GAMBOULA : Le receveur des douanes transforme le service en milice familiale
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Une enquête minutieuse menée durant trois semaines par notre équipe d’investigation à Gamboula dévoile un réseau parallèle alarmant au sein du service des douanes. Le receveur, natif de cette ville frontalière, a mis en place un véritable système clanique en recrutant illégalement huit auxiliaires, dont des ex-rebelles au passé criminel avéré.
La prise de contrôle d’un service stratégique par le receveur des douanes
Le receveur des douanes, né et ayant grandi à Gamboula, a profité de son affectation dans sa ville natale pour établir son autorité personnelle, en contradiction directe avec les lois de la République. En violation d’un arrêté interministériel interdisant formellement l’emploi d’auxiliaires dans les services publics, il a procédé au recrutement de huit personnes, principalement issues de son cercle familial.
Un ancien cadre de la douane explique : « L’interdiction des auxiliaires avait été décidée après de multiples exactions. Elle concerne tous les services : eaux et forêts, forces armées, police, gendarmerie et douanes. Gamboula est aujourd’hui le seul poste à défier ouvertement cette règle » .
Des recrutements inquiétants par le receveur des douanes
Parmi ces recrues controversées, deux profils particulièrement dangereux émergent. Hamidou dit Amine, ancien combattant de la CPC et proche parent du receveur, occupe une position privilégiée dans ce système. Notre enquête révèle qu’il a un accès total au domicile du receveur, utilise son véhicule personnel et participe même aux réunions de service.
Plus préoccupant encore, Abdoulaye Dongo, dit Ndjoungba, ancien membre des anti-balaka ayant purgé une peine de trois ans à la prison de Bertoua au Cameroun pour des actes criminels, officie désormais comme auxiliaire en uniforme officiel de la douane.
Un officier de police judiciaire confie : « Ces recrutements représentent une menace sérieuse. Ces individus connaissent parfaitement les réseaux criminels locaux et maintiennent leurs anciens contacts » .
Détournement d’équipements et arsenal personnel
Le receveur a détourné les uniformes officiels destinés aux agents de la douane pour le défilés, envoyés par la direction générale, pour équiper ses auxiliaires illégaux. Plus grave encore, il a constitué un arsenal de guerre personnel impressionnant à son domicile.
Un éléments de forces armées centrafricaines, interrogé par la rédaction du CNC, témoigne : « Le receveur stocke chez lui des armes et des munitions en quantité. C’est Hamidou,cet ex-rebelles, devenu auxiliaire, qui a accès à cet arsenal, profitant de ses allées et venues dans la maison » .
Cette proximité a conduit à un incident majeur : profitant de son accès privilégié, Hamidou a dérobé neuf chargeurs pleins et une arme de service que le receveur lui a donné . Une source sécuritaire explique :
« Ce qui est sur, cette arme, remis par le receveur à Hamidou dans le cadre de son nouveau service d’auxiliaire, et que ce dernier l’a fait disparaitre, va certainement utiliser dans des mauvais coups. Peut être cette arme, avec les chargeurs dérobés par Hamidou, ont été transmis probablement à des groupes criminels. Hamidou perçoit certainement une commission sur chaque braquage réalisé avec cette arme » .
Violence et impunité systématique
Les incidents violents se multiplient. Un auxiliaire ex-rebelle est récemment entré en conflit physique avec un douanier professionnel. La réaction du receveur a démontré son parti pris : l’agent régulier a été suspendu deux mois tandis que l’auxiliaire poursuit ses activités normalement.
Plus alarmant, Abdoulaye Dongo a ouvert récemment le feu avec une arme artisanale sur des forces de l’ordre camerounaises, créant un incident grave rapidement étouffé par le receveur. « Cette affaire aurait dû entraîner son arrestation immédiate, mais le receveur a tout fait pour la dissimuler » , révèle une source diplomatique.
Un système de taxation parallèle instauré par le receveur des douanes
Les auxiliaires ont instauré leur propre système de prélèvements illégaux. Un commerçant local dénonce : « Ils exigent des paiements supplémentaires sans reçu. Refuser expose à des représailles. Même les douaniers officiels n’osent plus intervenir » .
La situation est particulièrement critique avec Hamidou dit Amine. Il dispose d’une liberté totale d’action, participant aux opérations officielles tout en maintenant ses activités criminelles. « Il agit comme un véritable agent de douane le jour, et utilise ces informations pour organiser des trafics la nuit » , révèle un agent sous couvert d’anonymat.
Une délégation de Bangui bernée par le receveur
Une délégation de la direction générale des douanes, en visite de routine à Gamboula dans le cadre des rotations périodiques, a été victime d’une véritable manipulation. Le receveur, pour dissimuler son réseau d’auxiliaires illégaux, a instrumenté une mise en scène minutieuse.
« Le receveur a convoqué tous ses auxiliaires la veille. Il leur a ordonné de rester chez eux jusqu’au départ de la délégation » , confie un gendarme de Gamboula. Cette directive prouve que le receveur est parfaitement conscient de l’illégalité de ses pratiques.
Dès le départ de la délégation pour Bangui, les auxiliaires ont repris leur service comme si de rien n’était. Un policier de Gamboula témoigne : « C’était comme un jeu de cache-cache. Le lendemain du départ des inspecteurs, tous les auxiliaires étaient de retour à leur poste, encore plus arrogants qu’avant » .
Cette capacité à dissimuler son système parallèle aux autorités de tutelle démontre l’ampleur de l’emprise du receveur sur le service des douanes de Gamboula.
Menace pour la sécurité nationale
Cette situation unique à Gamboula inquiète les observateurs. Un ancien responsable centrafricain de la sécurité frontalière avertit : « Avoir d’anciens rebelles qui contrôlent une frontière nationale ouvre la porte à tous les trafics. Les conséquences pour la sécurité nationale sont potentiellement désastreuses » .
Contactée à plusieurs reprises, le service des douanes de Gamboula reste muette face à ces révélations. Cette absence de réaction interroge sur la capacité de l’État à maintenir son autorité dans les zones frontalières.
Notre enquête révèle également que d’autres postes de douane observent avec attention cette situation, certains receveurs envisageant d’adopter des pratiques similaires. Sans intervention rapide des autorités, le risque de voir ce modèle se propager est réel.
Notre rédaction continuera d’enquêter sur ce dossier. De nouvelles révélations sur l’étendue des activités illégales à Gamboula seront publiées dans nos prochaines éditions.
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