56,2 % d’accès à l’eau potable en RCA : les chiffres douteux de l’ICASEES, une manipulation grossière face à la crise réelle

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56,2 % d’accès à l’eau potable en RCA : les chiffres douteux de l’ICASEES, une manipulation grossière face à la crise réelle

 

56,2 % d'accès à l'eau potable en RCA : les chiffres douteux de l'ICASEES, une manipulation flagrante face à la crise réelle
Longues files de bidons jaunes à une fontaine d’eau à Bangui, où l’accès à l’eau potable reste un défi quotidien pour de nombreux habitants.

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

Les statistiques officielles sur l’accès à l’eau potable en République centrafricaine contredisent la réalité vécue par les populations centrafricaine dans des quartiers et villages.

 

En République centrafricaine, où des millions de citoyens peinent quotidiennement à trouver de l’eau potable, les récentes déclarations de Blaise Bienvenu Ali, directeur général de l’Institut centrafricain des statistiques et des études économiques et sociales (ICASEES), résonnent comme une provocation. Lors d’une interview accordée à la radio Ndékè Luka, Ali a affirmé avec une assurance déconcertante que 56,2 % des ménages centrafricains ont accès à l’eau potable, selon une enquête de son institution.

Ce chiffre, présenté comme une vérité statistique, se trouve en décalage total avec la réalité du terrain. Les données exhale un parfum de manipulation destiné à masquer l’incurie des autorités et à flatter les partenaires financiers internationaux. Une analyse des faits révèle que ces données constituent, au mieux, une distorsion grossière de la vérité, au pire, une tentative délibérée de tromper l’opinion publique.

Les 56,2 % d’accès à l’eau potable vantés par l’ICASEES peinent à convaincre lorsque l’on observe la situation sur le terrain. À Bangui, la capitale, des habitants du quartier Sao, parmi d’autres, continuent de se rendre à la rivière Oubangui pour collecter une eau souvent trouble et insalubre, faute de robinets fonctionnels ou de forages accessibles.

Dans les zones rurales, la situation se révèle encore plus dramatique. Des villages entiers dépendent de puits vétustes ou de sources contaminées, quand ils ne doivent pas parcourir des kilomètres pour trouver de l’eau. Un reportage de RFI datant de février 2025 rappelle que plus de 70 % des ménages centrafricains vivent dans la pauvreté, en grande partie à cause d’un difficile accès à l’eau potable. Cette réalité contredit frontalement l’optimisme des chiffres de l’ICASEES.

Comment Blaise Bienvenu Ali peut-il prétendre que plus de la moitié des ménages ont accès à l’eau potable quand les témoignages des Centrafricains racontent une tout autre histoire ? L’un des aspects les plus inquiétants de cette déclaration réside dans l’absence totale de transparence sur la méthodologie utilisée par l’ICASEES.

Quelle est la définition de l’« accès à l’eau potable » adoptée ? S’agit-il de puits à proximité, de forages fonctionnels, ou d’une simple estimation basée sur des infrastructures théoriquement disponibles ? L’interview ne précise ni la date de l’enquête ni la taille de l’échantillon, laissant planer un doute sérieux sur la rigueur scientifique des données.

Cette opacité n’est pas nouvelle. En juillet 2022, Blaise Bienvenu Ali avait déjà relativisé un rapport du cabinet Mercer sur le coût de la vie à Bangui, arguant que les données internationales ne reflétaient pas l’indice national de consommation. Cette tendance à manipuler les chiffres pour contrer les critiques externes semble être une constante chez le directeur de l’ICASEES, qui privilégie la défense des intérêts politiques à l’objectivité statistique.

L’ICASEES, financé en partie par des partenaires comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, a tout intérêt à présenter des chiffres flatteurs pour justifier les fonds reçus et soutenir l’image d’un gouvernement en progrès. Les 56,2 % d’accès à l’eau potable apparaissent comme une tentative désespérée de faire croire à une amélioration, alors que les efforts du gouvernement en matière de forages et d’infrastructures hydrauliques restent largement insuffisants.

En milieu rural, où Ali admet lui-même que plus de 6 pauvres sur 10 n’ont pas accès à l’eau potable, la situation est catastrophique. Pourquoi alors insister sur un chiffre global aussi optimiste ? La réponse semble évidente : ces données servent à masquer l’incapacité des autorités à répondre à une crise humanitaire majeure, tout en apaisant les bailleurs de fonds qui exigent des résultats concrets.

Pendant que l’ICASEES jongle avec des chiffres douteux, ce sont les Centrafricains qui paient le prix de cette manipulation. Dans un pays où 70 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté, l’accès à l’eau potable n’est pas seulement une question de confort, mais une question de survie.

Les maladies hydriques, comme la diarrhée et le choléra, continuent de faire des ravages, en particulier chez les enfants, en raison de l’eau insalubre. En prétendant que plus de la moitié des ménages ont accès à l’eau potable, l’ICASEES minimise l’urgence de la situation et détourne l’attention des besoins criants des populations. Les rares forages mentionnés par Ali, souvent réalisés par des partenaires internationaux, sont loin de couvrir les besoins réels, et leur maintenance reste problématique….

 

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