CENTRAFRIQUE : LA BATAILLE DE BANGUI ?
Bangui, le 13 avril 2018.
Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.
AFFRONTEMENTS A L’ARME LOURDE LES POPULATIONS PRIS EN OTAGE SERVENT DE BOUCLIERS HUMAINS AUX TERRORISTES
La bataille de la capitale planifiée depuis longtemps par les ex-Sélékas a t-elle commencé ? Au nez et à la barbe des autorités et des forces internationales. Plusieurs personnes à Bangui signalent que des quartiers sont secoués par les bruits sourds et détonants des armes lourdes et des Kalachnikovs. Les bords d l’Oubangui s’embrasent ils ? En tout cas, la population de la capitale est en proie à une panique. Fuite en masse vers les quartiers encore relativement calme. Des explosions on été entendues à quelques mètres de la résidence privée du chef de l’État Faustin Archange Touadera. Les séditieux voulaient- s’en prendre à sa personne ? Boy-Rabe, le 1er et le 4ème arrondissement, le quartier des 200 villas, sont sous les feux des affrontements entre FACAS MINUSCA et des bandes armées bien organisées et apparemment en nombre. La peur du retour des ex-Sélékas dans la capitale ravive la crainte des violences aveugles. Des étudiants ont quitté leur chambre de la cité Universitaire pour se réfugier dans les quartiers. La conquête du pouvoir par les Sélékas se précise. Nous n’avons jamais cessé ici, de mettre constamment en garde les autorités contre le danger potentiel, que représente l’enclave musulmane du KM5. Diable ! Pourquoi a t-on laissé pourrir la situation dans ce quartier emblématique de la capitale ? Nous avons aussi mis en garde sur la contamination des autres quartiers de la capitale. Le résultat de l’immobilisme du pouvoir est que la bataille de Bangui a peut-être commencé avec sa cohorte de souffrances et d’exils pour la population. Percevant les périls, qui menacent le pays, nous nous sommes interrogés, sur l’engagement à minima des forces onusiennes et internationales. Et le surprenant départ des forces françaises. Si la Minusca s’était engagée, en utilisant le potentiel de ses forces, comme aujourd’hui dans les quartiers de Bangui, nous n’en serions pas là. Le silence et la non réaction du Gouvernement surprend. Autant que l’aphonie des puissances étrangères impliquées dans le conflit centrafricain.
UN PAYS SE MEURT : QUE VA FAIRE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE?
La communauté internationale doit prendre le taureau centrafricain par les cornes. Les ambigüités et les hésitations du passé doivent céder la place à une action militaire forte. Qui aura pour but de désarmer et de déloger les ex-Sélékas des provinces qu’ils occupent. De libérer les populations du joug des envahisseurs et de stopper les menaces de déstabilisation qui visent la capitale. La République Centrafricaine fait partie de l’ONU. Ce serait inconcevable qu’elle sombre dans une indifférence quasi totale. Or depuis le début du chaos centrafricain, certains casques bleus, de confession musulmane, sont fortement soupçonnées d’un comportement ambigu face aux rebelles. Voire même, une certaine complicité confessionnelle avec les ex-Sélékas. On a soupçonné des éléments de la MUNISCA de se livrer, à des trafics d’armes et de matières premières avec les rebelles.
D’OU VIENNENT LES ARMES DES TUEURS DU KM5 ?
Tout comme à N’Délé, où l’ex- bras droit de Djotodia « l’Émir » Nourredine Adam, organise des marchés géants d’armes à ciel ouvert. Les repaires des bandits au KM5, sont de véritables réserves d’armes de guerre. Si non, comment comprendre leur résistance farouche face aux forces de Sécurité et de la MINUSCA? Les armes viennent du Tchad, du Darfour du Niger et du Soudan. Or le KM5 est en majoritairement peuplé de musulmans originaires du Tchad, du Darfour du Niger et du Soudan. C’est une réserve d’armes pour les Sélékas. Une tête de pont, pour s’emparer du pouvoir le moment venu. Quand les Sélékas ont envahis Bangui, en 2013, ils ont brutalisé les Centrafricains qui n’étaient pas de confession musulmane. Par contre ils ont protégé les musulmans qui se sont repliés sur le KM5. En fuyant vers les provinces, chassées par les Antibalakas, ils ont organisé des milices musulmanes d’autodéfense. L’action entreprise par les forces de sécurité intérieure et la MINUSCA doit se poursuivre jusqu’au désarmement totale, et à l’arrestation des meneurs. Ces mercenaires essentiellement d’origine étrangères, en majorité de nationalité tchadienne. Ils sont connus des sévices de sécurité. Ce sont des agents perturbateurs envoyés par Déby Itno. D’après nos informations, ce dernier menace d’intervenir à nouveau en Centrafrique.
LES MANIPULATIONS OCCULTES DES PUISSANCES ETRANGERES
Les masques vont finir par tomber un jour. Les Centrafricains verront alors, le visage hideux de l’impérialisme et du colonialisme. Ils s’apercevront du vaste complot ourdi de l’extérieure, qui attisent les haines. Qui ont pris en otages des dirigeants affaiblis et impuissants face aux rebelles.
En outre, la réalité du pouvoir à Bangui semble échapper au Gouvernement. Le retrait des Sangaris est un désastre. Au moment ou le Centrafrique brûle de partout, la France doit envoyer de nouvelles forces. A moins qu’elle n’ait décidé à changer de personnel politique à Bangui. Souvenez-vous la manière inélégante dont le Président Hollande à usée pour ne pas entendre les appels au secours du Président Bozizé. Les Sélékas ont ainsi investis la Capitale.
La démonstration est faite que la France ancienne puissance coloniale, ne maitrise rien en Centrafrique. Elle donne même l’impression de se désengager de ce pays, avec lequel elle a pourtant signé des accords de défense. Le Président français Emmanuel Macron semble ignorer la tragédie d’une menace de « somalisation » qui risque de surgir dans le pays des Bantous. Les affrontements du KM5, si l’on y prend garde, sonnent peut-être le glas d’un pouvoir sérieusement menacé. Nous apprenons d’autre part que la communauté internationale va obliger Touadera à organiser un forum. Pour un partage du pouvoir, avec ceux qui ont assassiné des milliers de Centrafricains.
La situation se dégrade à l’intérieur du pays. Birao est en proie à une menace d’affrontement entre les éléments de Nourredine Adam et les casques bleus Zambiens. Le pays est entrain de s’embraser. La situation qui prévaut en ce moment ressemble à s’y méprendre, à une catastrophe. Que va faire le Gouvernement ?
JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI avec LOAWE à Bangui (12/04/2018)