Centrafrique : Nourredine Adam et ses derniers coups de théâtre
Bangui, le 28 décembre 2017.
Par : Fred Krock, CNC.
L’actualité en République centrafricaine vient juste d’être ravie par la menace de coup d’Etat proférée contre le régime de Bangui par le seigneur de guerre, Nourredine Adam. Le chef rebelle du Front populaire pour la renaissance de Centrafrique (FPRC), dans sa dernière intervention à Afp a manifestement prouvé son intention de marcher sur Bangui. Une menace qui n’effraie personne !
Nourredine Adam, c’est encore lui qui fait, négativement, parler de lui depuis 48 heures. Cette fois, c’est une menace de coup de force militaire contre le régime en place qu’il profère sur les ondes des médias internationaux. Intervenue quelques heures après l’annonce de l’armement de Forces armées centrafricaines (FACA) par la Russie, la menace de Nourredine tonne comme le signe fatal d’une fin.
A en croire nos confrères de Cap qui sont revenus sur l’annonce de Nourredine, « le chef du groupe rebelle, le Front populaire pour la Centrafrique (Fprc), une faction seleka nourrit des ambitions présidentielles. Selon lui, si le gouvernement franchit la ligne rouge comme il s’apprête à le faire, Nourredine Adam fait Savoir qu’il n’hésiterait pas à envoyer ses troupes pour renverser le régime de Faustin Archange Touadéra. Comme en 2013, l’ancien chef de renseignement de Michel Djotodia pourrait lancer ses hommes à Bangui. Il n’a pas voulu parler de cette ligne rouge que le gouvernement s’apprête à franchir. Il pense que le président Faustin Archange a non seulement échoué, mais aussi trahi son peuple ».
Faut-il ajouter que pas plus tard que mardi dernier, à Birao, lors d’une rencontre entre une délégation gouvernementale et les groupes armés de la localité, Nourredine s’est opposé au déploiement du préfet de la Vakaga, alors que tous les autres groupes étaient favorables. Une opposition à un moment où les autorités centrafricaines, avec l’appui des partenaires, sont en train de redéployer l’administration dans sa totalité sur l’ensemble du territoire.
En réalité, toutes ces manœuvres de Nourredine révèlent au grand jour, la crainte qu’il ressent face à la montée en puissance de l’Etat. La détermination de Touadera d’asseoir l’autorité de l’Etat sur tout le territoire reste après tout l’élément central des agitations de Nourredine. Evidemment, le Président de la République a pris du temps pour circonscrire les problèmes dont il fait face dès le lendemain de son élection, à travers le temps de dialogue avec les belligérants qui se sont, en majeure partie aujourd’hui, adhérés au grand processus du Désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement des ex-combattants (DDRR). A ce jour, ce temps de grâce semble véritablement épuisé. Et Touadera sort progressivement ses crinières. D’un côté, il y a la mise en place de la Cour pénale spéciale (CPS) pour traquer les pseudos tout-puissants d’hier ; de l’autre il y a l’opérationnalisation des FACA dont deux bataillons formés par la force européenne (EUTM) sont prêts et n’attendent que d’être armés par l’arsenal déjà disponible de la Chine et la Russie sans compter ceux formés dans des pays amis.
Il y a bien de quoi inquiéter Nourredine qui se croyait le plus fort. Le chantage que ce chef de guerre à travers les médias internationaux n’a rien de fondé. D’ailleurs, si Nourredine se targue de dire que la situation actuelle est similaire à celle de 2012 ayant permis à la sinistre coalition séléka de prendre le pouvoir, il se trompe. Le peuple centrafricain qui s’est laissé avoir en 2012, pensant être libéré des affres et délinquance des fils Bozizé, ne cautionnera jamais une telle velléité extrémiste. De même, la communauté internationale qui a beaucoup regretté la prise de pouvoir de la Séléka et qui a eu du tord pour relever le pays, n’est pas prête non plus à un projet de bain de sang en Centrafrique. D’ailleurs, à la dernière nouvelle, apprend-on qu’une troupe du FPRC en mouvement insolite entre Ouadda Djalé et Birao ont été canonnés par un hélicoptère de la Minusca. On attend le bilan.
Du coup, la menace de Nourredine relèverait de l’instinct de survie, et donc des coups de théâtre de la dernière heure. D’ailleurs, la présence d’une délégation gouvernementale à Birao, au début de la semaine, est le premier défi lancé par Touadera, peut-être une mise en garde pour faire croire à Nourredine qu’on ne peut narguer indéfiniment un Etat. C’est également un message à l’endroit des partisans de la partition que le pouvoir de l’Etat s’étend bien jusqu’à Birao au-delà des soubresauts post-conflits qui subsistent.
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