CENTRAFRIQUE : LE PK5, UNE POUDRIÈRE QUI MENACE LA COHÉSION SOCIALE DU PAYS
Bangui, le 1er mars 2018.
Par : Akouissonne de Kitiki, CNC.
UNE ENCLAVE MUSULMANE DJIHADISTE ?
Nous avons à maintes reprises, ici même, mis en garde les autorités centrafricaines sur les dangers potentiels que représente la guerre des clans au KM5. Il s’agit à l’évidence de mafias, qui se font passer pour des groupes d’autodéfense. De bandes de rufians, qui ont décidé de transformer le quartier emblématique de la capitale en une proie à dépecer. Le KM5, quartier dit musulman, est ainsi devenu l’avant-poste des actions terroristes islamiques. Daech en déroute au Moyen-Orient pourrait bien se replier dans des pays d’Afrique instables et militairement faibles.
Les autorités centrafricaines devraient, en urgence, identifier ceux de leurs concitoyens qui ont rejoint les djihadistes de l’Etat Islamique. Combien, d’ailleurs, sont revenus clandestinement au pays ? Un quartier emblématique de la capitale comme le KM5 est une aubaine pour des terroristes capables de tout pour que l’instabilité perdure en République Centrafricaine.
De fait, c’est toute l’Afrique Centrale qui risque d’être menacée. Il ne faut pas oublier que Nourredine Adam, lors de son exil doré au Bénin avec Michel Djotodia, a noué des liens confessionnels avec Boko-Aram, dont le chef a fait allégeance à l’État Islamique. Les affrontements fratricides et sanglants entre musulmans sont des actes de grand banditisme, qu’il faut éradiquer sans faiblir. Si non, nous verrons surgir, en plein centre de la capitale, des foyers de troubles impossibles à juguler.
PROTÉGER LA MINORITÉ MUSULMANE
Il faut protéger les musulmans centrafricains. Leur redonner le sentiment d’appartenir à la communauté nationale. Il faut les isoler des musulmans étrangers qui pervertissent l’islam. Ces musulmans étrangers venus du Tchad, du Soudan, du Darfour et du Niger. C’est eux qui créent le chaos au PK5. C’est eux qui, arment et dirigent Les malfrats du PK5. Qui terrorisent et rackettent les habitants. Il faut que les habitants du PK5 isolent les malfaiteurs, et exigent leur désarmement du quartier.
On peut d’ailleurs se demander pourquoi le PK5 est devenu un quartier musulman. Ses habitants sont-ils exclusivement musulmans ? Si c’est le cas, on a affaire à un foyer de communautarisme, avec tous les dangers du repli sur soi, alors qu’on est d’abord centrafricain avant d’être musulman catholique ou protestant. Dans l’état de division où se trouve la RCA, en proie à des affrontements violents, il faut tout faire pour éviter les symboles communautaristes. La cohésion sociale du pays, déjà fortement ébranlée, risque de ne pas tenir.
UN DEVOIR POUR L’ÉTAT : DÉSARMER LE PK5
Pour éviter que Bangui ne devienne un repaire de terroristes, il faut impérativement neutraliser les chefs des deux gangs qui terrorisent la population du KM5. Les dispositifs prévus par le ministre de la Sécurité, le général Henri Wanset Linguissara, devraient le permettre, mais il faut qu’ils soient soutenus par tous, musulmans et non-musulmans.
Saluons ici l’engagement du ministre. Il nous semble que c’est la première fois que le gouvernement décide de tout faire pour rétablir l’état de droit dans une portion du territoire prise en otage par des bandes armées, qui rackettent et terrorisent, par l’intermédiaire de deux clans musulmans particulièrement cruels.
Ces actions de sécurisation doivent se multiplier un peu partout en Centrafrique. Il faut que les FACAS et les forces de sécurité, qui interviennent en binôme avec la MINUSCA, manifestent une présence forte face aux rebelles. Malgré le comportement critiquable de certains de leurs éléments, il faut continuer, sans relâche, l’éducation des FACAS, de façon à les aguerrir. La stabilité du pays ne peut être garantie que par la détermination de son armée nationale et citoyenne – ce qui implique de l’expurger de tous ses éléments nocifs, à savoir des mercenaires étrangers pourvus des faux passeports centrafricains délivrés sous la présidence de François Bozizé et du gouvernement de Transition.
TRAQUE DES DÉTENDEURS D’ARMES
En peu de temps, le PK5 est devenu, comme NDélé, un gigantesque marché d’armes à ciel ouvert. Les engins de mort proviennent des pays musulmans limitrophes : Tchad, Soudan, Darfour, décidés à aider leurs frères musulmans de Centrafrique. Ce sont ces armes, convoyées par des mercenaires, qui permettent aux bandits d’imposer au PK5 leur loi, celle du plus fort.
C’est pourquoi l’urgence est de débusquer les caches d’armes, d’arrêter rapidement les deux chefs de gang et de neutraliser leurs réseaux. Les FACAS et les forces de sécurité sont maintenant déployées sur le terrain. Il appartient au gouvernement de fixer à la MINUSCA les contours de sa mission, consistant à mettre sa logistique et ses hélicoptères à la disposition des forces centrafricaines. Il faut aussi, demander à la France de passer à l’offensive avec ses drones, ses hélicoptères et ses VAB (Véhicules Avant Blindés).
La somalisation de la République Centrafricaine est inexorablement en marche. Pour l’empêcher, il faut neutraliser et désarmer les rebelles sur tout le territoire. Il en va de la survie de la République Centrafricaine, affaiblie par de cruelles agressions venues de toutes parts, mais état souverain.
« Grave est la nuit mais l’homme a disposé ses signes fraternels. La lumière vint malgré les poignards » (Jean Picart Le Doux)
- AKOUISSONNE DE KITIKI
(29 février 2018)