Deux touristes français en vacances dans le parc national de la Pendjari, dans le nord du Bénin, ont disparu avec leur guide depuis mercredi près de la frontière avec le Burkina Faso, confronté à une dégradation alarmante de la situation sécuritaire sur son sol.
« Deux touristes français partis se balader dans le parc ont disparu mercredi. Personne ne parle d’enlèvement pour l’instant », a déclaré vendredi à l’AFP une source sécuritaire au Bénin, affirmant disposer de « très peu d’informations à ce stade ».
Au sein du ministère des affaires étrangères à Paris, une source a confirmé que « deux touristes français – ainsi que leur guide béninois – qui visitaient le parc de la Pendjari n’ont pas regagné leur hôtel où ils étaient attendus mercredi soir ».
Ils sont « recherchés activement avec le soutien des autorités béninoises », a précisé cette source. « Le Centre de crise et de soutien et notre ambassade sont mobilisés et en lien étroit avec les autorités locales ».
Une source au sein d’African Park, l’ONG en charge de la gestion de la Pendjari, a également confirmé cette disparition inquiétante, affirmant qu’il était « trop tôt pour parler d’enlèvement ».
« Pour nous, ils sont perdus. On les a cherché partout et on continue les recherches », a expliqué cette source.
Le Bénin est considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, une région mouvementée, où opèrent de nombreux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et l’Etat islamique (EI).
Mais le chaos qui règne depuis 2012 au Mali s’est propagé depuis environ trois ans au Burkina Faso, confronté à une multiplication des attaques jihadistes sur son territoire.
La Pendjari, d’une superficie de 4.700 km2, est l’un des trois parcs de l’ensemble WAP (parc du W, Arly et Pendjari) qui s’étend sur le Bénin, le Burkina Faso et le Niger.
Situé à plus de douze heures de route de la capitale économique Cotonou, c’est l’un des derniers sanctuaires de la vie sauvage en Afrique de l’Ouest, prisé par les touristes.
– « Menace réelle » –
Ces derniers mois, plusieurs experts et sources sécuritaires ont mis en garde contre le fait que le nord des pays côtiers de l’Atlantique comme le Togo et le Bénin soient vulnérables face à la stratégie d’expansion et de multiplication des fronts adoptés par les groupes armés.
« Cet acharnement inouï semble indiquer que le Burkina est le dernier verrou que ces groupes veulent casser pour atteindre l’Afrique côtière », affirmait ainsi récemment à l’AFP Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute, basé à Dakar.
Le nord de ces pays pourrait ainsi devenir une « zone de repli » pour les jihadistes retranchés dans des poches forestières et rurales isolées, le long de frontières réputées poreuses, selon M. Sambe.
Le 15 février, l’assassinat au Burkina Faso de quatre douaniers burkinabè et d’un prêtre espagnol qui revenait d’une réunion à Lomé, au Togo, peu après avoir passé la frontière, avait renforcé les craintes.
Le président togolais Faure Gnassingbé a annoncé fin avril le démantèlement de plusieurs cellules terroristes sur son territoire, affirmant que « le contexte sécuritaire régional est marqué par une dégradation notable, sur fond de regain des attaques terroristes ».
Burkina, Ghana, Bénin et Togo ont mené en mai et novembre 2018 une vaste opération de lutte contre la criminalité transfrontalière, conduisant à l’arrestation de plus de 200 individus – dont plusieurs soupçonnés d’activités jihadistes – dans les quatre pays.
« La menace est réelle. Tout le monde est sur le qui-vive », assurait récemment à l’AFP un haut responsable sécuritaire togolais.
« Les forces de sécurités togolaises et béninoises travaillent en étroite collaboration avec les Burkinabés », ajoutait-t-il. « Ces derniers temps, des patrouilles sont régulièrement organisées dans les villages frontaliers, surtout la nuit ».
Il y actuellement une otage française dans le monde, dans cette même région sahélienne: la médecin humanitaire Sophie Pétronin, 73 ans, enlevée à Gao (nord Mali) le 24 décembre 2016 par des hommes armés.
Avec AFP