MSF demande accès aux populations de l’Ouham prises au piège des violences
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
4 novembre 2017
Le mercredi 1er novembre, 21 nouveaux blessés par balle ont réussi à atteindre le centre de santé de Kabo pour chercher secours auprès des équipes de Médecins Sans Frontières, suite aux violents combats qui continuent de ravager la zone entre Batangafo, Kambakota et Ouogo quelques 60 kilomètres plus au sud. Il s’agissait d’hommes en armes qui ont pu se déplacer en moto. Rare sont les rescapés civils qui sont arrivés.
« Nous craignons le pire pour les habitants de cette région, qui ne peuvent même pas accéder à des soins d’urgence » explique Luz Linares, responsable MSF à Batangafo. « Nos collègues qui travaillaient d’habitude sur ces axes et avec qui nous sommes en contact, nous dépeignent des villages désertés, brûlés, des cadavres abandonnés, des postes de santé fermés, parfois pillés, des populations terrorisées en brousse… L’insécurité rend extrêmement difficile tout mouvement rentrant ou sortant de Batangafo, ce qui empêchent la population civile de venir chercher des soins à l’hôpital, et nos équipes d’organiser des cliniques mobiles en brousse. Certains ont d’ailleurs pris le parti d’aller jusqu’à Kabo pensant le trajet moins dangereux. »
La situation des populations de l’Ouham, dans le nord de la République Centrafricaine, est extrêmement préoccupante. En effet, l’accroissement des violences et les attaques ciblées contre les ONGs avaient contraint la majorité des acteurs humanitaires à quitter Batangafo début septembre. A l’exception de MSF restée sur place, de l’ONG Mentor qui est récemment revenue, et d’une distribution du Programme Alimentaire Mondiale (PAM) en octobre, la population civile ne reçoit plus aucune aide humanitaire.
« Petit à petit, la violence gagne du terrain, des régions entières sont enclavées et leurs populations prises au piège. Malgré tous nos efforts, nous n’arrivons plus à les atteindre, » continue Luz Linares. « Nous demandons instamment à tous les forces armées présentes dans la région, et tout particulièrement à leurs chefs ou responsables hiérarchiques, de faciliter le passage des personnes civiles, malades ou blessées, qui tentent de rejoindre nos structures et de laisser nos ambulances circuler librement dans ces zones en conflit – ceci afin de préserver un minimum d’assistance médicale et humanitaire. A l’heure actuelle, la majorité de la population de cette zone est abandonnée à son propre sort. »
Depuis le 16 octobre 2017, les équipes MSF ont pris en charge quatre victimes des combats à l’hôpital de Batangafo et 27 dans le centre de santé de Kabo.
MSF est organisation humanitaire qui travaille en République centrafricaine depuis 1997. Ses équipes offrent des soins médicaux d’urgence à ceux qui en ont le plus besoin dans les régions de Bria, Bangassou, Bangui, Kabo, Batangafo, Alindao, Bossangoa, Bambari, Paoua et Carnot. L’organisation est neutre, indépendante et impartiale. Elle ne pourrait travailler en
République centrafricaine sans le respect des structures médicales, du personnel, des patients, ainsi que des ambulances et des systèmes de référence, et ce de la part de toutes les parties au conflit.