CENTRAFRIQUE : LE KM 5 : UNE ENCLAVE MUSULMANE DEVENUE UN ENFER
Bangui, le 25 janvier 2018.
Par : Akouissonne de Kitiki, CNC.
SANGLANTS RÈGLEMENTS DE COMPTES
Sous les yeux des autorités et des forces de sécurité, le quartier emblématique de la capitale est en train de basculer dans un désordre sanglant. Le KM 5 semble être devenu la chasse gardée de voyous prédateurs. Ces bandits de grands chemins, qui ont découpé le quartier en zones d’influences sous prétexte de défendre leur communauté, terrorisent les habitants et défient le pouvoir public.
On ne peut que se poser les mêmes questions : « où sont passées les forces de sécurité ? Que fait la police ? Comment un petit groupe de ruffians arrive-t-il à semer la terreur dans un quartier de la capitale jadis symbole de la vie nocturne à Bangui ? »
Voilà un lieu où les forces de sécurité devraient stationner en permanence afin de prévenir les troubles et de contrôler les identités pour rassurer les habitants. Il faudrait que les chefs de bandes et leurs séides soient arrêtés et mis sous les verrous à Ngaragba.
Le dernier fait divers, sanglant, s’est soldé par un mort à l’arme blanche, 18 personnes blessées et des boutiques incendiées. A l’origine, une somme misérable, 1 000 Fr CFA, pour laquelle deux familles musulmanes se sont affrontées à l’arme blanche. Mais des tirs d’armes automatiques ont aussi ponctué le conflit.
Visiblement, le KM 5 est infiltré par des mercenaires tchadiens à la gâchette facile. Ces voyous sont en train de le transformer en une zone de non-droit, une enclave de terreur contrôlée par des prédateurs qui pratiquent le racket et le chantage. Ils y ont établi leur loi barbare, celle de la jungle. Les commerçants qui refusent de leur confier la sécurité de leurs échoppes voient leurs boutiques incendiées.
UN DÉFI A L’AUTORITÉ DE L’ÉTAT
Pourquoi une si petite superficie ne peut-elle pas être nettoyée ? Pourquoi l’État est-il empêché de rétablir l’ordre républicain dans cette enclave de hors-la-loi ? On ne peut pas laisser un quartier emblématique de la capitale sous la férule d’une bande de voyous ! La sécurité générale du pays commence par la sécurisation des quartiers de Bangui, infestés jusqu’à maintenant de mercenaires étrangers prédateurs. La paix (SIRIRI) et la réconciliation doivent commencer à s’instaurer dans les quartiers de la capitale, qui est présentée comme un îlot de calme dans un pays chaotique. Il est urgent que l’autorité de l’État soit rétablie au KM5 afin d’éviter une contagion. Si on laisse les voyous proliférer et régler leurs comptes à l’armes blanche et aux tirs automatiques, il sera impossible de faire respecter l’ordre et la loi dans la capitale.
Il en va de la crédibilité de l’État en matière de sécurité et de gouvernance.
Il faut saluer la venue du président de la République à Paoua, ville martyre. C’est une manifestation courageuse, destinée à affirmer l’autorité de l’État dans une ville terrorisée par les bandes armées. Aller porter un soutien à la population en souffrance constitue la démonstration au plus haut niveau d’une présence forte de l’État.
Braver l’insécurité pour rassurer les populations, c’est précisément ce qu’il fallait faire depuis le début de la crise. Les membres du gouvernement devraient se rendre sans plus tarder dans les régions occupées par les séditieux, pour manifester, justement, la présence des autorités auprès des populations.
Il faut rompre avec ce sentiment d’absence de l’État. Il faut occuper le terrain face aux bandes armées et ne leur concéder aucun pouce du territoire.
AKOUISSONNE-DE KITIKI
(25 janvier 2018)