CENTRAFRIQUE : CARNAGE INTERMINABLE, OÙ SONT PASSÉS LES GOUVERNANTS ?
Bangui, le 7 novembre 2017.
Par : Joseph AKOUISSONNE, CNC.
LES REBELLES, MAÎTRES DE L’APOCALYPSE EN RCA
Aucun jour ne se passe désormais sans que l’on apprenne le décompte sinistre des populations massacrées. Aucun jour sans que l’on décèle les signes précurseurs d’une disparition pure et simple de cette nation.
Et ce, dans l’indifférence générale.
Le dernier rapport de l’association HUMAN RIGTHS WATCH est accablant : litanie insupportable de villages rasés par les flammes de la terreur sélékiste, de corps démembrés d’enfants, de vieillards, d’hommes et de femmes suppliciés. On croyait avoir atteint le fond du puits de la souffrance et de l’horreur, avoir atteint des limites.
En réalité, on est en deçà de l’insupportable.
Rien ne semble freiner la barbarie des bandes armées qui agissent en toute impunité, déchaînées dans l’horreur. Il faudrait que chacun puisse prendre connaissance des documents de HUMAN RIGHTS WATCH qui font état d’abus multiples : 249 meurtres de civils dans le centre et le sud-est du pays en un mois – chiffre certainement inférieur au nombre total des civils tués. Les viols sont monnaie courante. Les bandes armées y recourent presque systématiquement.
IMPUISSANCE DU GOUVERNEMENT ET DE LA MINUSCA
L’organisation onusienne a semblé, jusqu’à présent, impuissante à protéger les populations. Il faut espérer qu’après la visite du Secrétaire Général, Antonio Guterres, des directives claires pour arrêter la barbarie des groupes armés auront été prodiguées aux Casques Bleus.
Quant au gouvernement centrafricain, barricadé dans les bureaux climatisés de Bangui, on dirait qu’il est devenu aphone. Ni commentaires, ni semonce à l’endroit des séditieux arrogants qui le défient tous les jours. Ceux qui croyaient que la nomination de quelques chefs de factions sélékistes au gouvernement et à la Présidence de la République allait freiner leur ardeur criminelle et belliqueuse se sont lourdement trompés. Le dialogue légitime prôné par le président Touadera n’a pas eu l’effet escompté : les rebelles n’ont accepté ni désarmement, ni négociations.
C’est HUMAN RIGTHS WATCH qui le suggère : « faire en sorte que les personnes responsables d’abus soient traduites en justice, quels que soient leur grade ou leur poste – c’est crucial si l’on veut mettre fin aux cycles de violences en République Centrafricaine… » La scandaleuse impunité dont bénéficient les bandes armées, leur maladroite nomination dans le gouvernement et à la Présidence de la République sont autant de signes de faiblesse qui vont pousser les factions armées à des surenchères inacceptables.
L’avenir risque d’être compliqué pour un pouvoir et une population pris en otage par des bandes armées, qui feront tout pour échapper aux sanctions de la Cour Pénale Internationale.
DÉNONCIATION DES PAYS QUI PERMETTENT AUX BANDES ARMÉES DE PROSPÉRER
Ceux qui permettent aux ex-Sélékas de se renforcer en armes et de continuer le pillage des mines d’or et de diamant, ainsi que l’occupation de certaines provinces, sont ceux-là mêmes qui siègent au Conseil de Sécurité. Ces hypocrites tiennent un double langage, face aux massacres des populations, perpétrés par les rebelles grâce aux ventes d’armes des pays occidentaux.
En outre, l’ignominieux embargo sur les armes à destination de la RCA rend le pouvoir central exsangue, incapable de remplir ses missions régaliennes : protection de la population et défense de l’intégrité du territoire, contre ces bandes armées, qui narguent et défient le président Touadera, en contestant sa légitimité malgré sa confortable élection à la tête de l’État.
Il faut aussi dénoncer le Tchad et le Soudan qui laissent- ou même favorisent- le passage des armes illégales sur leur territoire à destination de la République Centrafricaine.
Rien ne semble pouvoir arrêter les rebelles dans leur folie meurtrière, stimulés par l’indécente impunité dont ils bénéficient, par la liberté qui leur est laissée d’aller et venir dans le pays dont ils ont supplicié les habitants. Les proches des morts, des disparus et ceux qui ont été blessées par les ex-Sélékas vont devoir désormais côtoyer leurs bourreaux dans les rues, à Bangui comme en province.
La République Centrafricaine est plongée dans un état sanglant qui risque de perdurer. Seule, une volonté commune, celle des Centrafricains, de leurs dirigeants et de la communauté internationale, pourra mettre fin au calvaire de ce pays.
JOSEPH AKOUISSONNE
(7 octobre 2017)