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La Communauté des officiers pour la sécurité internationale: une “Mercenaires SARL” en RCA

 

Le Russe Alexandre Ivanov se présente comme le “chef” de la COSI, la Communauté des Officiers pour la Sécurité Internationale. Cette organisation, dont il est  le directeur général (selon le titre employé par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Aleksandr Gruhsko dans un courrier du 10 janvier 2022), est présente en RCA où elle participe à la formation des forces de sécurité locales. A ce titre, on peut considérer que c’est une ESSD (entreprise de service de sécurité et de défense).

Le Russe Alexandre Ivanov
Le Russe Alexandre Ivanov, chef de la COSI

 

Alexandre Ivanov a accepté de répondre par courriel à des questions. Les échanges ont été faits en français. Il ne s’agit pas de confidences mais de réponses fournies par un des responsables des mercenaires russes opérant en RCA (photo ci-dessous d’Alexandre Ivanov et de Maksim Shugaley, sociologue et influenceur russe, prise en mai 2021).

Récemment, l’homme d’affaires russe Evgeny Prigozhin (ou Evgueni Prigojine) a tenu à adresser ses “félicitations, sa fierté et sa gloire aux instructeurs russes” de RCA et surtout “une profonde révérence à M. Ivanov”, selon un article paru le 20 février dans Afrique média. On se rappellera que E. Prigozhin est souvent présenté comme le grand ordonnateur de l’élusif groupe Wagner.

 

 

Quel est le statut de la Communauté des Officiers pour la Sécurité Internationale (COSI) ?

C’est une société à responsabilité limitée (SARL), la Communauté d’officiers pour la sécurité internationale. Cette SARL est immatriculée dans la Fédération de Russie. Elle exerce ses activités conformément à la législation en vigueur de la Fédération de Russie. Conformément à cette législation, lа Communauté des Officiers pour la Sécurité internationale a le droit d’exercer ses activités au niveau international.

 

Dans quels pays la COSI intervient-elle ?

 

La Communauté des Officiers pour la Sécurité Internationale (COSI) ne travaille qu’en RCA.

 

Avez-vous été en contact avec des représentants des gouvernements malien et burkinabé pour leur proposer vos services?

Non, nous n’avons pas contacté les représentants de ces pays. Dans ma déclaration publique du 25 janvier 2022, parlant de la possibilité d’une coopération entre les entreprises russes avec le Burkina Faso (ndlr: voir ici), je n’ai pas parlé de la COSI, mais d’autres entreprises russes qui pourraient entreprendre un projet similaire à celui que nous mettons en œuvre en RCA.

 

Quels sont vos effectifs actuels en RCA?

À l’heure actuelle, il y a 1 135 instructeurs de la Communauté d’officiers en RCA qui effectuent des tâches de formation du personnel de l’armée nationale, ainsi que de la police et de la gendarmerie. La République centrafricaine est depuis longtemps dans une crise sécuritaire prolongée, avec un grand nombre de groupes armés opérant dans le pays et terrorisant la population civile. La réponse à ces défis de sécurité, bien sûr, devait être une forte armée nationale, qui à l’époque n’existait pas en RCA. Ensuite, le gouvernement de la République centrafricaine s’est tourné vers la Fédération de Russie pour obtenir de l’aide et elle l’a reçue. Au cours de nos travaux, nous avons réussi à former un nombre suffisant de personnel pour qu’au moment de l’aggravation de la crise en décembre 2020, les forces de sécurité nationale de la République centrafricaine soient suffisamment formées pour donner une rebuffade consolidée aux groupes criminels et aux ennemis de la population civile. Nous avons montré comment résoudre efficacement les problèmes de formation des forces armées, nous avons aidé les FACA à planifier des opérations, de tactique, à organiser la logistique, etc. Selon les dirigeants de la République centrafricaine, toutes ces tâches ont été exécutées à un niveau élevé. Cela a mené à la victoire sur les criminels et au rétablissement de la paix.

 

En RCA, outre la formation, des personnels de la COSI sont-ils chargés de missions de protection et de sécurité rapprochée?

Les employés de la COSI exercent exclusivement des activités de formation et de conseil, y compris à proximité immédiate des lieux où les FACA exercent leurs opérations. De plus, nos instructeurs aident à organiser la logistique de l’armée nationale et partagent leur expérience dans la conduite d’activités de reconnaissance. Lors de la réalisation d’opérations, nous aidons à les planifier. Il existe d’autres sociétés de sécurité privée en République centrafricaine, où des citoyens étrangers ont été recrutés. Je sais qu’ils traitent de questions de sécurité personnelle, y compris pour les dirigeants du pays.

 

Quel est le statut des sociétés de sécurité russes qui interviennent à l’international ?

Je ne peux pas être responsable du statut de toutes les sociétés de sécurité. Je représente la COSI : nous travaillons à la demande officielle du gouvernement de la République centrafricaine, conformément à la législation de la République centrafricaine et de la Russie, avec l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU. Cependant, je pense que d’autres entreprises russes peuvent offrir leurs services au niveau international de manière assez ouverte et honnête. S’il s’agit de la question de “l’exportation de la sécurité, il y a de nombreux spécialistes russes, dont les connaissances et l’expérience peuvent être utiles aux pays qui souhaitent parvenir à une paix durable sur leur territoire, par exemple, les pays qui luttent maintenant désespérément contre la menace croissante du terrorisme.

 

Parmi ces entreprises, on trouve la société Wagner… ?

Ce n’est pas la première fois que j’entends des journalistes européens parler de Wagner, c’est déjà une sorte de folklore, une légende qui passe de bouche à oreille : Wagner qui marche en Afrique, qui est si fort que tout le monde a peur de lui. Je suis presque constamment en Afrique, mais je n’ai pas vu Wagner. Il y a des spécialistes russes qui viennent officiellement en Afrique, à la demande des autorités compétentes. Ils viennent faire leur travail, partager leur expérience, enseigner, ils travaillent comme pilotes, ingénieurs, certains sont impliqués dans la protection des installations. En plus, des Russes agissent également en tant que casques bleus de l’ONU. A noter que, selon mes informations, les Russes font bien leur travail, tout le monde est content. Mais lorsque des médias peu scrupuleux doivent organiser un bourrage de désinformation, apparaît ce Wagner qui est responsable de tout. Et puis on dit que tous les Russes d’Afrique sont des Wagner.

 

Craignez-vous qu’il y a une confusion entre votre organisation et Wagner, et que cela pourrait vous être préjudiciable?

Oui, c’est un gros problème. Mais il est important pour moi de préciser les choses, et je crois que cette confusion n’est pas accidentelle. C’est le résultat d’un travail délibéré visant à discréditer la Russie. De telles campagnes d’information diffamatoires sont menées par nos adversaires et ennemis du monde sans scrupules. L’étiquette “Wagner”, impliquant que c’est quelque chose de mauvais, est accrochée à tous les Russes qui travaillent avec succès et efficacement à l’étranger. Et puis diverses provocations sont organisées. Quant aux dommages causés par de telles campagnes de désinformation contre les spécialistes russes en Afrique, nous nous efforçons de minimiser ces dommages. Par exemple, je suis ouvert à la communication, j’essaie de donner des commentaires aux différents médias, en disant la vérité sur nos activités. Je pense que cela devrait aider à la fois notre organisation et la sécurité internationale en Afrique et dans d’autres régions. Les personnels de ces sociétés russes sont accusés de crimes, et plus précisément en RCA.

 

Quelles réponses apportez-vous à ces accusations ?

Les critiques dans notre adresse sont infondées. Elles s’appuient sur des sources anonymes, exagérées dans les médias étrangers, dont la tâche principale est de discréditer le succès de la République centrafricaine et notre coopération avec la République. La position de nos accusateurs ne correspond pas à la réalité, bien connue de tous ceux qui connaissent vraiment la situation en RCA. Cela est particulièrement évident pour les habitants de la République. Les Centrafricains viennent aux rassemblements pour nous montrer leur soutien, car ils voient de leurs propres yeux ce que leur armée nationale a réalisé après s’être entraînée avec des instructeurs russes. Quant aux campagnes visant à discréditer notre activité, notre principale arme contre la politique de désinformation est l’honnêteté, la transparence et la publicité. Nous continuerons à mener à bien notre travail en RCA et à défendre publiquement notre honnêteté devant les médias et les tribunaux.

 

Par Ouest-France.fr

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