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CENTRAFRIQUE-FRANCE : LE DIVORCE ?

CENTRAFRIQUE-FRANCE : LE DIVORCE ?

 

         

 

Le Président centrafricain Faustin Touadera et son homologue français à l’Élysée.

 

 

Bangui, le 13 mars 2018.

Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.

 

Qui l’eût cru ?

Les rues de Bangui bruissent de rumeurs. On entend parler de divorce. La France et la République Centrafricaine vont-elles rompre leurs relations ? La France a-t-elle menacé de couper tout contact diplomatique avec la RCA ?

           Les Centrafricains, martyrisés par des bandes armées adeptes d’un nettoyage religieux radical et d’une partition souhaitée, gémissent dans un désert d’indifférence. Emmanuel Macron semble avoir zappé l’Afrique centrale, et particulièrement la RCA, pour ne porter son attention que sur le Sahel. Au cours de ses déplacements sur le continent, il n’a fait aucune escale dans un pays de l’Afrique Centrale.

 

          Et pourtant, dès l’indépendance, l’Hexagone avait signé des accords de défense avec la République Centrafricaine. Les intérêts de la France ont toujours été immenses dans le pays des Bantous. N’oublions pas, entre autres, que la première Bombe « H » française a été conçue avec l’uranium de Bakouma.

 

          Même souveraine et indépendante, la Centrafrique n’a jamais cessé de subir l’autorité de Paris, qui l’a toujours  biberonnée sans cesser d’exercer des pressions constantes sur sa politique. Certains ambassadeurs français à Bangui n’ont pas hésité à imposer telle ou telle personnalité comme ministre ou même chef du gouvernement. Au Palais de la Renaissance, des conseillers français ont toujours été là pour surveiller des dirigeants centrafricains incompétents et serviles d’aprè-s eux. Quant aux fins de mois de la fonction publique, elles ont souvent été assurées par l’ancienne puissance coloniale.

 

          Les coups d’état se sont succédé avec l’appui militaire de la France.  Le 21 septembre 1979, David Dacko a pris les rênes du pays grâce à l’intervention des forces françaises Barracuda. Jean-Bedel Bokassa, ancien officier français, s’est emparé à son tour du pouvoir par un coup d’état, chassant ainsi David Dacko. Surpris par ce coup de force, le général de Gaulle qui aimait à le surnommer le « soudard », avait fermé les yeux pour protéger ses ressortissants et  ses intérêts  dans ce pré carré français, situé au centre stratégique de l’Afrique.

 

          Autant dire qu’aucune politique n’est menée en Centrafrique sans le contrôle de Paris. Le rappel des faits précédents illustre bien l’étendue des relations franco-centrafricaines. Ce sont, en fait, des rapports de dominé à dominant. 

 

RAIDISSEMENT DES AUTORITÉS FRANÇAISES

 

          L’ouverture de la Centrafrique à la Chine, voulue par David Dacko, lui avait valu d’être évincé du pouvoir avec le concours de la France. Aujourd’hui, la présence des Chinois sur le sol centrafricain et leur activisme forcené a fini par faire douter la France à propos de sa coopération jadis flamboyante avec la Centrafrique

          Les relations des deux pays ont toujours été du genre « Je t’aime moi non plus ». Dans aucun pays de l’Afrique francophone, les opérations militaires extérieures françaises n’ont été si nombreuses. On peut considérer la Centrafrique comme le symbole fort de ce qu’on appelle la Françafrique.

          Mais le départ de la force française Sangaris semble avoir sonné en quelque sorte le glas des relations franco-centrafricaines.

          

TEMPS NOUVEAUX

 

          Aujourd’hui, les choses ont évolué. Le président Touadera vient d’oser demander l’aide à la Russie pour tenter de réduire les bandes armées qui menacent l’intégrité du pays. Que la France n’a pas pu, ou voulue empêcher. Les armes russes et les soldats Sont là. Cantonnés au Palais de l’ex- Empereur à Béréngo. La France n’a pas apprécié.

 

          Les temps ont changé. « L’Afrique de papa » a pris conscience de sa puissance à venir en se débarrassant de sa peur de l’occident et de son esprit de servilité. L’heure de l’indépendance véritable a peut-être sonné. Une nouvelle génération d’Africains va entreprendre le nettoyage des scories de l’esclavage et de la colonisation, qui ont miné et avili le Noir. L’Afrique cessera d’être une simple réserve de matières premières pour le développement industriel de l’occident. Une nouvelle politique de coopération, d’égal à égal, sera instituée, pour que les échanges commerciaux deviennent équilibrés. Le continent sortira alors de ces relations inégales, sources de frustrations et d’instabilité. La France doit renforcer sa participation militaire pour combattre les rebelles et aider les Forces Armées Centrafricaines à garantir l’intégrité du teritoire.

 

NOUVEAUX RAPPORTS ?

 

          La décision prise par Faustin-Archange Touadera,  président d’un pays souverain, de demander l’aide de la Russie, était légitime. Elle ne devrait pas irriter la France.

          Au contraire, elle aurait pu être soutenue par Paris. Vexée que les soldats russes occupent Béréngo, l’ancien domaine de l’Empereur Bokassa, la France, aurait quand même pu renforcer sa puissance de feu face aux rebelles, en vieille amie de la RCA. On a appris  que des altercations ont opposées soldats français et Russes à l’aéroport international Bangui Mpoko.  C’est dommage. Le sang froid doit être la règle.

          Espérons que la mauvaise humeur de la France ne perdurera pas. On imagine difficilement dans l’immédiat une rupture entre les deux pays. De nouveau rapports ne devraient-ils pas au contraire s’établir entre eux ?

 

 

  1. AKOUISSONNE DE KITIKI

 

(13 mars 2018)

 

Monsieur Joseph Akouissonne de Kitiki, l’auteur de l’article.

 

 

 

 

 

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