la justice et le respect des institutions démocratiques ne fait que commencer.

 

Corbeaunews Centrafrique

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