vendredi, décembre 20, 2024
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RDC : Martin Fayulu, le candidat qui fait peur à Joseph Kabila

Le candidat Martin Fayulu.
Le candidat Martin Fayulu.

 

RDC : Martin Fayulu, le candidat qui fait peur à Joseph Kabila

 

 

 

Alors que l’élection est prévue le dimanche 23 décembre, la Garde

républicaine a violemment dispersé la

foule assemblée à Lubumbashi, venue accueillir le principal opposant au régime.

 

C’est l’étincelle qui peut mettre le feu à l’élection présidentielle du 23 décembre en République démocratique du Congo (RDC). Mardi 11 décembre, la Garde républicaine a tué deux personnes, et en a blessé au moins quinze autres, selon l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj). Elle tentait de disperser la foule venue acclamer Martin Fayulu, candidat de l’opposition, qui venait d’atterrir à Lubumbashi, capitale de la grande province minière du Katanga (Est).

Selon un porte-parole de l’opposant, la garde du président Joseph Kabila a d’abord visé le rassemblement aux gaz lacrymogènes. Son véhicule a ensuite été aspergé d’eau bouillante. Puis les forces de l’ordre ont tiré à balle réelle sur le cortège. Une vidéo postée par le candidat sur Twitter, le montre à couvert dans sa voiture, cherchant à dégager pour se mettre à l’abri. Le lendemain, les violences se sont reproduites à Kalemie, chef-lieu du Tanganyika, et ont fait au moins un mort.

 

Entraves et attaques contre le candidat surprise

 

Son équipe a dénoncé les obstructions à ses déplacements et une « atteinte à l’intégrité physique » du candidat. « Toutes ces entraves (…) [sont] des actes prémédités et bien planifiés par les animateurs de l ‘appareil

rpolitico-administratif de l ’Etat », accuse un communiqué.

 

Désigné le 11 novembre comme candidat commun d’une partie de l’opposition, Martin Fayulu espère déjouer la stratégie de la majorité, qui considère l’élection comme gagnée d’avance. Sous la pression de l’Église et de la société civile, le président sortant, Joseph Kabila, a été obligé d’annoncer le 8 août qu’il ne se représenterait pas, mais il a désigné un « dauphin », Emmanuel Ramazani Shadary, ancien ministre de l’intérieur, visé par des sanctions de l’Union européenne. Une « manœuvre à la Medvedev-Poutine » garantie par le contrôle complet du processus électoral. L’usage de machines à voter, que conteste Martin Fayulu, fait en particulier craindre des fraudes massives.

En maintenant sa candidature, Félix Tchisekedy, fils de l’opposant historique Étienne Tchisekedy a favorisé la division de l’opposition. Cependant, depuis son arrivée à Kinshasa le 20 novembre, Martin Fayulu déplace les foules. « Cela démontre que si l ‘opposition avait réussi à s ‘unifier réellement, le régime aurait été face à une situation intenable », juge Hans Hoebeke, analyste à l’International Crisis Group, en charge de la RDC.

Un « soldat du peuple » en tête de cortège

Si son nom résonne moins que celui de Tchisekedy, Martin Fayulu, 62 ans, n’est pas un bleu de la politique congolaise et jouit d’une réputation d’honnêteté rare. Ancien cadre d’ExxonMobil à l’étranger, il s’est « enrichi à la sueur de son front », selon la formule biblique qu’il aime citer. Dans son costume impeccable, cet homme à l’allure de bonze africain a tout du Monsieur Propre dont certains, en particulier dans l’Église, rêvent à Kinshasa.

Pour ses adversaires, il n’a pas de « base », contrairement à Kabila ou Tchisekedy.

« Pourquoi, si je n’ai pas de base, le peuple congolais m ‘appelle le “soldat du peuple ” ? », leur répond Martin Fayulu, rencontré fin novembre à Kinshasa. « La population a été très heureusement surprise », confirme un diplomate, présent en RDC depuis quinze ans. « C’est assez prometteur pour lui, mais pas suffisant pour qu’il gagne. »

Fayulu a fondé son propre parti, ECiDé (Engagement pour la citoyenneté et le développement), en 2009, mais sa force vient surtout du ralliement de Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, dont les candidatures ont été bloquées. Depuis deux ans, il a mené des cortèges aux côtés des catholiques, pour exiger le départ de Kabila, a même été brièvement arrêté fin novembre 2017. « Fayulu est une exception, il a la confiance de la population parce qu’il a manifesté », confirme la même source diplomatique.

 

Jérémy André (à Kinshasa)

 

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