Centrafrique : massacre de Paoua, le chef de guerre Armel Sayo pourrait se retrouver devant la cour pénale au côté de Bahar.
Bangui, le 13 janvier 2018.
Par : Gervais Djingatoloum, CNC.
Le dimanche 7 janvier dernier, les chrétiens de l’église protestante d’Élim de Ngouciment dans le 5e arrondissement de Bangui étaient surpris de voir prêcher dans leur église un surprenant Pasteur évangéliste dénommé Armel Sayo, chef rebelle du mouvement révolution et justice basée principalement dans la préfecture de l’Ouham-Péndé au nord de la république centrafricaine. Qui peut-il y croire si tout le monde sait qu’à Paoua en ce moment, ce sont justement les combattants de ladite rébellion qui font encore des massacres dans cette région?
Depuis sa création en 2014 sous les cendres du FDPC d’Abdoulaye Miskine dans lequel le gendarme Armel Sayo faisait partie, le mouvement rebelle révolution et justice, dirigé justement par ce dernier, ne faisait pas parler de lui médiatiquement sur le plan national et international à cause de sa faible capacité militaire à mener une opération au-delà de la préfecture de l’Ouham-Péndé.
Entre temps alliés à l’ex-coalition Séléka de la faction MPC du général autoproclamé Mahamat Al-Khatim, le mouvement RJ du gendarme Sayo était jusqu’au 26 décembre 2017 dernier le supplétif armé du MPC qui est quant à lui lourdement armé. Depuis cette date, l’alliance entre les deux groupes vole en éclat après l’assassinat de l’un des chefs militaires du RJ par les ex-alliésdu MPC, baptisé depuis quelque temps le MNLRC dirigé par Bahar.
Alors que les combattants du mouvement RJ ont été neutralisés en quelques jours par leurs ex-alliés du Mouvement national pour la libération de la république centrafricaine, chose étonnante, les RJ se sont précipités vers Bozoum pour se rallier au groupe anti-balaka afin de tenir le terrain.
Dans ce conflit, le plus choquant c’est le massacre des civils qui n’ont rien à voir dans leur différent. De deux cotés, une centaine des personnes ont été assassinés de sans froid par les rebelles en conflit alors qu’ils vivaient paisiblement dans leur village respectif, ce qui déclenche automatiquement une procédure devant les tribunaux notamment de la Cour pénale spéciale ou de la Cour pénale internationale pour crime de guerre et crime contre l’humanité contre les auteurs de ces actes et leurs complices.
En ce sens, le gendarme de première classe devenu chef rebelle Armel Sayo et l’autoproclamé général Bahar du MNLRC pourraient se retrouver incontestablement devant les tribunaux pour répondre de leurs actes.
Tandis qu’à Bangui, le massacre de Paoua ne semble pas toucher le cœur du pouvoir de Touadera si bienque le gendarme Armel Sayo se promène librement sans se faire de souci quelconque en dépit des morts occasionnés par ses hommes en partie.
Comme le ridicule ne tue pas, Sayo se permet de prêcher dans l’église de Dieu au même moment que ses hommes continuent de tuer à Paoua.
À qui se moque-t-il ? À Dieu ou aux hommes ?
Affaire à suivre…
F.
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